UNIFORMES DE PINGOUIN ET CARTABLES A SCANDALES: De quoi parlementer dans la cour de récré

Ces deux dernières semaines, ils ont tout fait pour essayer de bien préparer leur rentrée. Les parlementaires ont couru les boutiques pour se trouver les bons lexiques de compliments, de piques et de paraboles. Ils ont aussi tenté de renouer les liens avec leurs meilleurs ennemis. Uniformes de pingouin repassés, cartables à scandales en main, ils sont, semble-t-il, fin prêts à retrouver les bancs roses orangés de notre assemblée bien aimée après de longues et tumultueuses vacances pas si méritées…
Au programme, cette rentrée, on nous promet de nouvelles matières, de nouveaux sujets dont certains, très attendus. Il y aura évidemment l’Equal Opportunity Act qui essaiera d’apporter une certaine balance sociale. Attendue depuis vingt ans à en croire certains, cette loi ne fera pas pour autant oublier le déséquilibre autour de l’acquisition de Medpoint. Car avec un système à chances égales, il faudrait logiquement ranger le tailor-made au placard et oublier la politique à deux vitesses. Dans les circonstances actuelles la question mérite donc d’être posée : quel changement concret découlera de cette loi ? Amènera-t-elle une société juste et équitable ?
Non. L’Equal Opportunity Act, le jour où elle sera promulguée, apportera certes des mesures nécessaires pour réguler certaines pratiques et offrira une base pour des requêtes et amendements futurs dans la perspective de légitimer la justice sociale. Toutefois, elle ne risque pas de bouleverser les moeurs. Cela ne surprendrait personne de la voir contournée par des éternels fauteurs bien avertis. Car, des mots aux actes, le pas est souvent lourd et les cancres, eux, ne changeront pas de sitôt.
Puisque la performance et les notes de nos élus ne risquent pas non plus de changer, autant parler des points qui devraient faire leur apparition sur nos routes. Le permis à points, autre sujet important évoqué depuis bien des années, devrait être abordé dans un second temps lors de ces quelques semaines de papotage diplomatique. Avec lui, c’est toute une réforme de l’obtention du permis qui devrait se faire si l’on en croit les dires du conseiller spécial du Premier ministre en matière de sécurité routière. Mais pour l’instant, ce fameux permis à points fait surtout très peur parce que méconnu. Les camionneurs et chauffeurs de taxi ont d’ailleurs déjà demandé à ne pas être traités comme les autres automobilistes dans l’éventualité où le permis à points serait introduit. Avec des mécontents avant même le préambule, la polémique est d’ores et déjà assurée !
L’opposition, ragaillardie par ses vacances, promet aussi de titiller le premier de la classe d’un peu plus près. Et cela risque de barder ! Le décès en cellule policière d’Anand Kumar Ramdhany – arrêté dans une affaire de vol dans un campement en la dite présence d’une certaine éminence – fera l’objet de la Prime Minister’s Question Time, dès cette semaine. Le rapport d’autopsie devrait même être remis en question lors des débats. L’offensive annoncée par l’opposition démarrera visiblement sur les chapeaux de roues. Et le bombardement devrait continuer autour de sujets tels les recrutements suspicieux, les promotions, les écoutes téléphoniques et les habituelles péripéties au sein des corps paraétatiques.
Dernier point, et non des moindres, le Budget. On l’avait presque oublié dans les chamailleries de ces trois derniers mois. Avec la rentrée parlementaire, les boursicotages autour de ce que nous prépare notre nouveau Grand argentier iront bon train. La conjoncture économique actuelle ne lui permettra pas de faire dans du grand populaire. Son bon sens pré-électoral le poussera probablement à éviter la continuité totale des deux précédents Budgets. Que nous réserve-t-il alors dans sa besace ? Parviendra-t-il à faire un big event de ce qui est attendu cette année comme un non-event ? La question reste entière alors même que tout l’exercice se précise dans une opacité aussi totale qu’habituelle.
C’est grosso modo le sommaire de cette nouvelle tranche politique après un trimestre de vacances au moins. La réforme électorale devrait, quant à elle, se faire attendre car il faut au préalable remettre les pions sur l’échiquier politique. Aucune alliance (aucun pacte, aucune stratégie) n’est encore consommée pour l’heure. Nous sommes en pleine période des mamours, tout le monde courtise tout le monde ou presque. Et puis, on le sait bien : sur les bancs de l’Assemblée nationale, les relations se raccommodent aussi vite qu’elles se décousent, un peu comme dans une cour de récré.

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