ÉCONOMIE — Country Economic Memorandum — Compétitivité à l’exportation : du déclin à l’effondrement

  • Les revenus des exportations en 2015/19 ont baissé de 21% en termes de dollars comparativement à 2010/14

Le Country Economic Memorandum de la Banque Mondiale donne le ton, qualifiant d’emblée la situation au chapitre de la compétitivité de Maurice à l’exportation en ces termes : « Du déclin à l’effondrement ». Les exportations du pays, en se diversifiant, sont composées essentiellement de produits peu sophistiqués. Le portefeuille d’exportation pré-COVID était dominé par le tourisme, qui représente presque la moitié des revenus d’exportations, des produits alimentaires (essentiellement sucre et poissons) et l’habillement. La Banque Mondiale souligne que le panier des exportations de Maurice « n’est pas différent » de celle des pays dont les revenus par tête d’habitant sont moins élevés et moins sophistiqués technologiquement.

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Les secteurs émergents comme les assurances, la bijouterie, les produits chimiques, ainsi que les dispositifs optiques et médicaux ont contribué à rehausser les exportations, mais pas suffisamment pour faire la différence. Certains produits électroniques, des bateaux apparaissent comme des produits réexportés qui ne sont pas manufacturés à Maurice. La baisse des exportations des marchandises reflète des pertes rapides dans les secteurs à faible complexité combinée à une croissance limitée des activités plus complexes.

La Banque mondiale constate que, comparés aux exportations de la période 2010/2014, les revenus découlant des exportations en 2015/2019 ont baissé de 21% en termes de dollars. Ce déclin est attribué à la mauvaise performance des produits traditionnels, comme le sucre, les produits textiles et l’habillement basique. Or, la complexité des exportations (Export Complexity) est un indicateur de la sophistication des produits technologiques. Durant la première partie de la décennie, 72% des produits exportés à Maurice figuraient dans les taux de complexité les plus bas. Ces produits comprenaient le sucre, l’habillement et les produits de pêche.

Dans ce segment, les exportations ont baissé de 30% entre 2010-2014 et 2015-2019. Cette contraction n’était pas accompagnée d’une expansion proportionnelle des exportations des produits plus sophistiqués à laquelle on aurait dû s’attendre d’un pays comme Maurice, prenant en compte le taux élevé des revenus, avec pour conséquence qu’il y a eu une contraction globale. Or, Maurice a démontré sa capacité de produire des produits plus sophistiqués, mais cela « n’a pas été suffisamment mis en valeur ».

La Banque Mondiale cite les développements dans la production du plastique, des produits optiques et médicaux et des machineries. Certains ont continué à se perfectionner durant la dernière décennie. Par contre, « très peu de sophistication » a été constatée dans les domaines comme la bijouterie, l’élevage, et la production d’items alimentaires.

Au chapitre de la production des produits textiles, la majorité des entreprises sont restées au niveau inférieur en termes de complexité, à l’exception de quelques novateurs positifs qui se sont engagés dans la production des produits vestimentaires plus complexes.

Exportations des services soutenues par le tourisme

Si les exportations des services ont enregistré un déclin moins marqué que celui des exportations des marchandises, durant la période pré-COVID, c’était grâce à la demande globale dans le tourisme. Les revenus dans le secteur des services ont baissé de seulement 2% en termes de dollars entre 2010/2014 et 2015/19. Cette faible baisse est attribuée à la performance de l’industrie touristique, qui était portée par la demande internationale. Toutefois, le taux d’expansion des arrivées touristiques a été plus faible que celui enregistré par les pays voisins.

Ainsi, si les arrivées avaient enregistré une croissance de 20%, les Seychelles et les Maldives avaient de leur côté enregistré des taux de croissance de 37% et de 32% respectivement. En 2019, Maurice avait même affiché une baisse de 1% à 1,6% par rapport aux places disponibles au niveau aérien. Cette baisse est attribuée à un relâchement dans la protection de l’environnement, l’absence de produits innovants, et une trop grande dépendance sur des marchés traditionnels, et un tourisme saisonnier élevé.

Effondrement des exportations durant le confinement

Les exportations des produits d’exportation ont connu un effondrement durant la période de confinement l’année dernière. Elles devaient toutefois reprendre rapidement même si l’absence des connectivités aériennes pour le transport des cargos continue à constituer un obstacle. Après avoir enregistré une chute de 75% en avril 2020, les exportations des marchandises en juillet 2020 ont surpassé le taux enregistré en 2019. Toutefois, un décalage est relevé entre le commerce aérien et maritime. Si le commerce maritime a été supérieur à sa performance en 2019, à partir de juillet 2020, le commerce aérien est resté inférieur à 2019.

La Banque Mondiale note de plus que les exportations des services continuent à être très affectées en raison de l’inactivité de l’industrie touristique. Durant le deuxième trimestre de 2020, les revenus, découlant du secteur des services, avaient chuté de 68% comparativement à 2019. Pour l’ensemble de 2020, la contraction est estimée à 52% par rapport à 2019. Les revenus du secteur des services du voyage et du transport (Travel and Transport Services) se retrouvent avec une contraction de 87 et 83% respectivement durant le deuxième trimestre de l’année dernière.

La réouverture graduelle en octobre de l’année dernière n’a pas suscité un grand intérêt dans le domaine touristique vu que les visiteurs devaient obligatoirement passer par une quarantaine de 14 jours. Les services des affaires et des TICs ont également enregistré une chute l’année dernière. *

La Banque Mondiale constate que, tenant compte des incertitudes concernant la sortie de la pandémie et la reprise des voyages transfrontaliers et du tourisme, Maurice est confrontée à un défi en vue de la diversification de ses services afin de réduire sa dépendance sur le marché de voyage et du tourisme. Cela peut se faire grâce au développement du secteur des TICs et en développant des services plus sophistiqués. Maurice pourrait également utiliser ses accords de commerce préférentiel avec l’Inde.

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