Vente de psychotropes – La Santé serre la vis aux pharmacies

– Nouveaux règlements à partir du 1 er juin : les commandes de “dangerous drugs” des pharmacies auprès des “wholesalers” obligatoirement sur des “requisitions forms” portant le sceau du ministère

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– Vente des produits aux pharmacies limitée à quatre fois par mois, et livraison des commandes uniquement aux pharmaciens enregistrés

– Réunion ce soir au Gymkhana des pharmaciens contestant ces nouvelles mesures de contrôle

– Enquête de la Santé sur des “alleged fraudulent practices” impliquant des pharmacies et des grossistes

Les nouvelles mesures entérinées par ministère de la Santé pour un renforcement du contrôle de la vente de psychotropes aux “retail pharmacies”, et dont les pharmaciens viennent de prendre connaissance, donnent lieu à beaucoup de remous dans certains milieux du secteur. Un groupe de pharmaciens mécontents envisage même une contestation de ces mesures en cour et organise une réunion de mobilisation aujourd’hui à cet effet. Mais d’autres pharmaciens, encore plus nombreux, sont favorables aux nouvelles exigences du ministère. Ils affirment que ces mesures s’alignent sur les dispositions de la Dangerous Drug Act et correspondent aux recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancine juge Paul Lam Shang Leen. A cela, il faut ajouter que les dirigeants de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) ont participé à des discussions sur le nouveau protocole.

Dans une lettre adressée le 30 avril aux “retail and wholesale pharmacies”, le ministère fait état de « received complaints of alleged fraudulent practice in the trade involving Dangerous Drugs Schedule III to retail pharmacies ». Cette correspondance fait part des nouvelles procédures mises en place visant un renforcement du contrôle sur la vente de ces produits et leur demande de se conformer aux nouveaux règlements « during the trading process ». Dans un premier temps, le ministère a annoncé l’introduction de ces mesures à partir du 20 mai, prenant de court les pharmaciens et les propriétaires de pharmacies. Mais les autorités ont repoussé l’entrée en vigueur des nouveaux règlements au 1er juin afin de donner du temps aux responsables de pharmacies de s’organiser administrativement.

Le ministère de la Santé a été mis en présence le mois dernier d’allégations « très graves » portant sur des pratiques frauduleuses concernant les psychotropes, et particulièrement dans les transactions commerciales entre certaines pharmacies du privé et des grossistes. Des enquêtes sont en cours et, selon nos informations, d’importants développements devront intervenir incessamment. Au vu de la gravité des faits rapportés, le ministère a également immédiatement élaboré un nouveau protocole concernant la vente de ces produits par les “wholesalers” en s’appuyant sur l’article 11 de la Dangerous Drugs Act.

« Il n’y a rien d’anormal dans les nouvelles mesures que nous avons prises. Nous n’inventons rien, nous ne faisons que renforcer certaines clauses de la loi. D’ailleurs, la Pharmacy Association of Mauritius a participé aux discussions et a fait des propositions qui ont été retenues en finalisant le nouveau protocole », affirment des sources officielles au ministère.

Une des nouvelles mesures, qui a provoqué le mécontentement de pharmaciens et quelques  propriétaires de pharmacies, a trait à un nombre limité de livraisons de psychotropes par mois aux pharmacies. Il est bon de savoir que, pour l’heure, les pharmacies ont la liberté de passer des commandes à n’importe quel moment. Au départ, le ministère avait recommandé aux grossistes, dans sa correspondance du 30 avril, « to restrict sale of dangerous drugs to not more than twice a month ». Mais après une réunion avec les représentants de la PAM le 8, le ministère a apporté un amendement. « For practical reasons it is agreed that the delivery of dangerous drugs Schedule III to retail pharmacies be made four times in a month instead of two », écrit le ministère dans une autre circulaire aux “wholesale and retail pharmacies”.

Autre exigence du ministère qui irrite des pharmaciens et des propriétaires de pharmacie, pour réceptionner les commandes de ces produits : « Dangerous drugs should be delivered to pharmacists only. » Les pharmaciens doivent accuser réception de ces articles en apposant leur signature sur le duplicata de facture et en inscrivant leurs noms. Cela voudrait dire que la présence en pharmacie d’un pharmacien reconnu par les autorités s’impose sans condition. Or, selon nos informations, la présence d’un pharmacien fait défaut dans un grand nombre de pharmacies privées pendant les heures d’ouverture.

Finies aussi les commandes de psychotropes passées aux fournisseurs sur des feuilles volantes de papier aux écritures et signatures souvent illisibles. À compter du 1er juin, les pharmacies privées devront passer leurs commandes obligatoirement sur des “requisition forms” réglementaires et portant le sceau du ministère de la Santé. L’acheteur doit passer sa commande dans un formulaire de demande officielle, portant un numéro de série, et contenant les informations suivantes : le nom de la pharmacie, le nom et la signature du pharmacien en service et son numéro de téléphone, et le sceau du ministère de la Santé. En outre, les détails d’achat sur ce “requisition form” doit concerner uniquement les “dangerous drugs” « and should not be mixed with other item ».

Pour sa part, le grossiste doit vérifier et valider les bons de commande reçus avant d’accéder aux demandes des pharmacies. Et en cas de doutes sur l’authenticité de ces documents, « il doit immédiatement rapporter le cas aux autorités concernées ». Le fournisseur doit également s’assurer que les médicaments dangereux soient emballés séparément des autres articles.

Les pharmaciens de carrière qui sont d’accord avec la démarche du ministère croient que le nouveau protocole « contribuera à freiner le trafic de psychotropes sur le marché noir », tout en reconnaissant toutefois qu’il y a « encore énormément à faire dans ce combat ». Ils affirment que ce nouveau protocole « tend dans la direction des recommandations figurant dans le rapport de la commission sur la drogue concernant la profession » de pharmacien. « Nous pensons que le nouveau protocole forcera les nouveaux venus dans la profession à maîtriser davantage les provisions de la Dangerous Drug Act. Ces nouveaux règlements vont revaloriser la profession des pharmaciens », dit, sur un ton convaincu, un vieux routier de la profession, et qui adhère aux nouvelles mesures entrant en vigueur dans quelques jours.

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