CTPOWER : Mon ministère recommandera au gouvernement d’abandonner le projet, a déclaré Collendavelloo

L »exercice de PNQ du leader de l’opposition a été dominé aujourd’hui par l’annonce du VPM et ministre de l’Énergie et des Utilités publiques Ivan Collendavelloo de l’intention de son ministère de recommander au cabinet que le gouvernement abandonne le projet de centrale à charbon CTPower. « Insofar as my ministry is concerned, it intends to recommend to Cabinet that the government does not go ahead with the project », a déclaré Ivan Collendavelloo. Cette réponse a eu pour conséquence que l’exercice de PNQ de ce matin s’est déroulé dans une ambiance consensuelle. Le leader de l’opposition, sourire aux lèvres, n’a pas caché sa joie d’entendre l’annonce du ministre de l’Énergie. Il lui a toutefois demandé d’insister auprès du Premier ministre pour que cette décision figure le plus vite possible à l’agenda des travaux du cabinet, ce que le ministre a promis de faire. Il a aussi insisté pour le ministère de l’Énergie et celui de la Bonne gouvernance (qualifié de “double barrel collimateur”) aillent de l’avant avec une enquête sur les allégations de corruption et de trafic d’influence autour du projet de CTPower. Rajesh Bhagwan a pour sa part souligné que la nouvelle sera bien accueillie par les habitants d’Albion et a demandé que le ministre de l’Énergie prenne en considération les « bons projets énergétiques » que l’ancien gouvernement « avait choisi d’ignorer ».
Le ministre a répondu qu’il demandera à ceux ayant déjà soumis des projets de les soumettre à nouveau. Il a aussi précisé que le CEB devra générer une capacité additionnelle de 50 MW d’électricité en 2017 et 2018. Il a par ailleurs annoncé avoir rencontré Joël De Rosnay, qui s’est dit « déçu » d’avoir été « marginalisé » par l’ancien gouvernement et a promis d’apporter son expertise. La séance parlementaire d’aujourd’hui a aussi été marquée par la présence de Joe Lesjongard, de Raffick Soreefan et de Jean-Claude Barbier comme backbenchers indépendants. Les deux premiers nommés ont en effet soumis leur démission du MMM ce matin alors que Jean-Claude Barbier, lui, avait décidé de siéger comme indépendant depuis la semaine dernière.  On a noté le retour de l’Attorney General, Ravi Yerrigaddo et du ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain.
Dans sa PNQ, le leader de l’opposition, Paul Bérenger, avait demandé au VPM et ministre de l’Énergie et des Utilités publiques de dire si le gouvernement comptait aller de l’avant avec le projet CT Power et, si c’est le cas, de donner une estimation des coûts révisés et du prix de l’électricité, ainsi que de donner la date à laquelle le ministère des Finances a donné son aval au projet. De plus, il a demandé au ministre d’indiquer si un appel d’offres a été lancé pour l’achat d’une centrale électrique d’une capacité de 50/100 MW ; de dire si le rapport sur le gaz liquide naturel serait rendu public ; et si les mesures ont été prises pour enlever les « obstacles in the grid to optimum use of renewable energy ».
Le VPM et ministre de l’Énergie a fait l’historique du projet CT Power en remontant à 2001, lorsque le ministre avait commandé une étude sur la construction d’une centrale à charbon de 100 MW à Pointe-aux-Caves. Le projet initial était que le CEB devait « build and operate this power plant ». En 2005, CT Power (Malaysia) Ltd avait soumis une proposition concernant la construction d’un « 2×55 MW pulverized coal power plant to be implemented by its subsidiary Mauritius CT Power Ltd ». Ce fut une « unsolicited proposition ». Un comité présidé par le Premier ministre avait été institué et le projet avait été approuvé.
Ivan Collendavelloo a rappelé les différentes étapes franchies par le projet jusqu’en janvier 2011, lorsque la demande d’obtention d’un EIA Licence avait été rejetée par l’EIA Committee. Un appel avait été fait auprès de l’EIA Tribunal, qui s’est prononcé en faveur de CT Power. Un permis avait été émis en janvier 2013 avec un assortiment de 31 conditions. Une de ces conditions était que le promoteur devrait fournir une preuve de sa capacité financière pour la durée du projet, à la satisfaction du ministère des Finances et du Développement économique.
Le 23 juin 2013, Mauritius CT Power Ltd avait soumis un projet révisé pour satisfaire les conditions de l’EIA Tribunal. Le coût du projet était passé de USD 192 millions à USD 348 millions. L’eau provenant de la station de Montagne Jacquot devait être utilisée pour refroidir la centrale à charbon et un “debt equity split 70/30” a été proposé contre le “ 80/20” initial. En décembre 2013, le CEB a signé une PPA amendée pour satisfaire aux exigences de l’EIA Committee, avec la promesse que la date d’entrée en opération de la PPA était sujette à la signature d’un « Implementation agreement ».
