Un peu plus d’amour que d’ordinaire…

Chansela Perrine, 22 ans, avait tellement d’amour qu’elle n’imaginait probablement jamais que son compagnon, le père de ses enfants, un trentenaire, lui aurait assené plusieurs coups mortels.

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En revenant de l’école où elle était allée chercher son aîné, ce mardi 20 août, même si elle savait que son ex-compagnon était de nature violente et agressive, elle était loin de penser qu’il lui ôterait la vie… Cette jeune Rodriguaise de Citron Donis ne méritait aucunement une telle fin : elle a été poignardée à mort, alors qu’elle tenait dans ses bras son dernier-né, un nourrisson d’un an. Le drame s’est déroulé sous les yeux de ses deux autres enfants, âgés de 5 et 3 ans.

On imagine le traumatisme vécu par ces deux gosses, qui ont été les premiers à courir et chercher des secours pour leur mère… Les premiers également à raconter ce dont ils ont été les malheureux témoins : voir leur propre père ôter la vie à leur mère. Ces deux enfants vont porter, à vie, dans leur chair et leurs têtes, ces images douloureuses et cauchemardesques. Telle une hantise. Quant au petit dernier, qui sait ce que son imaginaire aura capté, malgré tout ? Et comment vivra-t-il ce tourment, une fois qu’il aura grandi et pris connaissance de ce qui s’est passé en ce fatidique mardi 20 août 2019 ? Ce drame ne laisse évidemment personne indifférent, d’ailleurs. Tant la mère de Chansela Perrine, qui tenait sa fille dans ses bras quand celle-ci a poussé son dernier soupir, que les habitants de Citron Donis, les Rodriguais et les Mauriciens.

Jeudi après-midi, 22 août, la découverte du cadavre de Mohinee Devi Mohorun, 61 ans, dans sa maison de Vallée des Prêtres, dans la banlieue de Port-Louis, est venue semer, à nouveau, le désarroi, tant dans ce quartier que dans le pays. Le corps sans vie de cette grand-mère a été retiré de sa maison par les sapeurs pompiers, alertés à l’effet qu’un incendie s’y propageait. Après enquête, il a été trouvé que Mohinee Devi Mahorun portait des coups à l’arme blanche sur le corps. L’agresseur serait un petit-fils de la victime, âgé de 18 ans.

Tant les enfants de Chansela Perrine que sa mère, mais aussi les agresseurs concernés dans ces affaires, sont des victimes. Des êtres qui vivent tous, chacun dans sa réalité, une situation des plus terribles et atroces, aux circonstances et répercussions, pour les uns et les autres, différents et aux incidences multiples. Ce ne sont là que deux faits divers parmi tant d’autres qui frappent notre pays, au jour le jour. Mais un élément commun émerge à chaque fois : le besoin, vital, d’encadrement, de soutien et de prise de charge des survivants.

Des êtres meurtris qui se voient projetés dans une réalité autre que la normale. Qui vivent et évoluent autrement. Des enfants, des hommes et des femmes qui ont besoin d’un peu plus d’amour que d’ordinaire. Parce qu’une partie d’eux leur a été enlevée, brutalement; dans des circonstances dramatiques. L’état fournit-il un soutien et un suivi continu à ces personnes ? Et qu’en est-il des agresseurs ? Après l’étape judiciaire, une fois en prison, seront-ils intégrés dans un programme spécifique, destiné à aller à la source de leurs comportements, pour comprendre et réaliser leurs actes ? Autant d’aspects du développement humain qu’il convient de prendre en considération, certes, mais qui sont le plus souvent occultés.
À un tout autre chapitre, mais qui cause autant de soucis dans nos foyers, en l’occurrence, la drogue, le High Level Drugs & HIV Council s’est rencontré, ce jeudi 22, toujours, sous l’égide du Premier ministre sortant. Il a été notamment annoncé que le tant attendu Master Plan national serait finalement présenté en septembre. Donc, en pleine période électorale. Avec encore une fois cette possibilité que le prochain régime qui prendra les commandes se défasse de tout ce qui a été réalisé sous le précédent gouvernement… Et ainsi, l’on reculera une fois encore de plusieurs années dans les stratégies de lutte et de prévention. Quand on sait les dégâts que causent tant les drogues de synthèse que les drogues classiques (Brown sugar, mais aussi cocaïne, amphétamines, LSD… désormais présents dans l’île), il y a pleinement matière à désespérer ! D’autant que ce présent Master Plan, élaboré avec le soutien de techniciens du United Nations Office on Drugs & Crime (UNODC), était prêt depuis plusieurs mois et qu’il prenait de la poussière au fond des tiroirs.

Husna RAMJANALLY

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