Une Marche des Fiertés et la honte pour un pays

STÉPHANE FANCHETTE

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Choquantes ! Choquantes, ces images vues sur le net à propos de la Marche des Fiertés du samedi 2 juin. Pas ces images de mecs se prenant pour des divas, mannequins, voire sirènes, outrageusement maquillés. Cela n’est qu’un folklore ludique qui, certes, masque la réalité que deux hommes, tout à fait virils, peuvent s’aimer y compris charnellement ou que l’on peut être lesbienne et très féminine sans ressembler à une camionneuse. Laissons là ces clichés, car somme toute la manifestation autorisée du Caudan semblait joyeuse et colorée avec la volonté de défendre les droits de la communauté LGBT.

Non, ce qui m’a choqué, c’est ce qui se passait en face du Caudan. En voyant ces images-là, j’ai eu l’impression non pas de traverser l’autoroute mais plutôt de changer de pays et de siècle. Tous ces hommes (aucune femme en vue), certains barbus, habillés de noir avec leurs pancartes et leur hargne pour ne pas dire leur haine, nous rappellent ces images qu’on voit maintes et maintes fois, avant, pendant et après tous les attentats meurtriers que le monde connaît depuis déjà trop d’années. Sur une pancarte on lisait: « Homo nou pa oule, bizin met prop. » Ah oui et le nettoyage se fera comment? Je ne crois pas que ces fanatiques pensaient aux aérosols ménagers. Je dis fanatiques, mais visiblement islamistes, car ce qui s’est passé devant l’hôtel du gouvernement rappelle que Maurice fait partie du monde et que nous ne sommes pas épargnés des influences néfastes venant d’ailleurs. N’ayons pas peur des mots. Ne soyons pas hypocrites. Ne nous laissons pas intimider par les adversaires de la démocratie et du vivre ensemble, si cher à Shenaz Patel (qui en parle si souvent dans ses articles). Ce qui s’est passé au Caudan est grave car il montre qu’une poignée de fanatiques  »religieux » peut stopper une marche approuvée par le gouvernement. Gouvernement qui ne pipe mot depuis. Ces poussières qu’on met sous le tapis, orienté non pas vers les lumières mais vers l’obscurantisme, cela pourra nous péter un jour à la tête si on n’y met pas bon ordre une fois pour toutes.

Et quelle image à l’international pour Maurice. Mauritius, c’est un plaisir ! C’est sûrement ce qu’ont dû penser la marraine canadienne de la manifestation, le prince indien militant des droits des homosexuels en Inde et l’ex-député français Jean Luc Roméro qui ont fait le déplacement pour cette occasion. Quel souvenir partageront-ils de retour chez eux? Et pour le tourisme? Car n’oublions pas que les homosexuels, hormis le fait de former un groupe avec un pouvoir d’achat certain, aiment voyager dans des destinations tolérantes et festives…

On pouvait samedi être dépité devant la Marche des Fiertés si on est du style conformiste ou ne pas se sentir concerné et passer son chemin. Pas de problème, ils ne vous auraient pas mis la main aux fesses. Mais on ne peut rester silencieux par ce qui s’est passé devant notre hôtel du gouvernement, pour peu que ce symbole veuille encore dire quelque chose. En voyant les policiers tout gentils face aux fanatiques d’une manifestation non autorisée, on pouvait se demander ce qu’ils attendaient pour agir, était-ce la peur? C’est notre unité spéciale qu’il aurait fallu envoyer pour dégager le chemin et que cette Marche des Fiertés, autorisée elle par l’État, puisse avoir lieu car il en va de notre liberté à tous. Des hommes habillés en femme, cela peut faire sourire, mais des hommes habillés de noir aux paroles haineuses se réclamant de source  »divine » de savoir ce qui est bien ou mal pour nous et agissant en toute illégalité est un danger qu’on ne peut taire.

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