ÉCONOMIE | Reprise post-COVID – Tourisme : deux années de « tough times ahead »

Le FMI ne prévoit un retour au “pre-pandemic level” de 2019 dans l’Hospitality Sector qu’à partir de 2023

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– Finances & Développement : « Tourism-dependent countries will likely feel the negative impacts of the crisis for much longer than other economies »

– Après un round initial avec Rs 6,6 milliards distribuées aux trois plus importants groupes hôteliers, le “War Chest” de la MIC de Rs 80 milliards devrait être de nouveau mis à contribution

Avec la problématique de la réouverture des frontières, permettant d’établir un tremplin pour un nouveau départ de l’industrie du tourisme, constituant toujours une nébuleuse politique, les perspectives pour ce pilier de l’économie demeurent sombres. Et cela, en dépit des zones de résilience. Les dernières analyses et prévisions du Fonds monétaire international sous la plume d’Adam Behsudi dans la première édition de Finances & Développement de 2021 sont des plus catégoriques : toute reprise touristique au “pre-pandemic level” de 2019 n’est envisageable qu’à partir de 2023. De ce fait, les capitaines de l’industrie touristique à Maurice devront s’attendre à au moins deux années de “tough times ahead” et de s’y préparer. S’ils ne l’ont pas déjà fait. Sur la base de cette configuration dans le secteur du tourisme, la Mauritius Investment Corporation Limited, filiale de la Banque de Maurice, qui a déjà consacré quelque Rs 6,6 milliards en soutien de financement aux trois plus importants groupes hôteliers à Maurice, pourrait être de nouveau sollicitée pour des interventions d’urgence à partir du prochain exercice financier.

Passant en revue l’industrie du tourisme mondial avec la pandémie de COVID-19 et sous le titre tant évocateur de “Wish you were here”, Finances & Développement réitère le postulat très sombre : « Tourism-dependent countries will likely feel the negative impacts of the crisis for much longer than other economies. Contact-intensive services key to the tourism and travel sectors are disproportionately affected by the pandemic and will continue to struggle until people feel safe to travel en masse again. »

Poursuivant ce tour d’horizon, cette publication officielle du FMI ajoute que « tourism receipts worldwide are not expected to recover to 2019 levels until 2023 » tout en s’appuyant sur le fait qu’en octobre dernier, le World Economic Outlook avait fait comprendre que « the shock in tourism-dependent economies will be far worse ». Et que : « Real GDP among African countries dependent on tourism will shrink by 12 percent. »

À Maurice, les opérateurs touristiques ont bénéficié des béquilles du gouvernement sous forme de Wage Assistance Scheme, et surtout des injections de fonds initiales de Rs 6,6 milliards en faveur des trois plus importants groupes hôteliers pour faire face à ce “virtual standstill”. Toutefois, compte tenu des obligations financières pour les deux ans à venir, les Rs 3,1 milliards accordées au groupe Sun Resort, les Rs 2,5 milliards au New Mauritius Hotels Ltd et Rs 1 milliard au groupe Lux* ne suffiront pas pour traverser la passe extrêmement difficile des deux prochaines années, qu’importe le timing de la réouverture des frontières.

D’aucuns affirment qu’il ne fait pas l’ombre d’un doute que le “War Chest” de Rs 80 milliards de la Mauritius Investment Corporation Ltd pourrait être mis à contribution dès le prochain exercice financier pour éviter que « the debt indicators showing more heightened vulnerability » au plan de la stabilité du système financier. Du côté de la Bank of Mauritius Tower, l’on préfère faire comprendre face à cette éventuelle équation que « we will cross that bridge when we’ll come to it ».

Toujours au chapitre des perspectives de croissance, dans son dernier rapport diffusé en fin de semaine dernière, la Banque mondiale prévoit un taux de 5,3% pour Maurice en 2021 pour passer à 6,8% en 2022. Toutefois, Maurice ne devrait pas remonter du taux de rétrécissement économique de -12,9% enregistré en 2020 avant 2023. La Banque mondiale note que le déficit par rapport à 2019 sera de – 6,1% à la fin de 2021 et de -1,1% en 2022.

Maurice est classée dans le groupe des pays de l’Afrique subsaharienne. La Banque mondiale estime que, selon les dernières estimations disponibles, la production dans cette région s’est contractée de 3,7% en 2020 à la suite des perturbations de l’activité économique provoquées par la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement qui se sont ensuivies.

L’analyse de la Banque mondiale rejoint celle du FMI selon laquelle les économies les plus touchées sont celles où la pandémie a le plus frappé, celles qui sont fortement tributaires des secteurs du voyage et du tourisme et celles qui exportent des produits de base, en particulier du pétrole. La pandémie a continué à se propager au deuxième trimestre dans plusieurs pays et ne donne guère de signe de s’atténuer.

Selon les estimations, le PIB de l’Afrique du Sud, où l’activité économique était déjà atone avant l’arrivée de la COVID-19, a diminué de 7,8% au cours de l’année écoulée. L’économie nigériane, quant à elle, a reculé de 4,1% en 2020, la pandémie entravant l’activité économique dans tous les secteurs. Les exportateurs de pétrole de la région ont été confrontés à une forte baisse des cours (Angola, République du Congo, Guinée équatoriale, Soudan du Sud), tandis que les pays dans lesquels les secteurs du voyage et du tourisme jouent un rôle prépondérant ont souffert de l’absence quasi totale de voyageurs (Cap-Vert, Éthiopie, Maurice, Seychelles). L’économie a marqué un moindre repli dans les pays exportateurs de produits agricoles (Bénin, Côte d’Ivoire, Malawi, Ouganda). Selon les projections, l’Afrique subsaharienne devrait enregistrer un redressement modéré en 2021, avec un taux de croissance de 2,7%.

Sur le plan mondial, après la chute enregistrée en 2020 sous l’effet de la pandémie, la production devrait renouer avec une croissance de 4% en 2021, soit un niveau bien inférieur à celui des projections pré-COVID. Ces prévisions sont toutefois exposées à plusieurs facteurs de risque à la baisse : recrudescence prolongée du virus, retard dans le déploiement des vaccins, effets plus graves qu’anticipé de la pandémie sur la production potentielle et montée des tensions financières.

« Ce degré accru d’incertitude vient souligner l’importance du rôle des pouvoirs publics pour à la fois favoriser de meilleures performances économiques et se prémunir contre les pires projections. Les gouvernements devront notamment trouver un équilibre entre le risque posé par la lourde charge de l’endettement et celui lié à un resserrement budgétaire prématuré, et promouvoir la résilience en préservant la santé et l’éducation, en améliorant la gouvernance et en renforçant la transparence de la dette », souligne la Banque mondiale.

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