PATRIMOINE NATIONAL: Du bois neuf pour l’Hôtel du gouvernement

Partiellement caché par des barrages en tôle depuis bientôt deux ans, l’Hôtel du gouvernement, entièrement rénové, sera bientôt visible. Il retrouvera sa place dominante à la Place d’Armes avec l’achèvement des travaux de rénovation.
Charpentiers, électriciens, peintres, tailleurs de pierres et autres artisans s’activent à mettre la dernière main aux travaux. « Nous avons terminé toute la structure extérieure et nous travaillons sur la finition en ce moment », affirme le resident project manager, Dharam Bunjun, lors d’une visite récente du Mauricien sur le chantier.
Au four et au moulin, cet architecte assure une liaison permanente avec tous les corps de métiers à l’oeuvre sur le chantier. Il est en quelque sorte l’homme orchestre. Il est appelé sans arrêt à guider l’électricien dans l’installation d’un chandelier, répondre aux interrogations du peintre, demander le remplacement d’un tuyau endommagé lors des travaux de maçonnerie. Si la majorité des travailleurs opérant sur le chantier de l’Hôtel du gouvernement sont des Mauriciens, on y croise aussi un Anglais qui gère les contrats pour la compagnie Ireko, « contracteur » des travaux de construction, ou un Américain, spécialisé dans la rénovation des travaux anciens. Les deux confient au Mauricien leur joie de participer à la rénovation du bâtiment qui a marqué l’histoire du pays aussi bien sous la colonisation française que britannique.
C’est le gouverneur français Nicolas Maupin, qui entre 1729 et 1735, a pris l’initiative de commencer la construction de ce bâtiment. Mahé de Labourdonnais décida de l’agrandir en 1735 et construisant le premier étage. Il revint au gouverneur anglais Robert Townsend Farquhar (1857-1863) de compléter le bâtiment pour lui donner sa forme actuelle. C’est la première fois depuis cette époque que l’Hôtel du gouvernement fait l’objet de travaux de rénovation de cette envergure.
Sur une superficie de 800m2 — 2 400 m2 au total — les travaux de rénovation de l’Hôtel du gouvernement ont démarré en avril 2010. Au départ, le projet devait comprendre uniquement la rénovation et le remplacement de quelques planches qui étaient en état de décrépitude. Il devait toucher quelque 35 % de l’ensemble de l’édifice, explique Dharam Bunjun. « On s’est rendu compte très vite de la nécessité de remplacer toute la structure en bois qui s’est avéré être dans un très mauvais état. Aujourd’hui on peut affirmer que tous les bois du bâtiment — notamment du teck et du balau — ont été remplacés en respectant scrupuleusement les détails de l’architecture de l’ancien bâtiment. Seules les colonnades en pierres sont d’origine », précise-t-il. Même les marches en pierres donnant directement sur la varangue en face de la porte d’entrée du salon ont été remplacées. « Les pierres étaient en très mauvais état. Elles étaient toutes trouées », poursuit M. Bunjun.
Accroupis sur les marches, sous un soleil accablant, deux ouvriers apportent une finition aux marches en coulant du ciment sur la partie supérieure des jointures horizontales qui les composent. Du côté des colonnades et des soubassements en pierre, Alain d’Albred, un marteau à la main, percute la surface. « C’est pour enlever la peinture qui la tâche », soutient notre interlocuteur qui s’adonne minutieusement à ce travail. Âgé de 61 ans, il s’est reconverti à sa retraite pour devenir aide maçon. Son affectation à l’Hôtel du gouvernement est le premier projet auquel il s’est joint en tant que tel. « Zame mo pa ti krwar mo pou travay dan enn plas koum sa. Pa fasil pou resi rentre isi sinon », affirme-t-il avec une certaine fierté. Comme lui, ils sont une quarantaine de personnes à travailler sur le chantier par jour en même temps, avec la même fierté ; la plupart, des charpentiers puisque toute la structure est en bois. « Cela me fait plaisir de travailler sur un tel chantier », renchérit Frédéric André qu’on a rencontré au grenier. Une perceuse à la main, il fait un trou dans le sol qui servirait à accrocher un abat-jour au plafond de l’étage inférieur. Frédéric André est âgé de 38 ans. Cet habitant de Quatre-Bornes est dans le métier depuis 23 ans, à la suite d’une formation qu’il a suivie à l’école technique du Saint Sauveur de Bambous. L’Hôtel du gouvernement n’est pas le premier chantier de cette envergure sur lequel il a travaillé.
Dans les différentes pièces qui serviront par la suite de bureaux, de bibliothèques ou de salle de réunion pour les comités parlementaires, tous s’activent à compléter les travaux. Certains peignent les cloisons pendant que d’autres rabotent des portes ou autres pièces en bois avant de les mettre en place. La salle du trône a été entièrement rénovée. Le speaker disposera de nouveaux bureaux au premier étage. Les bureaux du clerc de l’assemblée ainsi que des membres du personnel de l’Assemblée nationale sont pratiquement prêts.
Si l’édifice garde son cachet d’origine à quasiment tous les niveaux, les détecteurs de fumée et d’incendie, les extincteurs et la climatisation ont été modernisés et ont été aménagés dans le grenier, souligne M. Bunjun.
Malgré la chaleur et le bruit infernal des perceuses électriques et autres machines, l’ambiance semble être à la bonne humeur sur le chantier. Les travaux devraient s’achever définitivement à la fin du mois ou au début de mars.
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Retard dans la livraison
Le retard enregistré dans la rénovation de l’hôtel du gouvernement a suscité beaucoup de commentaire l’année dernière. Le contrat a été alloué à la compagnie Ireko pour le montant de Rs 327 M. Le contrat prévoyait une durée maximale de 14 mois soit 413 jours pour compléter les travaux. Cependant en raison d’un retard dans la fourniture des matériaux, notamment des bardeaux, les travaux qui ont débuté n’ont pu être complétés à temps. Ce qui fait que les contracteurs seront appelés à payer plusieurs millions de roupies de dommages moyennant Rs 50 000 par jour.

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