ENJEU — LES MUNICIPALES EN « BACKDROP » : GM et opposition, le temps de la recomposition !

Option de Lakwizinn du PMO pour un remaniement ministériel avec Kailesh Jagutpal en ballottage à la Santé et Roubina Jadoo-Jaunbocus donnée comme éventuelle Attorney General

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Les décorations pour les fêtes nationales du 12 mars devront politiquement récompenser la fidélité des Steven Obeegadoo et Alan Ganoo

Le rapport des forces de 15 à 12 entre le MMM-PMSD-RP et le PTr au Parlement fragilise le poste de leader de l’opposition occupé par Arvin Boolell et les fonctions de Whip de Shakeel Mohamed

Le PTr en solo pour le scrutin dans les cinq villes constituera mardi un comité d’organisation lors du BP en vue de dresser la liste des candidats

Dès le week-end des 13-14 mars, la double trêve politique observée pour le pèlerinage de Maha Shivaratree à Grand-Bassin et les fêtes nationales du 12 mars de la State House arrivera à échéance. D’ailleurs, la reprise des travaux de l’Assemblée nationale du mardi 23 mars interviendra dans des circonstances particulières, en l’occurrence avec un air de recomposition.

D’un côté, le gouvernement de l’Alliance Morisien, secoué par le départ de deux frontbenchers MSM du Conseil des ministres, soit Nando Bodha et Yogida Sawmynaden, pourrait se présenter sous un nouveau visage au sein de l’hémicycle suite à un exercice de remaniement qui se prépare depuis quelque temps à feu doux par les Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office (PMO). Même en face dans les rangs de l’opposition, la sérénité affichée lors de la marche du 13 février à Port-Louis n’a pas fait long feu. La tenue des élections municipales, annoncées pour cette année, à n’importe quel moment après la mi-mai, a brouillé les cartes, avec des premières lézardes, notamment le MMM-PMSD-RP se préparant à aller affronter l’électorat urbain sans le Parti travailliste. À l’initiative de son président, Patrick Assirvaden, le Labour devra annoncer, mardi, la mise sur pied d’un comité d’organisation pour ces mêmes municipales. Toutefois, avant de franchir cette dernière étape, les parlementaires de l’opposition, indépendamment de leurs appartenances, se préparent activement à passer à l’offensive contre le gouvermenent de Pravind Jugnauth, dénonçant la succession de scandales et autres maldonnes étalés sur la place publique presque de manière quotidienne.

D’aucuns affirment qu’après le 12 mars et probablement avant la rentrée parlementaire du 23, le leader de l’Alliance Morisien et Premier ministre pourrait mettre à exécution un remaniement ministériel tenant en ligne de compte des développements politiques intervenus notamment avec les quatre manifestations de rue depuis le samedi 11 juillet de l’année dernière. Outre le fait que le portefeuille de l’Attorney General est en suspens, ceux des Affaires étrangères et du Commerce, l’un aussi important que l’autre, demandent à être redistribués de manière formelle entre parlementaires de la majorité. Il y a encore la responsabilité du Tourisme à être précisée ministériellement.

À ces ministères est venue s’ajouter la problématique du ministère de la Santé, avec des observateurs politiques avançant que le ministre Kailesh Jagutpal, le colistier du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, est donné comme étant en ballottage lors de la prochaine édition de la political musical chair. Jusqu’ici, Kailesh Jagutpal a tenu tête à tout projet de réallocation des fonds budgétaires de son ministère en vue de régler une note de Rs 512 millions, dont le coût des ventilators de Pack & Blister d’Espagne au paying agent des COVID-19 Emergency Procurements qu’est la State Trading Corporation (STC).
Outre la résistance farouche opposée au sein du gouvernement à ce paiement pour le compte du COVID-19 National Committee, présidé par Pravind Jugnauth, Kailesh Jagutpal a poussé au cours de la semaine écoulée le bouchon un peu plus loin, au grand dam de Lakwizinn du PMO. Le ministre a choisi de « go public » sur ce litige en déclarant à la presse qu’ « il n’est pas question pour le ministère de la Santé de payer pour des équipements qui ne sont pas conformes aux spécifications » en faisant allusion aux réclamations de Rs 512 millions de la STC pour les contrats alloués à la société Pack & Blister.

