Assemblée nationale : La prochaine PNQ peut être pour mars 2021

Suspendu pour les deux prochaines séances, le leader de l’opposition pourrait se heurter à une dernière séance du 15 décembre sans question pour cause de budget supplémentaire

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Un Arvin Boolell persifleur et aux réparties piquantes, oscillant entre les «servile and errand boys» et ses invitations à «hold your horse», qui suscite colère et sanction de la part de la majorité

La prochaine Private Notice Question pourrait n’être posée qu’en mars 2021

Après la suspension d’Arvin Boolell, mardi dernier, pour les deux prochaines séances parlementaires après une décision du Speaker, suivie d’une motion du Premier ministre, secondée par Steven Obeegadoo, les possibilités de PNQ s’en trouvent considérablement amoindries. La prochaine séance a été fixée au jeudi 3 décembre à 15h pour cause de visite officielle du nouveau président Seychellois Wavel Ramkalawan du 29 novembre au 2 décembre. Cette séance de jeudi prochain sera consacrée à la clôture et au vote du Children’s Bill et deux autres textes visant la protection des enfants. Ce sera la première séance de suspension pour le leader de l’opposition et pas de PNQ donc. Après le jeudi 3 décembre, il y aura une séance le 8 décembre avec bien entendu un Question Time, mais sans PNQ, Arvin Boolell étant privé de participation aux travaux pour sa seconde séance de suspension. La séance suivante, peut-être la dernière de 2020, devrait être fixée au 15 décembre.
Si c’est celle que le gouvernement choisit pour débattre de son budget supplémentaire de Rs 17 milliards pour 2020/21, il va sans dire que cela entraînera automatiquement la suppression des questions, les règlements internes du Parement interdisant toute question le jour où un budget, quel qu’il soit, est débattu. Mais le gouvernement pourrait aussi donner une ultime occasion à Arvin Booell de poser sa dernière PNQ de 2020 lors d’une dernière séance le vendredi 18 décembre. Ce qui est sûr c’est que ce ne sera pas une cinquième question sur la fameuse affaire Angus Road, l’affaire devenant devenir subjudice en raison de l’annonce du Premier ministre d’engager des procédures judiciaires à l’encontre de nombre de ses adversaires dans cette affaire.
Il faut dire que l’expulsion du leader de l’opposition, mardi dernier, semble avoir été savamment orchestrée, la majorité étant visiblement agacée, voire embarrassée, qu’il revienne une nouvelle fois à la charge sur l’affaire Angus Road, le thème des trois dernières PNQ’s depuis la reprise des travaux le 3 novembre. Commencés sur une note calme, les échanges sur le volet des enquêtes sur les paiements en espèces illégaux de l’ICAC vont vite tourner au vinaigre. Interrogé sur le moment où son attention a été attirée par la commission sur l’enquête initiée sur Angus road, Pravind Jugnauth répondra que «ICAC has never drawn my attention to an enquiry in relation to the purchase of properties at Angus Road».
Etonné, Arvin Boolell insiste et il est vite recadrer par le Speaker qui lui demande de retirer ses mots dont il ne se rappelait plus, comme d’habitude, jusqu’à ce que le Premier ministre les lui souffle. Pas d’insinuation, décide Sooroojdev Phokeer dans une interminable séquence de mots lancés, retirés et d’interruptions. Entre «guilt» et «culpable silence», aucune des expressions n’est autorisée, tranche la présidence.
Les secouristes
Comme d’habitude, ce sera Alan Ganoo, remis de son coup de parasol électoral à Chemin-Grenier, qui viendra à la rescousse du Premier ministre en lisant la section 22 des Standing Orders qui définit la manière de traiter les questions. Cela n’aura pour effet que de provoquer Arvin Boolell qui se montrera très persifleur et qui lancera des piques à gauche et à droite et en direction du ministre du transport décrit comme «servile». «Servile and subservient», rétorquera le leader de l’opposition à la majorité qui l’accusait d’être lui-même servile vis-à-vis de son leader Navin Ramgoolam.
Après le volet blanchiment, le leader de l’opposition a voulu obtenir des informations sur l’enquête de l’ICAC sur les Rs 20 millions payées sur un compte au Royaume-Uni. Le Premier ministre ne répond pas. Il décide que volet ne fait partie du sujet de la question initiale. Le Speaker se met alors à rappeler à l’ordre le leader de l’opposition. Les échanges sont tels qu’à un moment Arvin Boolell, dépité, lance : «Jesus Christ, amazing!». Et Sooroojdev Phokeer de l’inviter à «put good parliamentary questions». Sautant sur l’occasion, Arvin Boolell tentera d’en savoir plus sur la correspondance de l’Attorney General Ravi Yerrigadoo de janvier 2015 demandant au Serious Fraud Officer de la Grande-Bretagne d’arrêter d’enquêter sur les Rs 20 millions, mais le speaker lui dira que cela n’a rien à voir avec sa question.
Le Premier ministre, en difficulté malgré les interventions intempestives de la présidence pour empêcher le leader de l’opposition de poser ses questions, ce sera au tour du ministre de la Culture, Avinash Teeluck, de se transformer en secouriste et de prendre le relais d’Alan Ganoo pour lire de longs passages des Standing Orders dans le but conforter la position du Speaker et du chef du gouvernement de ne pas répondre aux questions du reader de l’opposition.
A Patrick Assirvaden qui voulait savoir de quelle enquête qui continue dont parlait le Premier ministre, le 3 novembre, le principal concerné reviendra sur la période de 2011/14, lorsque Anil Kumar Ujoodha était le directeur de l’ICAC et qu’un de ses adjoints était Indira Manrakhan avec qui, selon lui, Arvin Boolell entretiendrait un «special relationship».Une allusion plutôt perfide qui a fait bondir les députés de l’opposition et ceux du PTr en particulier. Patrick Assirvaden demandera que «par respect pour cette dame» le Premier ministre devrait retirer ses propos. Nouveaux échanges acides entre les députés des deux camps. «Eta ale do bouffon!» lancera Pravind Jugnauth à Arvin Boolell sans le moindrement être rappelé à l’ordre par le Speaker. Sur l’insistance de l’opposition, Pravin Jugnauth finira par s’excuser et dire qu’il croyait simplement que Indira Manrakhan et Arvin Boolell se connaissaient bien.
«You have nothing»
Alors que le Premier ministre voulait revenir au contexte de l’époque des enquêtes et souligner que ce sont les travaillistes qui étaient aux commandes, Arvin Boolell va lui rappeler qu’il était ministre des Finances. «You have nothing, not a iota of evidence», martèlera le Premier ministre. Cela n’empêchera pas des cris de «voler» de fuser des travées de l’opposition.
