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Un livre sur les couleurs de Maurice : Mots kouler de Shakti Callikhan

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Un livre sur les couleurs de Maurice : Mots kouler de Shakti Callikhan

Son lancement était annoncé pour avant le confinement. Finalement il arrive dans un contexte où nos vies ont besoin de couleurs. Un livre curieux pour parler des kouler made dan Moris à travers l’art et des histoires. Dans ses pages il apporte un nouvel éclat au rouz Chinatown, gri sipay, maron ble lamer, roz gato koko, oranz zip sega, et les autres nuances citées. Au fil des pages ; des mots, de la poésie, des collages, des photos, des dessins, des origamis proposés par différents créatifs pour raconter cette histoire imaginée par Shakti Callikhan. Alors que le contexte plonge les humeurs dans mare nwar et rend l’ambiance morose, lancé en nombre limité, Mots kouler vient célébrer ces couleurs qui nous rassemblent.

Il était une fois un serin du cap. Un oiseau d’un jaune qui n’était ni safran ni ladoo qui s’était posé devant la terrasse de Shakti Callikhan un matin où celle-ci regardait au loin. Là-bas, un autre jaune ; celui des alamandas qui bordent la route de Goodlands. Des fler-laprier qui n’étaient ni zonn gato koko, ni zonn vinnday mais qui ont bien une identité à laquelle on ne donne pas de nom. Pas de quoi en faire une jaunisse ou de riss-zonn ; mais l’étincelle qui avait craqué dans l’esprit de Shakti Callikhan devait lentement monter comme une mayonez lakaz et prendre de la consistance d’un custard porté à ébullition. Sous d’autres cieux blues ; vert-de-colère, rouge-de-jalousie, blanc-comme-neige, golden-opportunity, green-light ramènent directement à des images alors que les couleurs se définissent de manières plus pointues.

Galimatchia coloré.

Baigné de lumières et de couleurs, pour ne pas rester dans mare-nwar Maurice se devait d’avoir ses kod kouler. Un truc bien à nous pour que nous puissions nous aussi met en serie et dire les choses à notre manière ; dan lamanier. Voilà comment un zozo zonn a mené vers la création d’un “livre curieux” où les couleurs de Maurice sont solennellement baptisées et dépeintes à travers différentes créations ; peintures, photos, textes, poèmes, origamis, montages, etc. Tout un beau galimatchia réuni dans sur la palette qu’est Mots Kouler. Shirin Gunny, Vincent Montocchio, Laval Ng, François Wiehe, Joëlle Maestracci, Alix le Juge, Anne-Clotilde St Mart, Azim Moollan, Yohann Lim Fat, Tiery Li, Nelly Yiptong, sont parmi les artistes et créateurs qui ont suivi Shakti Callikhan dans cette exploration insolite. A leur manière, par le biais de l’art et de la création, ils illustrent les couleurs citées de manière fort originale. Un focus spécial en mode macro sur ce qui nous entoure, une invitation à plonger : “dans des couleurs qui nous ressemblent et qui nous rassemblent.”

D’où l’intensité et la richesse de Mots Kouler qui sort en nombre limité. Il ne pouvait être autrement, des interventions étant nécessaire dans chacun des exemplaires.

Roz gato koko.

“Toi et moi on ne se connaît pas, mais le marron pin mezon est une chose qui nous parle à tous deux”, précise-t-elle pour illustrer l’idée. Il en est de même pour Nwar roskari, ruz Chinatown, mov tiket bis, gri blok, gri koaltar, gri sipay, maron lisien, ble lamer, roz gato koko, oranz zip sega, etc. Des images et des expressions bien de chez nous qui disent sans le moindre détour ce qu’elles représentent. “Lorsque j’ai commencé à en parler autour de moi, je me suis rendue compte que les gens visualisaient les mêmes choses et que cela pouvait être le point de départ d’une conversation.” Dites ble tifi loret (qui figure effectivement dans le livre) et selon l’audience la conversation prendra une tournure nostalgique ou pran nissa. Mais ce bleu propre à notre paysage est reconnaissable entre tous.

Shakti Callikhan avait pris conscience que nos couleurs n’avaient cependant pas de nom et le petit serein l’avait poussée à mieux les observer dans son quotidien et lors de ses explorations du pays et des Mauriciens pour son projet My Moris monté avec Maya de Salle et qui s’explique ainsi : “My Moris vous fait découvrir l’histoire et la culture mauricienne à travers des activités amusantes et informatives, et vous faire vivre une expérience hors du commun. De la rencontre chaleureuse avec un artisan dans son atelier, en passant par la visite d’une maison créole pour y boire le thé et discuter d’architecture tropicale, manger un gâteau piment et raconter l’histoire de cet incontournable de notre cuisine de rue ou encore apprendre à natter un casier de pêche durant une balade à bicyclette… My Moris c’est notre regard sur l’Ile Maurice, le Moris que l’on aime passionnément et que l’on aimerait vous faire découvrir.” Mots Kouler porte en lui l’ADN de My Moris, nous précise Shakti Callikhan.

Ruz Chinatown, Ruz Mama Kali.

Les couleurs, l’avait-elle compris, constituent une autre de nos richesses qui méritent d’être explorées et exposées afin qu’elles soient mieux appréciées. Il y a du beau, le pense-t-elle, dans le gris des maisons non peintes, dans le vert du bilimbi qui diffère de celui des cato ver. Pour mieux comprendre Shakti Callikhan a eu des discussions d’ordre historique, anthropologique, linguistique avec divers spécialistes.

Parce que dans notre subconscient notre réalité nous a appris a catégoriser les couleurs et à les décoder de manière très précise : “Le rouge a une signification joyeuse dans Chinatown. Ce même rouge devient autre chose sur un autel de la déesse Kali dans un village et une bougie rouge devant la grande croix veut dire quelque chose d’autre. Le blanc est la couleur que porte une mariée catholique et c’est aussi la couleur que porte une veuve hindoue. Les Mauriciens ont tous appris à décoder ces couleurs sans que nous en ayant conscience.”

Zip la li de kouler.

Fam saz, musicologue sont parmi les personnes qui l’ont aidée à placer les couleurs dans les traditions de Maurice où, étrangement, les couleurs, le précise-t-elle ne sont à peine citées dans les séga. On parle bien de “Nwar nwar nwar do mama”, de “Zip la li de kouler”, de “labouzi ruz” de Madame Eugène, entre autres exemples, mais on ne va pas au-delà.

“Le livre n’apporte pas de réponses mais il propose des pistes de réflexion”, explique Shakti Callikhan. “Maurice pour moi n’est pas qu’un décor. J’essaie d’aller en profondeur pour voir ce qu’il a à raconter. On y voit de belles choses, des choses tristes, des choses que l’on comprend, d’autres qu’on ne comprend pas.” Mots Kouler lance une conversation qui, le laisse-t-elle comprendre, ne lui appartient pas.

Info

Mots Kouler peut être commandé sur motskouler@gmail.com et ensuite être récupéré à St Pierre ou ailleurs – après paiement par juice ou virement. Il peut aussi être acheté et livré directement à travers  Price Guru. https://priceguru.mu/pg-43406.html