Country Economic Memorandum – Économie bleue : Maurice nage en pleins manquements

L’économie bleue est l’un des secteurs qui présentent le plus de potentiel pour la croissance économique dans l’ère post-COVID-19. Maurice a d’ailleurs emboîté le pas à d’autres pays qui investissent dans ce secteur. Le constat de la Banque mondiale dans le cadre du Country Economic Memorandum, rendu public cette semaine, qui dresse une série de recommandations pour le développement de ce domaine, note que Maurice nage encore en pleins manquements pour réaliser le plein potentiel de ce secteur.
En vue d’améliorer le secteur de la pêche à Maurice, la Banque Mondiale préconise la progression de l’aménagement de l’espace marin, démontrant que l’aménagement actuel est basé sur des dispositions institutionnelles solides, mais qu’elles se limitent à répondre aux questions spécifiques et ponctuelles. « En tant que tel, il s’agit davantage d’un cadre stratégique pour la prise de décision dans l’espace océanique que d’une planification spatiale », lit-on dans le rapport.
La Banque mondiale estime qu’il serait « mieux de développer un plan spatial complet », impliquant tous les secteurs sur l’ensemble du territoire maritime. Et l’un des secteurs clés manquants, qui est la pêche, devra y être intégré. Maurice devra pouvoir bénéficier du soutien financier et technique de l’Allemagne et de la Nature Conservancy pour s’engager dans la deuxième phase de la planification spatiale marine.
L’adoption d’une National Oceans Policy et d’une National Blue Economy Strategy est aussi préconisée par la Banque mondiale. « Le développement de l’économie bleue dans son intégralité, et du secteur de la pêche en particulier, doit se fonder sur une vision et un plan d’action clairs pour l’avenir. La préparation, l’adoption, la publication et la mise en œuvre de ces documents seront indispensables pour passer de la méthode actuelle de développement Business As Usual à un développement planifié et durable de l’économie bleue. Ils apporteront également crédibilité et sécurité aux investisseurs et aideront les parties prenantes à s’aligner sur les objectifs du gouvernement », soutient la Banque Mondiale.
La gestion de la pêche est l’un des sujets abordés dans le rapport. Avec en toile de fond, le plan du gouvernement visant à faire de Maurice un Seafood Hub, la Banque mondiale recommande au gouvernement de se focaliser sur la protection et de la conservation du stock de thons dans cette partie de l’océan Indien en premier lieu. « Les récentes inquiétudes au sujet de l’espèce du thon tropical dans l’océan Indien, particulièrement de l’albacore, représentent un risque principal au Seafood Hub et l’industrie des conserves à Maurice », prévient la Banque Mondiale.
Considérant les décisions de gestion prises au niveau régional, la Banque Mondiale demande à Maurice, aux autres pays côtiers et aux États-membres de l’Indian Ocean Tuna Commission de faire entendre leur voix « afin de promouvoir des mesures de conservation et de gestion adéquates et de veiller que sa flotte respecte ces mesures ». À travers les mesures de conservation et de gestion, la Banque Mondiale estime « moins de matières premières dans l’océan Indien sur le court terme, mais prévoit plus de stocks durables et prévisibles sur les moyen et long termes ». Et pour gagner en avantage compétitif, elle croit que « la durabilité par le biais de l’écoétiquetage sera cruciale sur les principaux marchés, dont l’Union européenne ».
Afin de favoriser des investissements privés durables, la Banque Mondiale mise sur « l’investissement dans l’évaluation des réserves nouvelles et existantes des bancs de pêche ». Elle déplore que le manque d’informations sur l’état des poissons pêchés sur les bancs au large des côtes et des bancs sous-marins « constitue une menace pour la durabilité de la ressource ». La Banque Mondiale regrette que le secteur privé ait identifié ce manque comme un obstacle majeur à l’investissement et à la rentabilité à long terme. Elle croit que « les investissements publics dans les évaluations des stocks et les plans de gestion, y compris les mesures telles que les quotas individuels transférables et les concessions à long terme, pourraient révéler le potentiel de ces pêcheries ».
Abordant le chapitre consacré à la gestion des risques de catastrophes, la Banque Mondiale brandit le renforcement du cadre stratégique. Elle estime que Maurice a fait « des progrès » depuis des années en établissant des institutions clés et en définissant les rôles et les responsabilités. Toutefois, le rapport y relève « des manquements ».
« Plusieurs stratégies opérationnelles, incluant la National DRM Strategy, qui met à jour le National DRR Strategic Framework and Action Plan de 2012, ont été rédigées depuis l’approbation du National Disaster Risk Reduction and Management Bill de 2016, mais doivent encore être finalisées et approuvées. La progression et l’institutionnalisation de ces stratégies nationales axées sur la résilience et la réduction des risques sont importantes pour le renforcement du système national de gestion des risques de catastrophe », indique-t-on.
Par ailleurs, la Banque Mondiale demande d’inclure le secteur privé dans la gestion des risques côtiers. « Le secteur privé, en particulier les hôtels, a l’intérêt et la volonté d’être un partenaire précieux dans la lutte contre l’érosion des plages. Leur implication dans le cadre d’accords public-privé bien conçus et contrôlés pourrait s’avérer bénéfique pour toutes les parties », dit la Banque mondiale et, ajoute que, de la même manière, le secteur privé peut soutenir la réduction des risques de catastrophe à travers le secteur des assurances. « L’assurance des entreprises et des ménages contre les événements climatiques et les catastrophes devrait être davantage encouragée et pourrait offrir des incitations supplémentaires à une planification plus consciente des risques et à des initiatives pour les réduire », souligne le Country Economic Memorandum.

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