Assemblée nationale : le terme « zako » hante les débats sur la motion contre le Speaker

Shakeel Mohamed renvoie Pravind Jugnauth à ses propos ‘hansardisés’ en 2012 « tap latab mem bann zako »

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Interruption de la retransmission du Live Parliament vers 1h10 ce matin alors que le Whip de l’opposition intervenait sur la motion

Seuls deux orateurs encore à intervenir, soit le DPM Obeegadoo et le PM Jugnauth, avant le Summing-up du leader de l’opposition mardi prochain

À 2h30 ce matin, les débats sur la motion de blâme contre le Speaker, Sooroojdev Phokeer, ont été ajournés à mardi prochain. Deux derniers intervenants sont au programme, soit le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avant le Summing-up par le leader de l’opposition, Arvin Boolell, auteur de la motion. Une constance pendant ces quatre Night Sittings consacrées à cette motion est que le terme « zako » continue de hanter l’hémicycle. Et très tôt ce matin, le Whip de l’opposition, Shakeel Mohamed, a rendu la monnaie de leur pièce aux orateurs de la majorité, qui avaient systématiquement pris pour cible la députée du MMM Joanna Bérenger pour avoir fait usage du terme « zako » à leur encontre au sein de l’hémicycle.

Toutefois, la coïncidence a voulu que cette partie de l’intervention de Shakeel Mohamed n’a pu être suivie en direct, que ce soit à la télévision ou sur le site Web de l’Assemblée nationale en raison d’une panne de retransmission, due probablement à des travaux de maintenance de Mauritius Telecom et intervenant à ce moment précis. En effet, la reprise de la diffusion des travaux de l’Assemblée nationale devait reprendre vers la fin du discours du Whip de l’opposition, d’une durée d’une heure, soit le double de la moyenne accordée à chacun des parlementaires. Comme par enchantement, le discours de l’Attorney General, Maneesh Gobin, succédant à Shakeel Mohamed, ne devait, lui, souffrir d’aucune fluctuation dans sa diffusion sur Internet ou à la télévision.

Il était environ 1h10 ce matin et Shakeel Mohamed venait de dénoncer la « political hypocrisy » du ministre de l’Environnement, Kavydass Ramano, qui venait de descendre en flamme le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, et les agissements de l’opposition à l’Assemblée. « Mais ce que l’honorable ministre a oublié de dire, c’est comment il était assis au congrès du Parti travailliste et comment il avait tenté de négocier un ticket et un portefeuille ministériel avec ce même Parti travailliste aux dernières élections », a-t-il déclaré en substance.

Shakeel Mohamed s’est ensuite appuyé sur le Hansard de la Private Notice Question du 7 juillet dernier traitant de l’épisode du Saint-Louis Gate, avec une bombe à retardement de Rs 700 millions, pour lancer une attaque frontale contre le Speaker de l’Assemblée nationale. À partir de cet instant, ceux qui suivaient les débats sur Internet ou à la télévision ont été privés de ces extraits en raison d’une interruption de la retransmission. Il s’est interrogé, se demandant comment et pourquoi la déclaration du Speaker au Premier ministre, à l’effet que « Get ready to get the document laid on the table of the National Assembly », a été censurée dans la version officielle du Hansard, alors que la version Live confirme bien cette intervention du Speaker au sujet du document en litige de la Banque africaine de développement au sujet de l’enquête sur le cas de corruption lors de l’octroi de ce contrat de Rs 4,6 milliards du Central Electricity Board (CEB).

Poursuivant son intervention, le Whip de l’opposition est revenu sur l’épisode « zako », tous les orateurs du gouvernement y faisant littéralement référence, avec Joanna Bérenger en ligne de mire. Il devait ainsi produire une copie du Hansard de 2012 pour rafraîchir la mémoire de la majorité au Parlement, rappelant que le Premier ministre avait déjà utilisé le mot « zako » à l’encontre de l’autre côté de la Chambre. « Tap latab mem bann zako », avait alors lancé Pravind Jugnauth, cette remarque ayant été ‘hansardisée’ depuis.

Cette partie du discours de Shakeel Mohamed a été interrompue par un brouhaha et une tentative de Point of Order. La Private Parliamentary Secretary Tania Diolle devait même tenter une parade pour expliquer que Pravind Jugnauth n’avait pas traité les autres parlementaires de « zako » pour les dénigrer, mais que « pour dire qu’ils mimaient » en substance. Ce à quoi le député de l’opposition Patrick Assirvaden devait lancer à son égard : « Quelle explication brutale ! ».

En dernière partie de son discours, tout en remettant ses vœux de prompt rétablissement au ministre Bobby Hurreeram, Shakeel Mohamed a fait mention de l’incident où ce dernier l’avait interpellé en lui demandant « si to mem piti to papa ». Tout en épargnant le ministre, admis de nouveau depuis hier à la Cardiac Unit, il s’en est pris au Speaker, qui n’avait pas jugé bon, dit-il, de sanctionner cet écart insultant de langage. « Ma mère et mon père, qui ne peuvent se défendre à l’Assemblée nationale, ont été pris à partie. Le rôle du Speaker est de prendre la défense de personnes dont les noms sont cités et qui ne peuvent s’expliquer lors des débats. The duty of the Speaker is to defend those who are not here to defend themselves. Mais il dit qu’il n’avait rien entendu et est resté tranquille quand je lui ai demandé s’il n’avait rien vu », a-t-il conclu.

Au début de son discours, Shakeel Mohamed avait estimé que la démocratie parlementaire n’a pas été comprise et respectée. « Ce n’est pas suffisant de simplement prendre note de la motion du leader de l’opposition. Ce n’est pas suffisant de le mettre à l’agenda et de se targuer d’être respectueux de la démocratie parlementaire. C’est le droit du leader de l’opposition de présenter une motion de blâme et c’est le devoir du Leader of the House de la mettre à l’agenda. Il ne faut pas lui octroyer une médaille d’or pour avoir agi selon les Standing Orders », a-t-il affirmé.

Auparavant, les ministres Kavy Ramano, Joe Lesjongard, Nando Bodha et Maneesh Gobin avaient pris la parole pour défendre le Speaker sur la motion d’Arvin Boolell alors que le député de l’opposition, Michael Sik Yuen, était aussi intervenu.

Par ailleurs, après la tranche du Question Time, l’Assemblée a bouclé les débats sur le Finance (Miscellaneous Provisions) Bill avec son adoption également alors que les premiers intervenants ont commencé à commenté le Real Estate Authorit Bill, piloté par le Deputy Prime Minister et ministre des Terres, Steven Obeegadoo.

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