Warming-Up Électoral : des signes avant-coureurs et des zones de tension

L’échéance du 22 décembre 2019, date à laquelle “the National Assembly shall stand dissolved”, est très éloignée, au cas où le gouvernement Piti/Papa tentera de s’accrocher à l’Hôtel du gouvernement jusqu’au bout. Pourtant, dès maintenant des signes avant-coureurs de la campagne électorale se font voir. Et de manière concrète. L’un des premiers à ce registre se présente sous la forme d’une injection de Rs 350 millions dans le Price Stabilisaton Account de la State Trading Corporation (STC) en vue de maintenir les prix à la pompe de l’essence et du mazout en début de semaine dernière. Aussi anodine que cela puisse paraître est la récente démarche de l’Independent Bradcasting Authority (IBA), qui se réveille d’un long sommeil pour découvrir qu’il y a des permis de chaînes de radio privée à allouer à des opérateurs. Ou encore, la journée internationale des personnes âgées, jeudi, a été l’occasion pour le Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, de brandir sa “baguette magique” avec une nouvelle promesse de rajustement de la pension de vieillesse, élément incontournable de tout pro- gramme électoral.

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En marge, il y a des directives à peine voilées en vue d’accélérer les procédures de recrutement et de promotion dans le secteur public. Mais tout n’est pas si rose, à commencer par la situation prévalant sur le Backbench de la majorité gouvernementale. La promotion du transfuge-girouette Joe Lesjongard au poste de Deputy Speaker de l’Assemblée nationale fait déjà grincer des dents, alors que la bande à Jehangeer /Rughoobur n’a pas encore abattu ses dernières cartes avec la reprise des travaux de l’Assemblée nationale. Et avec le rapport Rotin Bazar de la commission d’enquête sur la drogue, Pravind Jugnauth continue à marcher sur des charbons ardents par rapport au sort de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU).

Pour les observateurs politiques avertis, la décision de maintenir le statu quo pour les prix des produits pétroliers lors de la dernière réunion du Petroleum Pricing Committee de la State Trading Corporation est des plus révélatrices dans la conjoncture. Lakwizinn du Prime Minister’s Office (PMO) a fait l’économie d’une vague de protestations contre toute majora- tion des prix pétroliers au coût de Rs 350 millions. “Au vu de la tendance du cours mondial du pétrole et le prix du baril toujours au-dessus de la barre des $80 en fin de semaine, la STC se doit de se préparer pour d’autres éventuelles injections par centaines de millions pour suivre cette logique de campagne pré-électorale. Au fur et à mesure que se précisera le début de la campagne électorale, il sera extrêmement difficilement, pour ne
pas dire politiquement suicidaire, pour le gouvernement d’ajuster les prix à la pompe au cours mondial”, fait-on comprendre en relevant un oversight politico-financier des Top Chefs de Lakwizinn avec pour seule consolation hypothétique de voir un renversement de tendance sur le marché mondial.

L’autre composante relevant de l’opération Labus Dou est la soudaine décision de l’IBA de dépoussiérer le dossier des permis de chaînes de radio privées fixant au début de novembre la période pour loger des objections contre des demandes de permis consignées. En cas de service express, le Père Noël pourrait allouer les FM Radio Broadcasting Licences avec les membres du board de l’IBA ayant du pain sur la planche pour se prononcer sur les propositions disponibles. 17 dossiers avaient déjà été déposés à cet effet, avec des groupes engagés dans la presse écrite tentés par l’aventure de la presse parlée. L’IBA se prépare à allouer entre une et trois licences pour agrémenter le paysage radiophonique avec une entité bien cotée, selon des insiders, pour quitter le monde du Web pour du fresh air, comme dit l’autre. L’entrée on air de ces stations de radio privée pourrait intervenir juste au moment du lancement de la campagne pour les prochaines élections législatives, comme par coïncidence, à moins que les autorités, cédant à des pressions occultes, ne décident de reporter l’octroi des licences dans la conjoncture. À l’Hôtel du gouvernement, l’on rejette toute arrière-pensée électorale dans le processus initial au niveau de l’IBA en vue d’élargir l’espace audio-visuel au sein de la République, même si Rodrigues et les Îles Éparses ne font pas partie de l’exercice.
Toutefois, l’indicateur électoral le plus sûr se situe au niveau des recrutements et des promotions dans le secteur public et autres corps para-étatiques. Tout ne se passe pas comme sur des roulettes. Les delegated powers de la Public Service Commission (PSC), en vue de procéder à des recrutements sur la base des listes des demandeurs d’emploi établies par le ministère de tutelle, sont de plus en plus contestés en raison des libertés politiques prises par certains par rapport à ces documents officiels. Sans compter les quotas alloués à des membres de l’alliance gouvernementale qui alimentent controverses et dissen- sions entre membres de la même famille politique.