En avril 2014, le CEB a signé un accord amendé prévoyant la construction d’une jetée par le CEB. Un “shareholders’agreement” ainsi qu’un Land Sublease Agreement ont également été signés. Une délégation de CT Power a visité le pays début janvier et a rencontré les ministres des Finances et de l’Energie. Le ministère des Finances avait demandé à cette occasion une “letter of comfort”, qui n’a pas été obtenue jusqu’à aujourd’hui. Le 6 février dernier, le gouvernement a décidé que la compagne devait spécifier les sources de son financement dans un délai raisonnable, faute de quoi le projet serait abandonné. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons reçu aucune “letter of comfort” et mon ministère a l’intention de demander au Cabinet que le gouvernement n’aille pas de l’avant avec le projet », a dit le VPM.
Concernant la nouvelle estimation des coûts, le ministre de l’Énergie a affirmé que le projet coûterait USD 348 millions et que l’achat d’électricité devait coûter Rs 4,58 par KWh, excluant le coût de transport du charbon estimé à 10 sous le KWh et la transmission de courant estimée à 17 sous. Le prix devrait changer sur la base de la formule d’indexation sur 20 ans.
Le ministre a révélé que le CEB aura besoin d’une capacité additionnelle de 50 MW en 2017 et 2018. Entre-temps, le CEB a décidé d’installer un moteur de 60 MW “fuel oil based” à St-Louis. Consolidated Energy Ltd de Beau-Champ générera une capacité supplémentaire de 22 MW pour trois ans et l’invitation a été lancée pour des “expressions of interest” pour la génération de l’énergie renouvelable incluant la biomasse et le “waste to energy”. Le ministre a donné la garantie que les appels d’offres seront transparents et a aussi déposé sur la table de l’Assemblée le rapport consacré au gaz liquide, qui estime que le projet de gaz liquide coûterait Rs 20 milliards. Par ailleurs, le CEB invitera bientôt des promoteurs à soumettre des « expression of interest » pour la génération d’énergie à partir de sources renouvelables, éoliennes, solaires, biomasse ou déchets.
Bérenger : Je suis très heureux d’apprendre l’intention du ministère d’abandonner le projet de CT Power. Quand la décision sera-t-elle portée devant le Cabinet ?
Collendavelloo : Le plus vite possible.
Bérenger : Je constate que le ministre n’a pas fait mention des différentes allégations concernant la corruption et le trafic d’influence. Le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance a annoncé le 4 février que des enquêtes concernant les projets de Neotown, de CT Power et de l’achat des avions d’Airbus sont dans le collimateur du gouvernement. Y aura-t-il une enquête sur CT Power ?
Collendavelloo : Le dossier de CT Power est dans le collimateur de mon ministère également. Nous sommes tous concernés par le même collimateur. Mon ministère s’occupe également de ce dossier.
Bérenger : Vous avez mentionné le coût de USD 348 millions pour le projet. Le CEB devait également construire une jetée. Combien ce projet devait-il coûter ?
Collendavelloo : Autour de Rs 600 millions.
Bérenger : Heureusement que tout cela est chose du passé.
Bérenger : Concernant le lancement de nouveaux appels d’offres, prendront-ils en compte toutes les possibilités comme le charbon, le gaz, etc ?
Collendavelloo : Les projets de charbon n’ont pas la cote dans le monde et l’AFD a indiqué qu’elle ne financera aucun projet de centrale à charbon. L’accent sera mis sur l’énergie renouvelable. Des partenariats seront encouragés entre les firmes étrangères et mauriciennes. Le CEB devra s’adapter pour ne plus fonctionner comme en 1939. Je suis également en faveur d’un régulateur.
Bérenger : Le charbon sera donc exclu des appels internationaux et locaux ?
Collendavelloo : C’est mon point de vue, même pour les technologies de pointe, à moins que cela soit inévitable.
Bérenger : Je suis très à l’aise avec le ton adopté sur ce dossier. Concernant la capacité qui sera nécessaire, l’ancien ministre de l’Énergie disait que nous serions en difficulté en 2017 et vous dites que les prévisions de 50 MW sont pour 2018.
Collendavelloo : L’ancien ministre parlait en fonction de CT Power.
Paul Bérenger rappelle que la loi concernant le régulateur avait été préparée par le gouvernement MSM/MMM de 2000-2005. Ivan Collendavelloo indique que tout le monde, y compris l’opposition, sera consulté lors de la préparation du nouveau texte de loi. Il a par la suite été question de l’énergie renouvelable, le ministre Collendavelloo estimant que « nous devons prendre des leçons de La Réunion et des Seychelles ». Rajesh Bhagwan est intervenu pour dire que les habitants d’Albion seront « très satisfaits » et a aussi évoqué des projets énergétiques valables « qui ont été rejetés par l’ancien gouvernement ». Le ministre a indiqué qu’il comptait demander à tous ceux qui avaient soumis des projets de les soumettre à nouveau.
Pour sa dernière question, le leader de l’opposition a demandé au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, et au vice-Premier ministre que le Cabinet prenne le dossier de CT Power le plus vite possible et a insisté sur les enquêtes concernant les cas de corruption allégués. Ivan Collendavelloo a déclaré qu’il s’assurerait « autant que faire se peut » pour que ce dossier soit étudié au plus vite par le Cabinet. Concernant les enquêtes, tout en reconnaissant « ne pas être l’inspecteur Columbo », il a affirmé que tout serait fait, bien qu’il ne dispose pas de preuves concernant des allégations de corruptions.

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