DIOCÈSE DE PORT-LOUIS: Vaste chantier d’évaluation de l’école catholique

Ce bilan ayant trait à l’enseignement catholique s’insère dans un vaste projet d’évaluation de la mission d’évangélisation de l’Église catholique dans les différents secteurs touchant la vie de l’individu (vie spirituelle, famille, activités sociales, professionnelles, économiques). Le volet « Enseignement catholique » se veut une réflexion approfondie, étalée sur trois ans, sur ce que l’école catholique a apporté au pays et ce qu’elle doit faire à l’avenir pour répondre aux nouveaux enjeux et surtout pour atteindre l’objectif, notamment « le développement intégral de la personne à travers les valeurs contenues dans l’évangile ».
« Cette démarche est loin d’être un repli identitaire », précise d’emblée au Mauricien, le vicaire général. « Nous voulons voir comment le charisme chrétien, qui s’est déployé dans tous les domaines où l’Église est engagée, notamment dans l’éducation, peut continuer à être au service de l’éducation au plan national », explique le Père Jean-Maurice Labour.
Dans une récente lettre adressée aux fidèles catholiques, et qui peut être lue aussi sur le site du diocèse de Port-Louis, le chef de l’Église à Maurice rappelle le projet « kleopas » dans lequel l’Église vient tout juste de s’engager et situe la démarche de cette réflexion sur l’école catholique. « Tout au long de son histoire, l’Église s’est investie dans le monde scolaire en offrant à la nation ses moyens humains et financiers pour le service des familles et l’avenir des jeunes », dit Mgr Piat. Ce dernier salue le dévouement et la contribution de tous ces enseignants qui se sont relayés dans le passé dans les écoles catholiques primaires et secondaires et de ceux qui sont en poste en les qualifiant de « formidable équipe ». L’évêque témoigne aussi de sa reconnaissance envers les membres des congrégations religieuses féminines et masculines qui ont leur empreinte dans le secteur éducatif catholique. Leur apport, selon Mgr Piat est « inestimable ». « Ils ont consacré leur vie à servir la jeunesse mauricienne et insuffler à l’éducation catholique à Maurice dynamisme et compétence. Cette contribution a bénéficié aux Mauriciens et Mauriciennes de toutes appartenances qui, aujourd’hui, assument leurs responsabilités à tous les échelons professionnels des secteurs privé et public du pays », poursuit l’évêque de Port-Louis.
Fort de ce parcours de deux cents ans dans le domaine éducatif, « le temps est mûr », selon Mgr Piat, pour que l’enseignement catholique dresse des bilans, écoute les divers acteurs de la vie scolaire et précise où, comment et à quelles conditions l’Église catholique mauricienne peut continuer à servir l’éducation nationale pour répondre aux nouveaux défis qui se posent aujourd’hui mais en s’inspirant de l’Évangile. « Nous partageons avec l’ensemble des acteurs de l’éducation nationale bien des questions sur le besoin de pédagogies plus adaptées aux laissés pour compte, sur une école qui construise l’unité nationale dans la diversité de nos cultures et religions, et sur un encadrement moral ouvert aux avantages de la modernité », dit l’évêque de Port-Louis au sujet de ces défis. Mgr Piat affirme que l’Église veut faire de son mieux pour que les élèves qui lui sont confiés puissent s’épanouir humainement en développant leur confiance en soi, leurs aptitudes intellectuelles, culturelles et sportives. Il ajoute que l’école catholique veut aussi s’engager pour lutter contre l’échec scolaire et pour la promotion d’un sens civique et du mauricianisme. L’enseignement catholique veut donc redéfinir sa mission au coeur de ces nouveaux défis.
Consciente qu’elle évolue dans une société plurielle et dans un État laïc l’Église s’attardera sur les questions suivantes dans cet exercice de réflexion de l’enseignement catholique : Comment peut-elle faire valoir son inspiration évangélique tout en respectant scrupuleusement la liberté de chacun ? Comment peut-elle être accueillante et dialoguant dans une société en pleine évolution ?
« Valoriser la catéchèse »
Sera aussi abordée dans cette réflexion la délicate question concernant les cours de catéchèse. L’éducation catholique opère dans un système ou d’autres confessions religieuses administrent aussi des écoles en tenant compte des caractéristiques propres à leur religion. Voici ce que Mgr Piat dit à ce sujet : « L’école n’est ni le lieu de prosélytisme, ni celui de pressions morales et encore moins celui du repli identitaire. L’école catholique mauricienne veut se sentir à l’aise dans une culture du dialogue. Mais cette école, parce qu’elle est catholique, doit valoriser la catéchèse et soutenir les catéchètes en leur offrant la meilleure formation possible. Parce qu’elle est catholique, l’école doit soigner ses liens avec les autres lieux de catéchèse que sont les mouvements, les paroisses et les familles. »
L’évêque de Port-Louis a constitué une petite équipe, composée de religieux et de laïcs qui sont professionnels de plusieurs secteurs (éducatif, ressources humaines, finances, management) en vue de mener cette réflexion qui vient tout juste de commencer et qui durera trois ans. Pourquoi une si longue période ? « Nous voulons avoir l’adhésion de l’ensemble des catholiques en touchant les paroisses, les familles, les écoles, les mouvements diocésains. Nous allons aussi associer les stakeholders habituels de l’éducation nationale à cette réflexion. Si on veut donner l’occasion à tout un chacun de s’exprimer, il faut prendre du temps pour écouter. Après l’étape de consultation et la collecte des données qui dureront au moins une année, il faut aussi du temps pour la rédaction du rapport », dit le Père Labour, responsable avec Mgr Piat de cette équipe. Celle-ci misera sur tous les moyens de communication, modernes aussi bien que traditionnelles. Outre l’apport de l’internet, sont prévus aussi des sondages, des questionnaires, des journées de réflexion, des rencontres avec les familles.
Y a-t-il des appréhensions ? « Pas du tout. C’est vrai qu’on ne connaît pas vers quoi on va mais nous ne démarrons pas sur un vide. On part d’un constat positif car il y a eu des expériences formidables dans l’éducation et dans la catéchèse. Ce qu’on sait c’est qu’il nous faut nous replonger au coeur de nos convictions chrétiennes pour mieux réinventer l’avenir. Pour répondre aux défis auxquels fait face l’éducation nationale, nous devons impérativement trouver de nouvelles approches pédagogiques », croit le Père Labour. Le père Labour insiste sur l’aspect « complémentarité » dans cet exercice de réflexion car c’est un processus intégrant aussi la vie familiale, paroissiale, sociale.
Il est bon de souligner qu’outre son engagement dans l’éducation dite formelle (écoles primaires et secondaires), l’Église est aussi présente dans d’autres domaines de formation pour différents besoins, qui nécessitent une approche spécialisée. L’on note que dans les milieux de l’éducation catholique on emploie de moins en moins aujourd’hui le terme « spécificité » pour parler des caractéristiques de l’école catholique. Les responsables jugent plus approprié les « valeurs chrétiennes ».

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