Prise à défaut
Même la PSC a été prise à défaut dans la précipitation de respecter le calendrer des promotions. Techni- quement, des promotions aux postes d’Assistant Procurement and Supply Officer sont long overdue. Pour éviter de se retrouver dans la zone rouge avec les échéances électorales se précisant, des Written Competitive Examinations pour conclure cet exercice de promotion s’imposent dans les meilleurs délais. De ce fait, la PSC a arrêté la date du samedi 20 octobre pour la tenue de ces examens.
La PSC n’a pas pris en considé- ration le calendrier religieux avec la date du 20 au cœur d’un gros malaise. “These candidates belon- ging to the hindu community feel that they are being discriminated against on ground of their religious faith. They
have drawn attention to the fact that the written examination for the post of Assistant Procurement and Supply Officer has been fixed after the the completion of the Navratri Celebra- tions extending from 10 to 19 October 2018”, écrit Rashid Imrith, président de la Government General Services Union dans une lettre de protestation à la PSC, en fin de semaine.

Pour mieux expliciter le Predicament de cette catégorie de fonctionnaires et justifier la demande de renvoi de ce Written Competitive Examination, la GGSU note que “as you must be aware, the Navratri Celebrations consist of every day fasting and prayers throughout its ten days duration. Prayers are held in the evening till late at night. As such, candidates will foremost not have adequate time to prepare for the written examination, and not be in the propitious state of mind to deliver an optimal performance at the written competitive examination after participating for nine continuous late nights prayers.”
L’embarras à l’Hôtel du gouvernement à ce sujet est encore plus préjudicable sur le plan politique car ce n’est pas la première fois que la PSC fait fi de certaines contraintes relevant des pratiques religieuses. Rashid Imrith cite deux précédents survenus en début d’année, dont des examens coïncidant avec le pèlerinage de Maha Shivaratree et du Cavadee. “It is noted with utmost concern that this is the third time, since the installation of the Government in place, the Public Service Commission has scheduled a highly competitive written examination in the context of promotional selection exercise at a time when the Hindu community is fully involved in religious observations requiring very intensive preparations and sacrifices, and it is not possible for candidates of the Hindu faith to give adequate and reasonable concentration in their preparation for such a highly competitive written examination”, souligne-t-il en faisant comprendre que “it is being perceived that it is the wish of the Government in place to discriminate against public officers of the hindu community and the PSC is allowing itself to be used in an attempt to cause prejudice to hindu officers in their career prospects. Justified or not, it is for the PSC to clean its image and reputation.”

Dans des milieux proches de Lakwizinn du PMO, l’on s’accorde à concéder que ce genre de bévues de la part de la PSC génèrent des répercussions négatives pour le pouvoir en place. Dans une lettre adressée au PM sur cette même affaire, Rashid Imrith avance que “the persistently scheduling by the PSC of written competitive examinations in view of selections for promotional appointments in the Civil Service at times, causing prejudice to candidates belonging to the Hindu Community exclusively since the installation of your Government, will tarnish the image of your government, your political party and particularly your own image as the leader of the ruling party.”
D’autre part, l’exercice de promotion au sein de la force policière au cours de la semaine écoulée n’aurait pas donné les effets escomptés. “Il est vrai qu’à chaque exercice de promotion, il y a un niveau de mécontentement, qui peut être compréhensible. Mais en fin de semaine, avec la récente vague de promotions automatiques et de simples constables montant en flèche dans la hiérarchie, les Line Barracks ressemblent à une poudrière prête à exploser tant le niveau de frustration et de mécontentement est élevé. Des policiers engagés dans des core duties de la police, soit au niveau de la lutte contre la criminalité sous toutes ses fomes, ont été oubliés au profit de ceux qui ne font que kasyet lombraz à longueur de journée. C’est une situation inacceptable”, fait-on comprendre aux Casernes centrales en s’en prenant vertement à la gestion du commissaire de police, Karl Mario Nobin.

