Merci 2020 !

Adieu 2020 ! De mémoire d’humain, tu auras été une des pires années que nous ayons vécues. Il faut dire que tu nous as bien eus avec ton satané virus. Tu as réussi ton coup ! En tuant nos proches, en poussant nos dirigeants à confiner nos pays, à fermer leurs frontières. En tuant nos entreprises, aussi, et avec elles les travailleurs qu’elles employaient, aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale. Bref, en ébranlant la confiance absolue que l’on avait placée dans ce système que nous connaissons depuis toujours. D’où la question : Pourquoi ? As-tu voulu nous punir ? Ou plus simplement nous prévenir ? Dans ce cas, pourquoi ne pas nous l’avoir simplement dit ? Ce virus de la pire espèce était-il obligatoire ? Et quid du Wakashio, que tu as jeté sur nos récifs, ici, à Maurice ? Franchement, c’est la goutte d’huile qui a fait déborder le réservoir !
En fait, pour être honnête, et en prenant tout le recul nécessaire par rapport à ce climat délétère qui prévaut en ce début d’année – et qui aurait dû être, comme chaque année, propice à tous les espoirs déçus de l’année qui précède –, peut-être que je commence à te comprendre. Du moins suis-je aujourd’hui d’avis de t’attribuer de bonnes intentions, quand bien même le message que tu nous auras envoyé était des plus durs et des plus cruels (car il ne faut quand même pas oublier que l’on s’approche des deux millions de morts). Ce message, selon moi, mais aussi de l’avis d’un nombre sans cesse croissant de personnes, experts compris, c’est évidemment que notre société est à bout de souffle. Que notre système économique, fondé sur l’idée d’une croissance perpétuelle, n’est en fait en rien résilient, car pouvant s’effondrer au moindre choc. À ce titre, ne devrions-nous pas remercier 2020 de nous avoir (un peu) ouvert les yeux ?
Cependant, un constat s’impose : vous, moi, autrement dit simples gens du peuple – et n’ayant d’autre prétention que de survivre dans un système qui nous aura été imposé –, sommes tout aussi grandement responsables de la situation que le sont ceux qui l’auront façonné et entretenu pendant les décennies précédentes. Savoir notre machine économique grippée nous fait mal, bien sûr, car nous n’avons jamais connu qu’elle. Et parce que sans elle, nous pensons ne pouvoir subvenir à nos besoins. Sauf que, ce faisant, nous oublions l’essentiel, à savoir que nous ne sommes aucunement les enfants du système, mais plutôt ceux de la nature. Et que si l’un comme l’autre peuvent nous nourrir, le premier nommé, lui, ne pourra le faire indéfiniment dans la conjoncture.
Et puis quid de nos véritables besoins justement ? Sont-ils à ce point si nombreux ? Ces smartphones (et la 5G qui les accompagne désormais), ordinateurs et autres gadgets électroniques que nous nous sommes récemment offerts sont-ils réellement indispensables à notre bonheur, ou n’est-ce là encore qu’un mirage sous le soleil de notre société marchandivore ? À force de céder aux sirènes de la tentation, nous enrichissons certes le système, mais aussi, dans le même temps, appauvrissons notre mère nourricière, cette Terre qui nous a tout donnés mais qui, sans aucun scrupule, pourrait dans le même temps tout aussi bien tout nous reprendre. Y compris nos vies ! Ce qu’elle ne s’empêchera pas de faire si nous ne changeons pas dès maintenant notre fusil d’épaule.
La bonne nouvelle, c’est que nous en sommes capables. Après tout, à chaque changement d’année, nous prenons tous de « bonnes » résolutions. Certes, le plus souvent, il s’agit de futilités, de promesses que nous savons plus ou moins faciles à tenir. Alors si, pour une fois, nous nous engagions dans des actions certes plus difficiles à tenir, mais aussi plus concrètes, en accord avec les défis qui nous attendent ? Ne serait-ce pas là l’occasion d’amorcer un retour aux sources, de nous désengager de ce système pernicieux à la base de tant de problèmes, virus compris ? Et puisqu’il est question de virus, pourquoi ne pas profiter des vaccins, que le « génie » humain promet de distribuer équitablement aux quatre coins de la planète, pour rebâtir une société moins gourmande en ressources, et qui nous permettrait enfin de marcher dans les clous climatiques ? Un vœu pieux, sûrement. Pour autant, est-ce une raison pour ne pas y croire ? Après tout, l’utopie n’est pas un rêve; c’est le moteur de l’action. Et même si nous échouons, nous pourrons au moins nous dire que nous avons essayé !

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Michel Jourdan

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