COVID-19 – GM BUSINESS par Lakwizinn du PMO : La stratégie de l’éclipse

Au 40e jour du confinement de la deuxième vague de COVID-19, Maurice se retrouve à moins d’une quinzaine de jours d’un éventuel retour à la normale, avec la fin probable des restrictions sous la Quarantine Act, mais toujours dans le respect des gestes barrières. Toutefois, le bilan de cette résurgence, dont le coût économique est estimé à Rs 17 milliards, se décline avec 14 décès depuis le 5 mars dernier, même si les communiqués officiels du ministère de la Santé font toujours et encore état de cinq décès pour cette année.

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Avec les dix décès enregistrés l’année dernière, le cumul est annoncé à 24 avec le proviso que dans les 14 cas de cette année, deux sont considérés comme étant des cas négatifs. Même si le Cluster initial du 5 mars est délimité avec la société de commerce de fruits et légumes de SKC Surat de Wooton, la situation a pris des proportions dramatiques dans les différents centres de santé de l’île, que ce soit au New Souillac Hospital, notamment les patients suivant des traitements de dialyse contaminés par une Nursing Officer positive à la COVID-19, ou encore à l’hôpital Jeetoo en passant par le département de radiothérapie (Cancer Ward) du Princess Margaret Orthopaedic Centre sans oublier l’hôpital Dr Bruno Cheong de Flacq, et la clinique Muller à Curepipe.

Pour tenter d’expliquer cette propagation en milieu hospitalier, les responsables de la Santé soufflent le chaud et le froid. Tantôt le tandem Gaud/Joomaye pointait du doigt la réticence du personnel à se faire vacciner ou encore à respecter les gestes barrières, tantôt, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, caressait l’establishment de la Santé dans le sens du poil avec des félicitations pour leur dévouement.

Des 571 cas positifs locaux détectés ou encore du nombre de personnes placées en quarantaine, qui avait crevé la barre des 2 000 en début de semaine écoulée, la représentation numérique en provenance des centres hospitaliers, sous le contrôle du ministère de la Santé, pourrait s’annoncer conséquente. Mais le décompte officiel n’est pas disponible publiquement. Avec les chiffres de cas positifs recensés, ces derniers poussent les plus optimistes à avancer que le pic de cette deuxième vague aura déjà été atteint.
Néanmoins, ce qui a marqué ces 40 derniers jours, outre l’angoisse des proches de ceux placés en quarantaine pour les besoins de dépistage ou le calvaire de ceux qui y séjournent, sans compter le traitement cavalier des autorités à l’encontre des proches des victimes, demeure la stratégie d’éclipse élaborée et adoptée par Lakwizinn du Prime Minister’s Office avec les ténors de l’Hôtel du Gouvernement en hibernation à différentes périodes. Mais hier soir, il est apparu dans le Prime Time Bulletin de la MBC pour annoncer qu’il fera une annonce avec l’échéance du 30 avril.

Ainsi, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui préside les séances quotidiennes du COVID-19 High Level Committee, s’est gardé d’apparaître sur le radar de la cellule de communication ces 25 derniers jours. Sa précédente intervention sur la plateforme au PMO et en direct à la télévision remonte à la soirée du mardi 23 mars. Il avait annoncé une première phase du déconfinement, qui en fait n’était autre chose qu’une prolongation du Lockdown pour une période d’un mois, soit jusqu’au 30 avril.

Les plus perfides des observateurs diront que cette sortie médiatique nocturne « Doctored » par ses Senior Advisers pourrait se résumer à un Spin. Pourquoi? Dans la matinée, le rapport du directeur de l’Audit pour l’exercice financier se terminant au 30 juin de l’année dernière dénonce des abus sans précédent que ce soit pour des Emergency Procedures de plus de Rs 1 milliard à la State Trading Corporation et la Non Disclosure Clause dans le contrat de Rs 19 milliards du Safe City Network.

Abus sans précédent

Depuis le 23 mars, Pravind Jugnauth s’est éclipsé du champ de vision de la population sauf pour des épisodes de « not taking Xanax » à l’Assemblée nationale. « The Prime Minister will soon be back with the end of the lockdown », rétorquent les derniers des apparatchiks au Treasury Building. Mais sans le slogan COVID-SAFE ou COVID-FREE.
Le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo — qui avait été envoyé au front pour asseoir la campagne de vaccination après un début désastreux —, a voulu se montrer convaincant avec son mantra « seule solution, vaccination ». Il aurait voulu être l’apôtre de la réouverture de l’économie et des frontières. Mais très vite, il allait déchanter. Maurice ne disposait pas de stocks de vaccin nécessaires, le Premier ministre enfonçant le clou à l’Assemblée nationale : « Nous n’avons aucune garantie quant aux prochaines livraisons de vaccins. »

Steven Obeegadoo a dû tout simplement jouer Low Profile publiquement et faire taire son slogan même avec l’arrivée des 100 000 de vaccins Sinopharm de la République populaire de Chine en début de semaine écoulée. L’accent oxfordien n’a pas été entendu publiquement depuis des lustres déjà…

Le ministre Jagutpal, qui donnait jusqu’à lundi dernier l’impression de pouvoir se présenter comme le dernier des Mohicans politiques sur la plateforme de COVID-19, a finalement jeté les armes. Ainsi, depuis mardi dernier, de nombreux lecteurs appellent la rédaction du Mauricien pour savoir ce qu’il est advenu du rendez-vous Jagutpal chaque jour à 17 h 30 à la télévision. Contre vents et marées jusqu’au coup d’éclat du Government Information Services de l’émission en Zoom de lundi dernier, le ministre de la Santé intervenait pour donner des indications sur l’évolution du virus sur le terrain.

Au tout début de la nouvelle série, Kailesh Jagutpal se faisait accompagner d’autres ministres et surtout des Drs Catherine Gaud et Zouberr Joomaye. Mais au fil des jours, il a dû se contenter d’animer en solo ces émissions quotidiennes pour des raisons pas difficiles à deviner politiquement. L’assurance dans la voix du ministre devait se dissiper devant le lourd bilan de décès de patients de dialyse infectés au virus du New Souillac Hospital Cluster jusqu’à « calling it a day » après les 90 minutes de Zoom de lundi dernier.
Désormais, la seule consolation s’est résumée à un succint communiqué officiel avec une reprise du point de presse ce matin.

Par contre, l’éclipse de Catherine Gaud de la plateforme de COVID-19 Communication Cell a une seule et unique explication : son manque de compassion et de décence lors de l’annonce des décès au virus. Elle s’était retrouvée de manière systématique à donner des explications de nature médicale sur l’état des patients ou encore à présenter les causes de décès en évoquant tout sauf la COVID.

C’était son intime conviction professionnelle. Mais là où elle ne pourra pas se demander « kot monn fote ? » c’est quand elle s’est aventurée pour déclarer que « le décès était attendu » au regard d’un patient atteint de cancer et infecté du virus de COVID-19. Plus d’un concèderont qu’elle a franchi le seuil de la tolérance avec cette remarque suscitant un véritable tollé à tous les niveaux.

Depuis ce mardi, l’éclipse de Catherine Gaud est totale à la télévision aux côtés de Monsieur le Ministre alors que son compère, Zouberr Joomaye se contentant de jouer de temps à autre le rôle de « COVID-19 comeback kid » jusqu’à la disparition intégrale de la plateforme du paysage médiatique sans explication aucune…

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