Voyager Green —Tessa Buhrmann : «En changeant nos habitudes, nous contribuerons, tous, à un monde meilleur»

Faire du tourisme écoresponsable, établir un itinéraire, inspirer les voyageurs à découvrir hôtels et lodges innovants et eco-friendly… bref, faire rimer voyage avec respect de la planète, c’est ce en quoi consiste le métier de Tessa Buhrmann, journaliste et voyageuse responsable, fondatrice du magazine numérique Responsible Traveller. Présente à l’événement annuel « Like a local » organisé du 28 novembre au 2 décembre 2019 par le groupe Attitude où étaient conviés la presse internationale et 80 tours opérateurs pour découvrir la vie locale, le nouveau Lagoon Attitude et son concept « eco-commitment », la Sud-Africaine nous parle de son métier qui permet d’expérimenter les nouvelles adresses green et de sensibiliser davantage à l’écologie et aux objectifs de développement durable.

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• Fondatrice du magazine en ligne Responsible Traveller, vous êtes journaliste spécialisée dans le voyage responsable. Expliquez-nous cette spécialité journalistique et comment vous l’avez découvert.

— La publication a été lancée en 2008 avant même que les objectifs du développement durable (Sustainable Development Goals) ne soient officialisés en réponse à un besoin d’expériences de voyages fiables fondés sur le bien-être. Une prise de conscience quant à l’importance du tourisme durable commençait, à ce moment, à se développer. Je me suis dit, alors, que je devais m’y impliquer.

En Afrique du Sud où je vis, j’ai eu la chance d’avoir été exposée, dès mon jeune âge, à la protection de l’environnement et à l’écotourisme. Aussi, quand l’opportunité s’est présentée, j’ai suivi ma passion en m’embarquant dans l’entrepreneuriat au service du voyage responsable. « Responsible Traveller », bien que s’inspirant d’autres publications de voyage, a la particularité de rapporter des nouvelles du point de vue environnemental, de la protection de la nature et des communautés locales.

C’est presque intrépide que de rapporter des nouvelles sur le bien dont sont capables de faire des personnes engagées dans l’industrie du voyage. Cela vaut la peine d’inspirer des touristes à « faire la différence » lorsqu’ils voyagent.

• À un moment où la pollution de la planète n’épargne pas les plages jonchées de plastiques ainsi que les récifs coralliens affectés par les activités humaines, en quoi ce type de journalisme peut-il avoir un effet positif sur le tourisme en provoquant un changement dans le comportement des communautés locales ?

— L’industrie du tourisme a une énorme responsabilité. En sus de contribuer énormément au produit intérieur brut (PIB), elle est souvent l’un des plus gros pourvoyeurs d’emplois dans plusieurs pays. Outre de bénéficier aux employés de l’industrie et à leurs familles, l’activité touristique répond aussi aux besoins des voyageurs qui utilisent leurs services.

Mon souhait est qu’en changeant les habitudes, comme limiter l’usage du plastique à usage unique ou utiliser les écrans solaires non chimiques « reef-friendly », et en étant attentifs à l’environnement tout en respectant les traditions et la culture des autres, nous contribuerons, tous, à un monde meilleur. Il faut aussi se dire que ce sont généralement les plus pauvres qui subissent, le plus, les effets du changement climatique.

• Combien de pays et d’hôtels avez-vous visités depuis la création de votre magazine et quelles sont les destinations de choix pour une véritable escapade écologique ?

— La plupart de mes voyages se sont déroulés en Afrique du Sud et dans les îles de l’océan Indien, là où se trouve mon cœur. Au Chobe Game Lodge, au Botswana, il est facile de se rapprocher du Big 5 dans des véhicules électriques d’observation, et dans le sud du Mozambique, à Anvil Bay Chemucane, un lodge de plage dans la zone de conservation de la réserve de Maputo, s’est engagé à développer, à former et à offrir des opportunités d’emplois aux membres de la communauté locale qui n’ont jamais travaillé dans l’industrie hôtelière auparavant. Il y a de nombreux exemples d’écotourisme dans cette région et dans le monde, et avec un peu de recherches, les voyageurs peuvent créer leur itinéraire, celui qui leur offre non seulement des vacances fabuleuses, mais qui fait également la différence.

