RÉFORME ÉLECTORALE : Rama Sithanen, « Que des technocrates non élus soient nommés ministres »

Rama Sithanen, ancien ministre des Finances devenu expert en lois électorales, préconise une formule qui permettrait à la République de Maurice de « s’assurer d’avoir des personnes compétentes comme ministres ». La formule, qui est appliquée déjà dans de nombreux pays tels la France, consiste tout simplement à nommer des technocrates sans pour autant qu’ils soient députés.
L’ancien ministre était l’invité de l’Humanité future, une organisation que préside Alain Laridon, ancien député et ancien ambassadeur de Maurice au Mozambique. Celle-ci a organisé une conférence hier après-midi à l’hôtel Saint-Georges, Port-Louis, dans le cadre de la présentation future d’un Livre blanc sur la réforme électorale.
Rama Sithanen se prononce pour que le Premier ministre dispose de plus de flexibilité pour nommer ses ministres. En nommant une personne compétente dans un domaine donné, il assurerait le bon fonctionnement de ce ministère. De même, répondant aux interpellations parlementaires, le ministre saurait donner les informations recherchées.
Dans son intervention, l’ancien ministre a d’emblée réitéré sa proposition à l’effet qu’il y ait un parlement de 82 membres, soit 62 élus selon le système en cours, le First to Past the Post (FPTP) et les 20 restants nommés à la proportionnelle. De ce fait, l’on connaîtrait les noms du Premier ministre et du Leader de l’opposition aussitôt les résultats des élections connus.
« Maurice étant ce qu’elle est avec la diversité de ses composantes ethniques et religieuses, il faut avant tout tenir en ligne de compte toutes les données avant de vouloir modifier quoi que ce soit. Si nous voulons garantir qu’il y ait toujours la stabilité sociale, il faut impérativement garder le FPTP », affirme l’orateur.
Mais, en même temps, Rama Sithanen dit ne pas ignorer les faiblesses de la formule actuelle. « Le FPTP nous a apportés ce que l’on appelle des déserts électoraux : ainsi, il nous a donné des situations de 60-0, alors que l’opposition avait deux cinquièmes du nombre total de votants. En 1991, avec 40% de votants, le PTr n’avait eu que trois membres élus. En 1983, avec 48% de votants, le MMM n’a eu que 19 députés. C’est pour cela que, pour maintenir un juste équilibre avec les voeux de l’électorat, il faut impérativement qu’une dose de proportionnelle vienne s’ajouter au FPTP, qui engloberait en même temps le système de Best Loser (BLS) ».
Du BLS, il rappellera son désaccord avec le professeur Carcassonne : il faut savoir départager l’ethnie et la religion. « Il aurait fallu redéfinir les catégories de citoyens. N’importe qui peut être un adepte de la religion de son choix, quelle que soit son origine ethnique. Ce qui s’est produit en 2010 témoigne que les jeux peuvent être facilement faussés », soutient Rama Sithanen. Il précise que ce qu’a fait Michael Sik Yuen était parfaitement légal, même si la légitimité de son acte peut être remise en question.

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