Les invectives fuseront de part et d’autre avec le Speaker invitant le leader de l’opposition à retirer ses propos dont on ne sait pas trop lesquels. «I will withdraw if it pleases the errand boys the servile boys of this government», expression qu’il devra aussi retirer. Alors que Pravind Jugnauth répétera que les deux enquêtes ont été stoppées, le leader de l’opposition répliquera que «I cannot be held responsible if Government is drowning in muddy waters». Et, à sa question sur les rumeurs qui ont circulé, Pravind Jugnauth répondra : «As far as I am concerned, I have never been requested to furnish any explanation to ICAC. I have never even been made aware! I have never even been called!»
Ne cédant pas, malgré les tentatives de la présidence de mettre un terme à la PNQ, le leader de l’opposition reviendra sur la lettre de Ravi Yerrigadoo au Serious Fraud Office pour stopper l’enquête, mais pas de réponse, le Speaker statuant que la tranche de la PNQ est terminée. Dans le brouhaha, Sooroojdev Phokeer a dit à Arvin Boolell de se retirer de la Chambre. Comme il ne bougeait pas et que lui et ses collègues protestaient contre cette décision, la présidence dira qu’il «name» le leader de l’opposition, une formule qui consiste à inviter la Chambre à prendre des sanctions fermes contre un député.
Le reste du Question Time épuisé, place à l’examen des textes. Le Climate Change Bill a été voté après les interventions de Nando Bodha, de Leela Devi Dookun-Luchoomun et du Premier ministre, apparemment pas très satisfait des critiques de la députée Joanna Bérenger et le résumé des débats du ministre de l’Environnement Kavi Ramano, qui était particulièrement critique à l’endroit du leader de l’opposition. «Au lieu de sombrer dans les généralités dont il excelle, il gagnerait sans doute à s’inspirer de son voisin, le leader du MMM qui nous a gratifiés d’un discours responsable avec des interrogations légitimes», observera le ministre.
Les débats ont également démarré sur les trois textes qui visent la protection des enfants présentés par la ministre Kalpana Koonjoo-Shah. Elle a fait état de l’augmentation des cas d’abus et de violence sur les enfants ces dernières années, ce qui justifie une révision des lois. La ministre a défendu l’âge de la responsabilité pénale à 14 ans en mettant en avant que, dans d’autres pays, les seuils varient avec celui de 12 ans comme étant l’âge moyen à partir duquel un enfant peut être poursuivi devant les tribunaux.
En l’absence du leader de l’opposition, c’est sa collègue Stéphanie Anquetil qui a été la première intervenante sur le Children’s Bill et les autres lois visant la protection des enfants. Si elle est d’accord de l’âge de la responsabilité pénale à 14 ans, elle a formulé plusieurs suggestions pour que, dans les faits, l’âge du mariage légal à 18 ans soit aussi accompagné de mesures pour encadrer celles qui sont confrontées aux grossesses précoces. «L’Ombudsperson et les autorités concernées doivent aider les parents dont les enfants ont décidé de fuguer avec leur amoureux ou ont menacé de le faire. Un mécanisme efficace d’application et de contrôle doit être mis en place. Je déplore que le concubinage pour les moins de 18 ans ne soit pas mentionné dans ce projet de loi. Soyons honnêtes. L’âge légal du mariage à 18 ans ne va pas stopper l’union libre et les grossesses précoces si nous ne rendons pas le concubinage illégal», a observé la députée.
Elle a suscité quelques ricanements lorsqu’elle a suggéré la pénalisation de l’abus de confiance et de l’adulte de 50 ans qui a des relations sexuelles avec une fille de 16 ans. Stéphanie Anquetil a également critiqué la provision permettant d’absoudre un adulte qui attenterait à la pudeur d’un enfant consentant de 12 ans. Elle a suggéré que la limite soit de 15 ans. La députée a aussi déploré qu’il y ait des clauses qui empiètent sur les prérogatives de l’Ombudsperson pour qui elle a plaidé des pouvoirs supplémentaires et un renforcement de son personnel.
Dorine Chukowry a rejeté les arguments de ceux croient que se marier avant l’âge de la majorité est une solution à la grossesse précoce. Elle a lancé un appel aux députés de toutes les couleurs politiques pour soutenir ces projets de loi.
Arianne Nvarre-Marie a parlé du travail commencé en 2000/2003 avec la création de Ombudsperson for children Office en 2003, alors que c’est son leader Paul Bérenger qui était Premier ministre et de la désignation de Shirin Aumeeruddy-Ciffra pour diriger ce service et lancer une institution indispensable dans la lutte pour la protection des enfants.
Karen Foo Kune-Bacha annonce sa grossesse
Elle aussi tenu à préciser que, contrairement à ce que le plus grand nombre peut croire, l’âge du mariage à 18 ans est déjà prévu dans les lois existantes, mais qu’elle ne prévoit désormais plus de dérogation. Une bonne chose, a observé Arianne Navarre-Marie qui a dit que ce phénomène de mariage précoce affecte surtout les filles qui sont privées de scolarité et des possibilités de parfaire leur formation. Arianne Navarre-Marie préconisé l’âge de lia responsabilité pénale à 16 ans.
Bobby Hureeram, ministre des Infrastructures, a défendu l’âge du mariage à 18 ans, d’autant que des cas récents ont interpellé la société. Il a parlé du cas de cette jeune fille de 13 ans décédée alors qu’elle était enceinte, tandis que Mahen Gungapersad a plaidé pour une révision du cursus scolaire pour inclure tant pour les enseignants que les élèves l’initiation à l’intelligence émotionnelle. Ce qui aiderait les enfants à développer de l’amour, de l’empathie et de la compassion.
Avinash Teeluck, bref, a soutenu la décision de fixer l’âge de responsabilité pénale à 14 ans. Le succédant à la tribune, Karen Foo Kune-Bacha, qui a annoncé sa première grossesse, a observé que «d’un côté, on condamne les abus sexuels, même avec consentement sur un enfant en dessous de l’âge de 16 ans, et de l’autre côté, on ne condamne point tout attentat à la pudeur sur un enfant consentant de 12 ans ou plus. Cela devrait être rectifié».
Après l’intervention du député de Rodrigues, Buisson Leopold, c’est le ministre de la Santé Kailesh Jagutpal qui a proposé l’ajournement des débats.
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Ils ne ratent aucune occasion de se distinguer

