KATIA BOURDAREL : La cabane fantasmée

Les artistes ont toujours cherché le rapport entre le réel et le rêve dans l’expérience artistique. Pour la plasticienne Katia Bourdarel, en résidence à Maurice, il semble que la vision et le réel sont masqués par l’émotion et les représenter pousse l’artiste à dépasser l’illusion, à fantasmer par exemple sur la cabane, un chez-soi inventé. 
Katia Bourdarel est à sa première résidence artistique dans notre pays, à l’initiative de l’Institut français de Maurice qui poursuit son action de redynamisation des arts plastiques à travers des échanges entre artistes mauriciens et français. Un programme qui comprend deux volets : création et collaboration. La plasticienne installée à Marseille nous explique d’emblée la genèse de son travail : “la petite histoire raconteÅLe qui fait la liaison entre la veille et le sommeil…” C’est le rêve et le réel qui intéressent Katia. Sa peinture conçue comme des indices avec de multiples entrées et de passages, délivre avant tout son instabilité. L’artiste nous dit qu’elle aime être dans des situations de danger, faire des choses qu’elle ne sait pas faire. Elle décode, par son travail, les signes déjà codés de notre culture livresque ou autre. “Quelque chose du conte, voire la fable, est a` l’oeuvre dans son travail. Son art est porteÅL par la que^te d’un espace autre et d’un temps suspendu, et off re au regard l’occasion d’un asile.” ( Extraits du texte: « Bourdarel, le conte comme modalité », L’Oeil, janvier 2014). Cette citation nous éclaire sur l’espace de création de Katia, son sujet, comment elle s’appuie sur des formes de récit, des traces écrites pour établir un lien avec le regardeur. S’il existe des emprunts dans son oeuvre, ils sont mêlés à sa propre narration. Sa cabane trouve à présent un lien avec son pays natal et son île de résidence, une terre d’accueil où elle rejoue des scènes primitives, où corps et regards parlent d’eux-mêmes. Chacun a sa petite his-toire, sollicitée par ses obsessions. Le monde de Katia Bourdarel se lie avec un nouveau lieu, le temps qui s’écoule. Ce travail expérimental se fait dans la rêverie, car ce qui lui importe c’est de trouver ce moment privilégié entre la nuit et le jour. Elle entraîne le spectateur dans cette traversée, ce temps secret, ce lieu mystérieux. Son oeuvre est aussi expérimentale dans le sens où chacun de ses travaux trouve un sens nouveau à travers un voyage, une culture, une résidence. L’artiste avoue une parenté avec les artistes qu’elle rencontre. “Se sentir isoleÅL dans une i^le suspendue sur l’eau… On est pareil ailleurs…”, dit-elle. Katia Bourdarel a présenté ses travaux à l’IFM ; comment elle appréhende la toile, joue des dimensions de l’image, du volume pour créer. Elle évoque “La peau des choses”, une oeuvre faite de peinture, aquarelle, vidéo où des personnages de contes constituent la trame narrative. Elle aime aussi explorer le rapport au corps, à l’amour fi lial (Peau d’a^ne) ; il y a aussi son travail autour de l’eau, la matrice : l’endroit où l’on renaît, où l’on se lave de tous ses maux, dit-elle. Son questionnement stylistique consiste à multiplier les interprétations de l’image, observer la réalité, raconter des rêves de coexistence. Véritable expérience sensuelle, l’oeuvre de Katia Bourdarel (par son appel à l’imaginaire collectif) bouscule les choses par son inventité et son dynamisme aussi. Lors de sa résidence à Maurice, Katia va construire avec les artistes mauriciens une cabane. Les cabanes seront reliées par un dessin animé. L’artiste envisage aussi l’écriture d’un projet commun avec la plasticienne Nirveda Alleck. 

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