WESTMINISTER FINANCIAL LTD—« PONZI SCHEME »: La FSC sous l’ancien régime pointée du doigt

On leur avait promis des retours mensuels « largement supérieurs au “banking rate” ». Et, sollicitée par nombre des 80 personnes ayant investi au total Rs 144 M, la Financial Services Commission (FSC) aurait assuré que la Westminister Financial Ltd (WFL), à qui elle a délivré un permis, était une société sûre. Plus d’un an après leur investissement, les clients de cette société se disent « victimes d’un “Ponzi Scheme” » et pointent du doigt la FSC sous l’ancien régime. « Sur quels critères cette compagnie a-t-elle reçu un permis de la FSC ? » interrogent-ils. Avant de demander au gouvernement, et au ministre de la Bonne gouvernance en particulier, de se pencher sur ce qu’ils qualifient de « énième scandale financier ».
Rezistans ek Alternativ a tenu une conférence de presse hier à Port-Louis en présence des clients de la WFL. Cette société, relève Ashish Shibloll, représentant des clients, était basée à Médine Mews et avait pour directeurs Feroz Dahoo (CEO), Subodh Caussy et Miheer Nunkoo. « La WFL s’est présentée comme une compagnie investissant dans les produits de denrées alimentaires, le pétrole, etc. Son rôle consistait à lever des fonds à Maurice et à investir à travers une branche à Singapour qui avait affaire à diverses plateformes internationales », a-t-il indiqué. Les avantages vantés aux clients : 1 à 2 % au-dessus du “banking rate” avec des retours mensuels. « Sur les 30% des revenus, 15% allaient aux directeurs, 10% aux clients et 5% à la compagnie. »
C’est en janvier 2013, selon Ashish Shibloll, que la société a commencé à opérer à Medine Mews, Port-Louis. Ensuite, en mai 2013, la CCID serait descendue au siège de la société car son permis n’était alors pas en bonne et due forme. Mais la société devait par la suite décrocher son permis de la FSC.
Toutefois, à partir de mai 2014, « la compagnie s’est trouvée dans l’incapacité de payer les salaires des employés et les dividendes aux clients », a expliqué Ashish Shibloll. « Les directeurs ont fait voir que l’argent a été bloqué à l’étranger et qu’ils paieraient tout le monde en décembre 2014. Mais les portes de la compagnie sont depuis fermées sans que l’on puisse retrouver les directeurs. » Les clients se disent « surpris quand, par la suite, la FSC leur a fait voir que les investissements de la société n’étaient pas sûrs ». Selon le représentant des clients, un des directeurs a déjà quitté le pays mais les deux autres font l’objet d’un “objection to departure”.
Si la FSC, l’ICAC, la FIU, le CCID et la MRA sont au courant de cette affaire et que des enquêtes ont déjà été initiées, les clients se demandent « si le CCID a les compétences techniques voulues pour enquêter sur les crimes financiers ». Car à ce jour, ils n’ont pu y voir plus clair, disent-ils.
Autre « faille » de la FSC, selon Rezistans ek Alternativ et les clients, « l’instance aurait dû, même après avoir délivré le permis, faire le suivi sur une base régulière et s’assurer que le bilan de la compagnie soit en bonne et due forme ». Ils dénoncent le fait que « trois individus soient partis avec Rs 144 M et se promènent librement ». Pour Ashish Shibloll, « notre système financier est caduc ». Il indique que beaucoup de clients se sont dans le passé déplacés auprès de la FSC pour demander l’avis de cette instance régulatrice au sujet de la WFL. Celle-ci les aurait assurés de la sûreté de la compagnie.
Pour Kugan Parapen, de Rezistans ek Alternativ, « quand la FSC délivre un permis, dans la tête des gens, c’est une garantie de sûreté ». Il ajoute : « Cette instance a le devoir d’informer la population sur la situation financière d’une compagnie. Maurice ambitionne de devenir le Singapour de l’Afrique dans le secteur financier mais la crédibilité est un facteur important pour y arriver. Lorsque l’institution régulatrice a failli, son implication sur le pays dans cinq à dix ans est énorme. » Il s’est dit « choqué du “Business Plan” sans substance présenté à la FSC avant d’avoir un permis ».
Les clients font un plaidoyer auprès du gouvernement, en particulier auprès du ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, qui est déjà au courant de ce cas, « de montrer un intérêt pour ce problème car ces personnes sont des victimes ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -