Depuis hier matin : En dix heures, Plaisance reçoit deux mois de pluie

Panique dans le Sud et le Sud-Est de l’île, littéralement coupés d’avec le reste du pays suite à des pluies diluviennes

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13 travailleurs des champs dans la région de La Ferme Coco, piégés par le débordement d’un cours d’eau, secourus par des éléments de la SMF, des MFRS et de la NCG

Une quinzaine d’étudiants prenant part aux examens du SC et du HSC contrariés

La pluviométrie enregistrée, hier, dans la région du Sud et du Sud-Est de l’île est des plus exceptionnelles. Et cela, même si du côté de la station de météo de Vacoas, l’on fait comprendre qu’un phénomène similaire s’était manifesté il y a deux ans, soit exactement le 29 janvier 2019, notamment dans la partie nord du pays. Néanmoins, le fait à retenir est que durant dix heures seulement, soit de 4 h à 14 h, hier, les environs du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, Plaisance, ont reçu 375 millimètres de pluie, soit le double de la moyenne de la pluviométrie pour un mois d’avril. Avec 178,8 mm de pluie, Riche-en-Eau se retrouve dans quasiment la même situation pendant la même période. Pour relever le caractère localisé de ces fortes averses, Vacoas n’a obtenu que 10,3 mmm, Grand-Bassin 20,4 mm et Mon-Bois 34 mm au cours de cette période de dix heures.

Par contre, les dégâts causés par ces inondations et ces débordements conséquents des cours d’eau ont été davantage ressentis le long de la côte du Sud-Est, comprenant des agglomérations comme Mahébourg, Ferney, Bois-des-Amourettes, Rivière-des-Créoles ou encore Bambous-Virieux. Cette région du Sud-Est était littéralement coupée du reste de l’île et les principales artères transformées en rivières en crue, bloquant toute circulation routière. D’ailleurs, à hier après-midi, les routes reliant Riche-en-Eau à Ferney, de Plaine-Magnien à Ferney, de Petit-Bel-Air à Ferney, de Ferney à Bois-des-Amourettes et de Charamel à Baie-du-Cap étaient tout simplement fermées à la circulation et il y a eu des interventions des forces de l’ordre, dont des éléments de la Special Mobile Force, des Mauritius Fire and Rescue Services et de la National Coast Guard mobilisés dans des opérations de déblayage.

D’ailleurs, les premières alertes ont été données très tôt hier matin et une opération conjointe de la SMF, des MFRS et de la NCG a été montée pour porter secours à treize travailleurs dans les champs piégés par des débordements dans la région de La Ferme Coco. Les forces de l’ordre ont dû également intervenir promptement pour porter secours à une quinzaine d’étudiants prenant part aux examens de School Certificate et de Higher School Certificate, bloqués sur la route dans des bus à cause de débordements à divers points du Sud-Est.

Étant donné que la météo prévoit que ces conditions atmosphériques très humides favorisant la formation de nuages actifs à caractère orageux durera jusqu’à demain, la National Emergency Operation Command opère au niveau II et les Local Emergency Operation Commands à Grand-Port et à Savanne ont été activées. Des éléments de la SMF, de la NCG et des MFRS ont été positionnés à des points stratégiques pour des interventions.

Opérations de sauvetage tous azimuts à Bambous-Virieux

Les fortes pluies qui se sont abattues sur le Sud et le Sud–Est de l’île ont provoqué des accumulations d’eau dans différents villages de la région hier matin. À Bambous-Virieux, des femmes qui travaillaient dans les champs de cannes ont été piégées lorsque la rivière est sortie de son lit. Au même moment, d’autres travailleurs étaient en détresse à la Ferme-Coco. Deux minibus transportant des candidates du SC et du HSC vers le collège de Lorette de Mahébourg étaient également immobilisés par la montée des eaux à Bambous-Virieux et Anse-Jonchée. Les candidates ont dû être transportées vers le centre d’examens dans des véhicules blindés de la SMF.

Matinée cauchemardesque dans le Sud-Est de l’île, hier. Les pompiers ainsi que des officiers de la Special Mobile Force (SMF) et de la police régulière, entre autres, ont dû intervenir pour secourir des personnes piégées sur leur lieu de travail après une subite montée des eaux. La situation s’est dégradée peu après 7h lorsqu’une rivière, située près d’un endroit connu comme La Ferme Coco, est sortie de son lit. Ainsi, neuf femmes qui se trouvaient sur place ont été secourues par la SMF et les pompiers. Cinq autres personnes qui travaillaient dans les champs ont aussi été secourues.

Estelle Apollon, conseillère de district du village de Bambous-Virieux, à Grand-Port, dit: «Il y a de grosses pluies dans la localité depuis 6h ce matin. Les rues sont inondées. L’eau provenant de la rivière en crue s’est répandue à plusieurs endroits dans le village. Je suis en contact régulier avec le conseil de district concernant les opérations d’urgence.» Jayshree Somera, présidente du conseil de village, confirme cette situation: «Il y a beaucoup d’eau dans les rues. Il y a même des maisons inondées. L’eau descend de la montagne vers la mer.»

Cette situation aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour des étudiantes qui se rendaient vers leur centre d’examens au collège de Lorette de Mahébourg. Dans un premier temps, un minibus transportant huit candidates au SC et au HSC a été immobilisé à Bambous-Virieux. Il a fallu l’intervention de la police, qui a escorté le minibus jusqu’au collège de Lorette de Mahébourg.

Un peu plus tard, un autre minibus, transportant cinq autres candidates, dont certaines venaient d’aussi loin que Trou-d’Eau-Douce, s’est lui aussi retrouvé en difficulté, cette fois à Anse-Jonchée. Dans l’impossibilité d’avancer, étant donné que la rivière était en crue et les risques que cela représentait pour les étudiantes, le chauffeur a appelé à l’aide. C’est finalement peu avant 10h qu’un véhicule blindé de la SMF est venu les chercher pour les transporter vers le centre d’examens, alors que leurs examens devaient débuter à 8h. Sollicité à ce sujet, un porte-parole du ministère de l’Éducation a laissé entendre que des dispositions ont été prises par le Mauritius Examinations Syndicate (MES) afin que les candidates concernées puissent prendre part à leurs épreuves. «Même si elles sont arrivées au centre en retard, elles ont eu le temps nécessaire pour compléter leurs examens. Des dispositions ont aussi été prises pour que ces étudiantes n’aient pas contact avec leurs camarades qui avaient déjà terminé le papier et qui attendaient leur deuxième examen. Tout a été mis en place pour que les étudiantes ne soient pas pénalisées», indique-t-on.

Outre Bambous-Virieux, plusieurs régions du Sud et du Sud-Est ont aussi été affectées par les grosses averses. Dorsamy Ayacoutee, Assistant Chief Fire Officer, confirme que les pompiers ont reçu une cinquantaine d’appels dans la région et ont dû intervenir rapidement pour évacuer l’eau. Outre les opérations de sauvetage à Bambous-Virieux et Anse-Jonchée, les pompiers ont fait des interventions à Petit-Bel-Air pour porter secours à une personne piégée dans sa maison après une subite montée des eaux. Cette dernière avait pu faire sortir ses enfants, mais elle est par la suite restée coincée dans sa maison. Vers 10h30, une équipe de pompiers était sur place pour cette opération de sauvetage.

Les régions ayant nécessité l’intervention des pompiers sont majoritairement dans la partie sud et sud-est, dont Bois-des-Amourettes, Rivière-des-Créoles, Providence, Beau-Vallon, Mare-Tabac et Nouvelle-France. Les services d’incendie ont mobilisé huit casernes pour gérer la situation dans ces régions.

Dolorès Lolotte : « Du jamais vu dans la région »

Habitant Rivière-des-Créoles depuis trente ans, Dolorès Lolotte a été choquée par les images d’inondation dans son village lorsqu’elle s’est réveillée le matin. «J’ai vu qu’il pleuvait, je suis sortie sur la terrasse pour voir si le canal près de chez moi avait débordé, comme c’est souvent le cas. Là, j’ai eu un choc devant cette quantité d’eau qui dévalait dans la rue. Le niveau d’eau n’arrêtait pas de monter.»

Elle poursuit: «Un homme qui essayait de traverser le pont sur sa moto a dû être sauvé de justesse par des volontaires. Des personnes sont descendues d’un autobus pour lui porter secours. Malheureusement, la moto a été emportée par les eaux. De même, des volontaires ont dû casser des barrages. Plusieurs maisons dans la localité ont été inondées.»

TÉMOIGNAGES — Coralie Cazelin : « L’eau a envahi le  rez-de-chaussée en quelques minutes »

À Rivière-des-Créoles, la villa One Love, qui abrite le couple Cazelin et leurs deux enfants, a été envahie par les eaux en l’espace de quelques minutes hier matin. La famille s’est alors réfugiée au rez-de-chaussée en attendant les secours. Coralie Cazelin témoigne que tout s’est passé très rapidement, sans qu’elle ait l’occasion de réagir.

«Comme il y a un canal près de chez nous, qui a l’habitude de déborder lorsqu’il y a de fortes pluies, je vérifiais de temps en temps ce matin pour savoir si l’eau s’accumulait. Il n’y avait rien d’alarmant, mais à peine deux minutes après, ma fille m’a dit que la piscine débordait. C’est là que j’ai vu une eau boueuse qui envahissait notre cour. Nous avons eu tout juste le temps de courir nous réfugier à l’étage. En l’espace de quelques minutes, l’eau avait envahi tout notre rez-de-chaussée. Du coup, nous n’avions plus de Wi-Fi ni de téléphone pour appeler les secours», raconte Coralie Cazelin.

Ce sont les employés de Coralie Cazelin, qui gère avec son époux la compagnie One Love, engagée dans les sorties en mer notamment, qui ont appelé à l’aide. Toutefois, les éléments de la SMF, qui s’étaient rendus sur place dans un premier temps, avaient estimé que la situation était très risquée, car il y avait un fort courant d’eau dans cette région. «Un de mes employés a essayé d’entrer pour nous porter secours, mais la SMF l’en a empêché, car cela comportait trop de risques», poursuit-elle.

À l’heure où elle se confiait au Mauricien, peu après midi, hier, Coralie Cazelin et sa famille attendaient toujours l’arrivée des pompiers. Ces derniers n’étaient pas au bout de leur peine, car outre leur maison qui a été envahie par des eaux boueuses, un de leurs bateaux a aussi été endommagé. «Après le Wakashio et tout, nous n’avons pas mis les bateaux à l’eau depuis longtemps, et nous en avons profité pour faire les réparations. Or, ce matin, je viens d’apprendre qu’un bateau qui venait tout juste d’être réparé, et qui se trouvait dans une cour à Petit-Bel-Air, a été endommagé après qu’un arbre est tombé dessus. C’est un officier de police qui m’en a informé», laisse-t-elle entendre avec un air de dépit.

 

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