Le Speaker s’est fendu d’une déclaration en début de séance pour statuer que Week-End aurait pu enfreindre les dispositions du texte régissant l’Assemblée nationale en publiant dans son édition du 22 novembre des passages du rapport du Public Accounts Committee, dont le rapport n’a été déposé que le 24 sur la table du Parlement. Il a en conséquence demandé à la Chambre de prendre les mesures qui s’imposent. `
C’est Kenny Dhunoo qui s’y est collé pour demander que l’affaire soit référée au Directeur de poursuites publiques pour qu’il décide de la voie à suivre. Sa motion a été secondée par nul autre que Subashnee Luchmun-Roy. Ces deux-là ne ratent, décidément, aucune occasion de se distinguer.
La preuve c’est que la première question pour le Premier ministre ensuite était de la députée du No 4 dont la priorité absolue est les déplacements effectués par les députés de l’opposition entre 2014 et 2019. «Cheap» ont déclaré des élus de l’opposition pendant que Pravind Jugnauth indiquait que c’est une somme de Rs 8 millions qui a été dépensée.
Dans son empressement à tenter de marquer des points aux dépens de l’opposition, la néophyte a, en fait, marqué un autobut, puisque les questions supplémentaires des partis du PTr et du MMM ont poussé le Premier ministre à reconnaître que ces déplacements ont été approuvés par le Speaker, le Premier ministre et le ministre des Finances. Certains de ses députés voyageaient fréquemment parce qu’ils avaient été élus à la vice-présidence du Parlement panafricain.
La question était tellement mal rédigée que Steve, Obeegadoo, qui se trouve dans les rangs de la majorité, s’est retrouvé sur cette liste, lui, qui ne siégeait pas à l’Assemblée nationale entre 2014 et 2019, ayant été battu à Curepipe aux élections de 2014.
Cette réponse a aussi poussé nombre d’observateurs attentifs à rappeler que le conseiller du Premier ministre, Ken Arian, pour ne citer que lui, avait établi un triste record en engloutissant Rs 1 M pour un seul voyage aux Etats-Unis. Comme quoi, il vaut mieux balayer un peu devant sa porte avant de faire la leçon aux autres. Pinnochio n’aurait pas fait mieux !

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