Emergency Procedures : l’étau se resserre autour du réseau STC/Santé/Commerce

– Descentes des lieux des enquêteurs de l’ICAC dans la matinée au QG de la STC, dans les locaux de Hyperpharm Ltd ainsi que ceux des ministères de la Santé et du Commerce

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– Lettre du président du Labour et membre du comité parlementaire de l’ICAC, Patrick Assirvaden, au DG de l’ICAC pour réclamer une enquête sur le ministre Sawmynaden

Depuis ce matin, le dossier des Emergency Procurements pour l’approvisionnement en médicaments et équipements médicaux pour un budget de Rs 1,5 milliard pendant la période de Lockdown prend une nouvelle tournure. Probablement à la lumière d’une correspondance du président du parti Travailliste, Patrick Assirvaden, adressée au directeur général de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), Navin Beekarry, la décision de mener des perquisitions et descentes des lieux en simultané, notamment le QG  de la State Trading Corporation, de la société Hyperpharm Ltd dans la région de Saint-Pierre et des ministères du Commerce et de la Santé, a été mise à exécution en cours de matinée. Dans un premier temps, l’ICAC compte procéder à la saisie de tous les dossiers relatifs à ces Emergency Procedures, et à l’octroi de ces différents contrats d’approvisionnement pour le compte du ministère de la Santé principalement avec pour intermédiaires le ministère du Commerce et la State Trading Corporation.

L’inclusion de la société Hyperpharm Ltd, qui a bénéficié d’une dizaine de contrats d’une valeur d’un peu plus de Rs 55 millions entre le 23 mars et le 22 juin de cette année, indique que l’ICAC devra étendre cette enquête à au moins deux autres têtes de liste de la série, en l’occurrence Pack & Blister, incorporée en Espagne, avec le cerveau condamné pour fraude fiscale en Europe pour des contrats de plus de Rs 513 millions et Bo Digital Ltd avec presque Rs 400 millions de contrats du ministère de la Santé. À la suite des descentes des lieux du jour et l’examen des dossiers réquisitionnés, des responsables de ces différentes entités seront convoqués à l’ICAC pour des séances d’audition sur les procédures adoptées et les raisons des décisions prises.

De son côté, le député de l’opposition et membre du comité parlementaire Patrick Assirvaden, a réitéré hier une demande pour une enquête de l’Independent Commission Against Corruption. Dans une correspondance formelle adressée au directeur général de l’ICAC, il réclame une investigation sous les dispositions de la Prevention of Corruption Act et probablement également celles de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act contre le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, le ministère du Commerce et la State Trading Corporation.

« D’après les documents déposés à l’Assemblée nationale et les articles de presse, il est clair que ce sont des proches du pouvoir qui ont bénéficié de cet exercice d’Emergency Procurement mais on trouve une compagnie étrangère, dont le directeur a été condamné pour fraude fiscale », écrit Patrick Assirvaden dans la lettre. Il ajoute qu’en tant que membre du comité parlementaire de l’ICAC et dans l’intérêt public « je réclame que l’ICAC enquête sur le ministère du Commerce, le ministre Yogida Sawmynaden mais également la State Trading Corporation ».

Patrick Assirvaden souligne que « plusieurs zones d’ombre persistent sur l’utilisation de l’argent des contribuables quant à l’approvisionnement des équipements médicaux par le gouvernement » pendant le Lockdown de COVID-19.

À ce jour, avec son beau-frère parmi l’un des représentants des sociétés ayant décroché des contrats de fourniture de médicaments et d’équipements médicaux, le directeur général de la State Trading Corporation, Jonathan Ramasamy, s’est gardé de faire le moindre commentaire sur ce scandale révélé dans les documents rendus publics par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, suite aux Parliamentary Questions des députés de l’opposition.

Le Trader par expérience a laissé le soin au ministre Sawmynaden d’assurer sa défense dans cette affaire, le nom de la société du beau-frère ne se trouvant pas sur la liste des contrats financés par la State Trading Corporation à hauteur de Rs 1 milliard mais sur deux autres listes de contrats alloués par les ministères de la Santé et du Commerce. Toutefois, les liens d’affaires incestueux entre la société du beau-frère du General Manager de la STC et Bo Digital Ltd, qui a décroché des contrats de Rs 400 millions sous les mêmes Emergency Procedures, pourraient bien remettre les pendules à l’heure si l’ICAC décide d’instituer des enquêtes sur « le bal des contrats aux petits copains en plein confinement ».

Dans l’immédiat, du côté de la Banque de Maurice, l’on prend le soin de faire comprendre très subtilement que cette institution ne s’est pas mêlée à Lakwizinn de COVID-19 pour les contrats d’achat de médicaments et d’équipements médicaux. La Banque de Maurice a vendu des devises étrangères à la State Trading Corporation aux termes d’un arrangement. Toutefois, la disponibilité de ces devises étrangères alors que l’économie était à l’arrêt avec le Lockdown fait que « les proches du pouvoir ont pu récolter de dividendes de cette proximité ».

L’ICAC, si elle décide d’aller approfondir les choses, pourrait également s’intéresser à la formule mise en place pour les réservations de fret aérien à bord des courriers d’Air Mauritius en faveur de ces importateurs en période de confinement. Comme pour l’accès aux devises étrangères, le fret aérien n’était pas aussi facile pendant la pandémie de Coronavirus.

En tout cas, une première indication des intentions de l’ICAC a été obtenue ce matin avec les perquisitions en série et confirmation subséquente lors de la réunion du comité parlementaire convoquée pour demain sous la présidence de la Chief Whip du gouvernement Naveena Ramyad…

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