STATISTIQUES : BAISSE DU TAUX DE CRIMINALITÉ : Qu’en est-il de la délinquance juvénile ?

La baisse de criminalité dans les pays occidentaux interpelle plus d’un depuis un bout de temps déjà. Avant l’édition de The Economist du 20 juillet dernier – qui titrait en Une avec « The curious case of fall in crime », le Time Magazine en date du 22 février 2010 s’interrogeait sur le pourquoi du déclin de la criminalité aux États-Unis. Ce phénomène est à la mesure de l’intérêt dont il fait l’objet par des ténors de la presse de cette envergure.
Lorsque le taux de meurtre en Estonie chute de 70% en 18 ans et que celui du Lower Manhattan passe de 29 pour 100,000 habitants en 1990 à 1.5 pour 100,000 habitants en 2009, cela ne laisse pas indifférent. D’autant plus que la tendance de la chute de overall crime se confirme dans 13 pays de l’Union européenne, dont l’Angleterre et Malte avec des baisses allant jusqu’à 30% de 2005 à 2010.
Notre pays peut aussi se vanter d’une baisse du taux de criminalité de 9% de 2011 à 2012. Cependant comparé à 2000, il y a eu une hausse marginale de 0.6%. Ce qui inquiète le plus c’est la délinquance juvénile qui n’a cessé de grimper ces dernières années, passant de 1 délit pour 1000 jeunes en l’an 2000 à 6.7 délits en moyenne pour 1000 jeunes en 2012. Ce qui ramène à une hausse de 570% en 13 ans ! Choquant n’est-ce pas ?
Mais essayons de relativiser car il s’agit ici de 770 coupables sur une population de 120,000 jeunes. Cependant, la tendance est claire et mérite d’être prise au sérieux.
Le Global School-Based Health Survey de 2007 indiquait déjà que 42% des élèves avaient été impliqués dans des bagarres ; 40.9% étaient victimes des brimades et 37% des élèves interrogés ont avoué que les parents ignoraient ce qu’ils faisaient durant leur temps libre. Les deux premières indications ont baissé de 5% dans l’édition 2011 du GSHS. En contrepartie, la MACOSS tirait récemment la sonnette d’alarme sur une hausse de 42% des cas de violence et d’indiscipline qui essaiment nos écoles.
Que se passe-t-il donc chez nos jeunes ? Notre jeunesse a-t-elle été préparée à faire face aux progrès dans le paysage audiovisuel qui fait que quelque 50,000 foyers sont aujourd’hui inondés de centaines de chaînes de télévisions avec leurs poids de violences et d’influences insidieuses en termes de cultures et de valeurs ?
L’école est-elle un lieu d’intégration où toutes les formes d’intelligences trouvent leurs places, ou reste-t-elle un endroit d’exclusion pour ceux qui n’ont pas la chance de disposer d’une intelligence linguistique et mathématique prononcées ? Qu’est-il prévu pour le reste sinon de se prouver à travers les travers ?
Par ailleurs, on note aussi cette démission de certains parents qui gâtent à outrance leurs enfants ; ils ne leur inculquent pas le sens de la mesure et des responsabilités. Ceux-là sont les premiers à monter au créneau lorsque la sévérité est appliquée par les enseignants à l’encontre de leur enfants malappris.
Nous pouvons aussi nous demander si le nombre de casinos et de maisons de jeux qui ont envahi nos régions urbaines aussi bien que rurales depuis quelques années n’a pas contribué à un changement de mentalité et de comportement. Le fait même de promouvoir le gain sans effort est un tendancieux non-sens. Je ne parle pas ici du monde parallèle qui fleurit souvent aux côtés de ces institutions !
On note également la nécessité d’intégrer le nombre de jeunes qui échouent chaque année aux examens du CPE. Que deviennent-ils ? Quel avenir pour ceux qui ont échoué pour cause de dyslexie ou autre syndrome non identifié ?
Le succès de la baisse de criminalité en Occident repose largement sur un ciblage des endroits à risques par la police et une meilleure politique de prévention contre la délinquance. Une présence policière de proximité dans des lieux tels que gares routières et autres centres commerciaux pourraient décourager des comportements asociaux précoces.
Notre jeunesse a besoin d’être balisée, comprise, aimée à sa juste valeur : une éducation qui fait de la place à la différence, qui tend la main aux faibles, qui les aident à sortir du trou violent de la marginalisation. Une éducation qui fait la part belle aux valeurs universelles, quitte à en faire un examinable subject.
Ce n’est qu’à ce prix que nous verrons chuter ce taux inquiétant de délinquance juvénile.

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