Dentistes privés interdits de pratiquer : « Une décision discriminatoire envers les médecins et le public ! »

L’association déplore : « C’est une décision qui pénalise les patients ; une politique de deux poids, deux mesures ! »

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« Stupeur et incompréhension. » Ce sont les mots utilisés d’entrée de jeu par la Mauritius Dental Association (MDA), qui regroupe les chirurgiens dentistes opérant dans le privé à travers le pays, dans le sillage de l’annonce faite lundi soir par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, à l’effet que les dentistes du privé n’ont pas la possibilité de pratiquer actuellement. Le président de la MDA, le Dr Alain Chung Fat, ne mâche pas ses mots : « Cette décision unilatérale prise par le NCC, sans concertation avec les chirurgiens-dentistes du privé, est doublement discriminatoire. D’une part, elle nous écarte, nous les médecins de cette profession, tandis que ceux opérant dans le service public, eux, peuvent continuer de travailler, via les hôpitaux. Et d’autre part, cela pénalise fortement les patients ! »
Le président de la MDA souligne : « Définitivement, l’an dernier, nous avons tous été pris de court par la pandémie, et n’étions pas du tout préparés à faire face aux demandes spécifiques de la situation. Cependant, pendant le confinement de 2020, nous n’avons pas chômé ! Nous avons multiplié nos efforts, et ce, sans le soutien du Dental Council, qui avait pour tâche de nous épauler quant il est question de travailler de concert avec les instances étrangères pour l’élaboration d’une charte, répondant à un protocole mondial pour tous les dentistes. Qu’à cela ne tienne, nous avons fait nos efforts, fait l’acquisition, sans grande aide du gouvernement ou de quelque instance étatique, de PPE (Personal Protective Equipment). Et nous avons, une fois la levée du confinement, l’an dernier, repris nos activités dans le respect total des mesures sanitaires Cela, afin de répondre à la grande demande de la part du public. Malgré un ‘backlog’ important, et des restrictions nouvelles, comme pas plus de deux patients et la désinfection des salles et équipements de traitement régulièrement après le passage de chaque patient, nous avons relevé le défi. »

A ce sujet, souligne la MDA, « bien avant la Covid-19, nous pratiquions les procédures d’asepsie et de stérilisation » quotidiennement. « Et la première vision de gants et de masques chirurgicaux a probablement été dans nos cabinets ! D’où un fort sentiment d’injustice, de politique de deux poids, deux mesures. » Et l’association nationale de dénoncer, dans la foulée : « Au lieu de nous informer directement, comme ça a été fait aujourd’hui, cela a commencé par des descentes de police dans certains cabinets dentaires quelques jours auparavant ! »

Réprouvant fortement cette « attitude inélégante et indélicate », la MDA relève, d’autre part, que « depuis le premier confinement, nous nous sommes équipés en conséquence » (PPE, masques, matériel de désinfection et autres nouveaux équipements assurant un service impeccable dans le sillage de la pandémie mondiale). « De surcroît, nous sommes pour la plupart vaccinés. Nous avions aussi mis en place dès la fin du premier confinement un protocole sanitaire strict. Nous étions bien préparés à travailler sereinement dans les meilleures conditions cette fois. Malheureusement, les autorités nous interdisent d’exercer et on nous demande d’adresser les patients pour les traitements d’urgence dans les services dentaires des hôpitaux ou dans certaines cliniques. »

Sur ce point, la MDA se demande : « Pouvez-vous comprendre la logique où le dentiste à l’hôpital ou dans une clinique peut exercer, mais pas nous ? Est-ce que les conditions sont meilleures à l’hôpital ? » Qui plus est, retient la MDA : « Ces derniers jours, la plupart des hôpitaux nationaux ont enregistré des cas de patients ou de membres du personnel positifs à la Covid-19 ! Est-ce bien ‘safe’ de la part de nos décideurs politiques d’encourager le grand public à aller là où circule le virus ? »

D’ailleurs, explique encore l’association des chirurgiens-dentistes du privé, « des patients qui sont en contact permanents avec nous, leurs soignants, nous ont carrément déclaré qu’ils avaient peur de se rendre dans les hôpitaux », et qu’ils préféraient « souffrir » chez eux. « Est-ce juste ? Parce que ce n’est pas demain la veille que les consultations privées rouvriront, semble-t-il ! Pourquoi donc pénaliser ces personnes ? »

Le Dr Chung Fat fait remarquer que les urgences dentaires sont multiples et quotidiennes. « Cela touche les aînés comme les femmes enceintes, les enfants, les handicapés, les personnes ayant des pathologies spécifiques, comme les cancers… Il y a certaines urgences qui requièrent une intervention immédiate afin que cela n’entraîne pas d’infections nocives pour la santé ! »

La MDA ajoute : « Les chirurgiens-dentistes du privé continuent d’exercer et sont même sollicités par les autorités sanitaires, comme en France, pour effectuer la vaccination de Covid-19 auprès de leurs patients. Ici, le ministre de la Santé a évoqué la proximité de la bouche au cours des soins. Nous en sommes conscients ! Mais est-ce que cela veut dire que les autres professionnels de la santé, comme les médecins ORL, qui examinent le nez et la gorge des patients, ne se retrouvent pas dans cette même situation ? »

La MDA conclut : « Nous sommes satisfaits qu’à ce jour, aucun cas de contamination à la Covid-19 au sein d’un cabinet dentaire du privé n’a été rapporté à Maurice. Nous remercions nos patients pour la confiance et le soutien qu’ils nous ont toujours manifestés en venant se faire soigner dans nos cabinets, parce qu’ils savent qu’ils s’adressent à des professionnels de la santé. »

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