Sur le plan politique, à 14 mois de la fin du mandat, ce même sentiment de frustration s’étend également dans les rangs de la majorité, en particulier ceux des backbenchers. Les mutations annoncées par le leader du MSM au Sun Trust, hier, avec le nom du transfuge-girouette Joe Lesjongard proposé pour le poste de Deputy Speaker à l’Assemblée nationale, en remplacement du très éphémère Bobby Hurreeram à ce même poste, sont venues alimenter les insatisfactions à peine dissimulées au sein du gouvernement. “Officiellement, Bobby Hurreeram a été reverted au poste de Chief Whip
en vue de lui accorder une plus large part de manœuvre sur le terrain.

Pourquoi cette même logique ne s’applique pas à l’enfant prodigue du MSM, Joe Lesjongard? Nous savons également très bien que d’autres backbenchers, comme le tandem Jehangeer /Rughoobur ou encore le PPS Rampoortab affichent des ambitions ministérielles au moins en cette fin de mandat tout comme l’autre transfuge Zouberr Joomaye”, confie-t-on au Sun Trust après les délibérations d’hier matin.

Même si dans les semaines à venir, le leader du MSM sera appelé à multiplier les sorties politiques ciblées, comme ce fut le cas pour la Journée Internationale des Personnes âgées, jeudi, avec une annonce de révision à la hausse de la pension de vieillesse, un dossier continuera à le hanter. Que faire de l’Anti-Drug and Smuggling Unit avec la recommandation du rapport Lam Shang Leen pour son démantèlement et son remplacement par la National Drug Investigation Commission? L’ancien juge de la Cour suprême bénéficiera d’une nouvelle occasion pour remettre les pendules à l’heure au niveau de l’ADSU avec l’enquête sur le discrepancy de 16 kilos d’héroïne dans les 135 kilos de Navind Kistnah lors de l’opération Lakaz Mama du 9 mars 2017.

L’un des principaux protagonistes, qui sera entendu par Paul Lam Shang Leen dans le cadre de cette enquête, ne devrait être nul autre que le directeur général de l’ADSU, le DCP Choolun Bhojoo, donné comme un des favoris de l’Hôtel du gouverne- ment pour le poste de commissaire de police. Le DCP Bhojoo, qui avait supervisé aux premières loges cette importante opération de saisie de drogue, devra fournir des explications autres que celles des wrappings au sujet de ces 16 kilos manquants. Il se trouvait au QG de l’ADSU quand cette importante quantité de drogue avait été pesée et secured avant d’être placée dans l’Exhibit Room aux Casernes centrales.

L’équation pourrait se compliquer davantage pour l’ADSU avec le PM n’ayant d’autre choix que de toe the line pour l’élimination de l’ADSU dans l’organigramme de la lutte contre la drogue. Paul Lam Shang Leen a été appelé à faire la lumière sur un autre high profile case mettant l’ADSU en difficultés. Il devra aussi enquêter sur les drogues synthétiques volatilisées de Kusraj Lutchigadoo au terme d’un autre rapport du Forensic Science Laboratory.

Et cela, sans compter que le leader du MSM doit gérer un autre dossier délicat, capable de remonter à la surface à n’importe quel moment. Son adversaire politique direct, Navin Ramgoolam, détient entre ses mains les détails de l’affidavit de l’ancien directeur du Mauritius Examinations Syndicate, Lucien Finette, mettant directement en cause l’entourage de l’ancien Chairman de la Gambling Regulatory Authority, Raouf Gulbul, dans une sinistre affaire d’admission dans des collèges d’État. Ce document légal dans le domaine public aura l’effet d’une bombe politique.

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