• Quelle est la partie préférée de votre travail ? Et votre destination de voyage préférée ?

— J’adore l’Afrique, son peuple et la diversité des expériences de voyages qui s’offrent aux voyageurs. C’est toujours un énorme privilège de pouvoir être invité dans le
« back of house » d’un hôtel ou d’un lodge, la partie « not so pretty »
— là où tout se passe — et la partie qui a la possibilité de faire la plus grande différence d’un point de vue environnemental. J’aime écouter les histoires des gens, les entendre raconter comment leur travail dans le tourisme a changé leur vie et l’impact positif que cela a eu sur leurs familles. Et j’aime raconter ces histoires d’une manière qui inspirera les autres voyageurs à faire de bons choix lorsqu’ils voyagent et à faire la différence.

• Quelle est, selon vous, le meilleur moyen de faire du tourisme durable ?

— Idéalement, rares sont les personnes qui visitent un même pays deux fois de suite. Cela n’est pas réaliste, d’autant que de nombreuses destinations éloignées dépendent énormément des revenus du tourisme. Donc, dans cet esprit, je suggère de soutenir les compagnies aériennes qui contribuent positivement à l’environnement et qui compensent votre empreinte carbone (NDLR : unité de mesure qui permet de mesurer l’impact d’une personne ou d’une entité sur le climat) dans la mesure du possible. Je vous donne quelques exemples : quand vous voyagez, et même quand vous être à la maison d’ailleurs, éteignez toujours les lumières lorsque vous sortez d’une pièce. Ne mettez pas le climatiseur en marche lorsque les portes sont ouvertes. Faites attention à votre consommation d’eau. Les habitants des zones rurales souffrent souvent des conséquences de la sécheresse et du gaspillage d’eau et cela n’est pas acceptable. Emportez votre propre sac à provisions réutilisable. Refusez le plastique à usage unique et gardez une paille en acier inoxydable dans votre sac pour un cocktail sur la plage. N’achetez jamais des souvenirs fabriqués à partir d’espèces en voie de disparition ou menacées d’extinction — carapaces de tortue, ivoire, et autres, ou encore des coquillages et des coraux. Même les sculptures sur bois contribuent à la perte de l’habitat. Au marché, ne négociez pas à un prix injuste. Si vous êtes capable de voyager, c’est que, sans doute, vous êtes économiquement plus avantagé que la personne avec qui vous négociez. Le prix réduit pourrait signifier qu’une famille ne mange pas à sa faim.

• Les gestes écologiques commencent, donc, d’abord chez soi.

— Absolument. Les mêmes habitudes devraient s’appliquer, que nous voyagions ou pas.

• Que pensez-vous de l’initiative d’eco-engagement (eco-commitment) du Lagoon Attitude ?

— Je suis pleinement convaincue que lorsqu’une entreprise prend une décision pour être écologiquement et socialement responsable et que cette décision soit mise en pratique avec passion tout au long de la chaîne, elle sera couronnée de succès. Quelques-unes des éco-initiatives qui se sont démarquées pour moi au Lagoon Attitude sont les élégantes bouteilles d’eau rechargeables, l’engagement « pas de plastique à usage unique ».

Les sacs poubelles que l’on voit sont biodégradables et fabriqués à partir d’amidon de mai. La crème solaire non chimique et respectueuse des récifs disponible pour une utilisation à la piscine et le manque de sachets de café et de thé dans les chambres — des pots en verre de café, thé, crémier, etc., sont à la disposition des clients de la boutique. Cela a été une première pour moi. Il s’agit d’une solution si simple contre une pratique inutile.

Après avoir passé ces derniers jours à découvrir la marque Attitude, je dois dire que leur éthique de l’environnement, de la conservation et de la communauté résonne en moi et parle vraiment à mon âme.

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