VIH & SIDA – Nicolas Ritter (PILS) : « Hausse conséquente chez les femmes »

– Brigitte Michel (AILES) : « Craintes que des bébés porteurs du sida naissent d’ici quelques années car leurs mères sont victimes de discriminations dans le circuit des soins »

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Féminisation et rajeunissement. Tels sont les principaux constats des Ong PILS et Ailes en cette veille de l’AIDS Candlelight Memorial, observé ce dimanche 19 mai, à Maurice. Le directeur de PILS, Nicolas Ritter, retient que, selon les projections faites, « une hausse du nombre de nouveaux cas chez les femmes avait été envisagée ». Pour sa part, la responsable d’Ailes, Brigitte Michel, fait état de ses appréhensions quant aux femmes enceintes qui « sont porteuses du virus et qui refusent d’aller vers les centres de soins, et ce en raison d’une forte stigmatisation en circuit hospitalier ». Elle dit craindre « qu’une génération d’enfants, porteurs du Sida, ne naisse si on ne fait rien ».

« Les hausses sont inévitablement substantielles », soutient d’emblée Nicolas Ritter, directeur de PILS. De 269 nouveaux cas de personnes atteintes du VIH, en 2015, à 406, en 2018, le constat est en effet important. « Ce qui interpelle beaucoup plus, c’est le nombre grandissant de femmes concernées », dit-il, avançant que, l’an dernier, 174 femmes et 232 hommes ont été recensés, contre 149 femmes et 235 hommes en 2017.

Nicolas Ritter indique qu’une telle situation était « prévue » selon le spectrum, un outil de prévision pour pouvoir anticiper. Il ajoute, d’autre part, le fait qu’il y ait eu davantage de dépistages réalisés. « Ce serait étrange que les chiffres n’accusent pas une hausse », estime-t-il. Revenant sur la féminisation de l’épidémie, le directeur de PILS relève que « là encore, c’était un élément avec lequel nous devons compter ».

Pour sa part, la directrice de l’Ong Ailes, de Mangalkhan, exprime ses vives inquiétudes : « Le refus du port du préservatif au sein du couple demeure un obstacle majeur. Il y a tout un travail à poursuivre dans cette direction, c’est clair. » Mais ce qui la tracasse davantage, « c’est le nombre croissant de femmes séropositives enceintes et qui refusent d’aller vers le traitement ». Raison invoquée : « Les attitudes discriminantes et la stigmatisation dont elles sont victimes dans le circuit hospitalier. »

Encore une fois, rappelle Brigitte Michel, « le fait qu’elles soient prises à partie, maltraitées verbalement, avec hargne et dédain, fait que ces femmes préfèrent prendre des risques pour leurs bébés ». Elle ajoute : « Ce n’est pas normal. » Ce qui l’amène à évoquer le fait que « si l’on ne s’y prend pas maintenant, à temps, pour aider ces femmes à surmonter ces obstacles et à réduire les stigmas, on devrait s’attendre à voir naître une génération d’enfants porteurs du sida ». Et de préciser que « tous les médecins et membres du personnel médical ne sont pas pointés du doigt ». Elle poursuit : « Malheureusement, nous continuons à avoir des doléances des patientes en ce sens… Ce serait bien qu’il y ait un changement dans le regard. »

Nicolas Ritter évoque également l’avènement, depuis le 1er décembre 2018, du Pre-Exposure Prophylaxis (PREP), qui est « un autre moyen de prévention ». Il explique : « Il n’est pas encore massivement connu mais le gouvernement l’a introduit depuis peu. Cette méthode contribuera certainement dans le combat. » Le travailleur social retient que « nous sommes encore dans les temps ». Il poursuit : « Les conditions sont toujours, heureusement, réunies pour essayer de renverser la vapeur et parvenir à une situation de zéro nouvelle infection. Certes, le chemin est long mais, moyennant la volonté et les outils de travail nécessaires, on peut encore y arriver à Maurice. »

Moka et Mangalkhan se mobilisent

Commémoration en marge des personnes décédées de causes liées au Sida, l’AIDS Candlelight Memorial sera observé au pays sur un plan régional cette année. « PILS et Ailes organisent une série d’activités sous le signe de la femme, qui est au cœur de nos préoccupations cette année », indique Brigitte Michel. De ce fait, des artistes féminins de même que des femmes engagées dans diverses professions, dont la politique, seront présentes, ce dimanche 19 à Mangalkhan, dès 16h. Rendez-vous est donné sur le terrain de volley-ball de la localité, où un village associatif et d’autres activités ponctueront l’après-midi. L’allumage de bougies en hommage à ceux et celles décédés à cause du virus suivra.

Pour leur part, les associations Telfair en marche et Arc-en-Ciel, d’Alma marqueront, de manière commune, l’AIDS Candlelight ce samedi 18 à partir de 17h30 près de l’ancienne station-service de Moka, près du rond-point. Organisée en collaboration avec la Fondation ENL, Moka’Mwad et DRIP, cette commémoration aura comme invité d’honneur Nicolas Ritter, premier Mauricien à avoir admis vivre avec le Sida.

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