Avec la série de décès – L’angoisse gagne les patients dialysés

Une patiente en quarantaine : « Le moral est à zéro »

Samedi matin, les patients dialysés en quarantaine à l’hôtel Tamassa ou en traitement à l’hôpital de Souillac, se sont réveillés en apprenant le décès d’un des leurs. Un sixième patient sous dialyse qui n’a pas survécu à la COVID-19. Et 24 heures après, une autre mauvaise nouvelle, un septième décès était constaté parmi les 37 patients de dialyse en quarantaine. Du coup, l’angoisse est montée d’un cran chez ces patients qui ne peuvent s’empêcher de se demander s’ils échapperont à cette hécatombe. Le moral est très bas, dit-on, d’autant qu’ils sont loin de leurs proches. Ils essayent de se soutenir entre eux et se demandent quand ce cauchemar va prendre fin enfin.

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Marie, la cinquantaine, a passé 15 jours en quarantaine. Alors qu’elle se préparait à rentrer chez elle, après cette période, elle a appris qu’il faudra rester sept jours de plus, car une infirmière affectée à l’hôtel a été testée positive. Une situation qui a provoqué la colère des patients dialysés dans le courant de la semaine, nécessitant même, l’intervention de la police.

Alors qu’elle s’armait de courage à deux mains pour affronter cette nouvelle semaine, se disant que les sept jours vont vite passer, elle a appris samedi matin, le décès d’un sixième patient dialysé. De quoi plomber le moral à nouveau. « Ce samedi matin, on s’est réveillé avec cette mauvaise nouvelle. Le moral est à zéro. On ne sait plus à quoi s’attendre. C’est vraiment stressant. D’autant qu’on est ici entre quatre murs. On n’a personne à qui parler et on ne peut sortir plus loin que la terrasse pour essayer d’évacuer la pression. C’est très difficile. »

Cette dernière se dit d’autant plus inquiète que deux patients du centre de quarantaine ont été testés positifs à la COVID-19 il y a deux jours. « Cela nous amène à nous poser beaucoup de questions. Ici, on fait le test PCR chaque deux jours. Comment se fait-il que pendant ces deux semaines, ils étaient tout le temps négatifs et puis, subitement, ils sont testés positifs ? Ont-ils été contaminés alors qu’ils étaient ici ? Est-ce dans l’ambulance ? À l’hôpital ? Cela fait vraiment peur. On fait le maximum pour prendre toutes nos précautions, mais le fait est là… »

Marie dit se souvenir de la dernière fois qu’elle a vu le sixième patient décédé. Celui-ci était aussi à l’hôtel Tamassa, avant d’être transféré à l’hôpital. « Ici, on échange parfois quelques mots de notre terrasse. Je me souviens, ce jour-là, il a crié du balcon pour nous faire savoir qu’il avait été testé positif et qu’il allait être transféré à l’hôpital. J’ai essayé de l’encourager en lui disant qu’il allait y trouver sa guérison, mais c’est la mort qui l’attendait. »

Elle attend avec impatience l’échéance de vendredi prochain, en espérant qu’elle pourra enfin rentrer chez elle et revoir les siens. Dans l’immédiat, son quotidien est rythmé de séances de dialyse, de repos… d’angoisse. « Le stress est omniprésent. On ne peut s’empêcher de se demander ce qui va se passer demain. On ne sait quand cela va s’arrêter. Par la grâce de Dieu je suis négative jusqu’à maintenant, mais j’ai très peur quand même.»

Les patients ont trois séances de dialyse trois fois la semaine. Cela se fait en plusieurs groupes. Ceux qui sont négatifs ont leurs séances de 7h30 à 10h30 ou de midi à 15h30. Après leur départ, ce sont les patients positifs qui viennent pour leurs séances. « Nous utilisons la même salle, mais à des heures différentes. Nous n’avons pas de contact avec les patients positifs.»

Marie se dit également préoccupée par ce qui se passera après cette période difficile et éprouvante. « Va-t-on pouvoir retourner à une vie normale après ? Je ne le pense pas. Beaucoup de choses vont changer. Notre mode de vie va sans doute changer.»

R. est lui un jeune patient de 34 ans. Cela fait huit mois seulement qu’il a commencé son traitement de dialyse. Comme Marie, il confie que la situation est très difficile. « Je suis épuisé moralement. Cela fait deux semaines que je vis cette situation unique et stressante. Toutes ces choses tournent dans ma tête. Et il en est de même pour ma famille. J’ai un fils de quatre ans, tous les jours il me cherche, il demande quand je vais rentrer. »

Ce dernier se dit d’autant plus inquiet car parmi les patients décédés, certains se portaient bien. « Un jour, j’ai croisé quelqu’un que je connaissais, puisqu’il habitait ma localité. Et deux jours plus tard, j’ai appris qu’il était décédé. Cela fait très peur. » Son plus grand souhait, affirme-t-il, était de rentrer chez lui, retrouver ses proches. « La famille a toujours été d’un grand soutien pour moi ; bien sûr, ils me téléphonent, chaque jour, mais ce n’est pas pareil. La présence physique compte beaucoup. Ici, je suis enfermé dans ma chambre. Je n’ai de contact avec personne. »

R. se souvient encore de ce vendredi après-midi quand il a reçu un appel lui disant qu’il devait se rendre en quarantaine. « Je me suis dit : bizin manz ar li. Bien sûr, il y avait un sentiment de peur, mais je me suis dit qu’il fallait faire face à la réalité. Aujourd’hui, tout ce que je veux c’est de rentrer chez moi. On devait partir après 14 jours, mais on a dit d’attendre encore sept jours. Et si jamais il y a d’autres personnes testées positives, on va nous garder encore. Cela devient très stressant et très angoissant. »

Au centre de quarantaine, les journées s’annoncent longues avec une incertitude angoissante en prime…

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