Mais pire, cette déclaration du ministre Jagutpal est venue bousculer une stratégie de Lakwizinn visant à projeter la First Lady de la République, Kobita Jugnauth, aux avant-postes de l’échiquier politique. Dans une tentative de renverser la vapeur sur le plan d’image building, tout avait été préparé minutieusement jeudi dernier au complexe de Côte d’Or pour cette mise en orbite politique avec une mobilisation à outrance de l’aile féminine du MSM.

Sauf que les Top Chefs de Lakwizinn n’avaient pas prévu que le ministre de la Santé, organisateur de cette sortie, allait régler ses comptes des emergency procedures et cela sans débourser le moindre sou. Toutefois, le prochain remaniement ministériel pourrait voir au mieux Kailesh Jagutpal quittant la Santé pour faire de la place à un autre ministre plus accommodant aux directives pour le paiement des Rs 512 millions à la STC. Le précédent épisode de Roshi Bhadain, qui avait objecté au paiement des Rs 32 millions d’administrator’s fees à Sattar Hajee Abdoula dans l’écroulement de l’empire BAI de l’ex-Chairman Emeritus Dawood Rawat, en témoigne avec le chèque émis dès le lendemain de son départ du gouvernement de Lalyans Lepep au début de 2017 avec le “Deal Papa-Piti”.
Attention

surprise !
Au sujet du remaniement, très peu d’informations transpirent, sauf que les ministrables, dont le Private Parliamentary Secretary et député de Piton/Rivière-du-Rempart (N°7), Rajanah Dhaliah, et ancien General Manager de la STC, se voit en pole position pour succéder à Yogida Sawmynaden au Commerce, et les autres aspirants-ministres, en l’occurrence Subashnee Lutchmun Roy, renforçant la présence féminine au Cabinet ou encore la PPS Tania Diolle, la main droite d’Alan Ganoo, sans oublier le MSM shouting brigade leader, Vikash Nuckcheddy, préfèrent jouer low profile pour ne pas porter préjudice à leurs chances.

Attention, la surprise du chef de ce remaniement ministériel pourrait se conjuguer au féminin. Se prévalant des prérogatives sous la Constitution, le Premier ministre joue avec l’idée de permettre à une ancienne membre de l’Assemblée nationale de faire son entrée au Cabinet. Le nom de Roubina Jadoo-Jaunbocus est cité avec persistance dans les milieux de l’Hôtel du Gouvernement comme étant la prochaine Attorney General, responsabilité assumée jusqu’ici par Maneesh Gobin, qui est également ministre de l’Agro-Industrie.
Mais une condition sine qua non doit être accomplie avant cette éventualité. L’ancienne Private Parlamentary Secretary Roubina Jadoo-Jaunbacus devra avoir son nom « cleared » dans le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen. La décision de la Judicial Review portée devant la Cour suprême devra tomber d’un moment à l’autre et dépendant de la décision du chef juge Asraf Caunhye, les procédures seront enclenchées.

Néanmoins, avant d’abattre ses cartes avec le remaniement ministériel pour insuffler un nouvel élan au gouvernement de l’Alliance Morisien, avec la pandémie de Covid-19 pesant lourd à l’heure du bilan de la première année et en prévision du rendez-vous crucial des prochaines élections municipales, le Premier ministre dispose d’autres political bargaining chips entre ses mains. La liste des décorations de la République pour les fêtes nationales du 12 mars devra constituer une garantie de fidélité pour ses partenaires au sein de la majorité gouvernementale.

Ainsi, le Deputy Prime Minister et ministre du Logement et du Tourisme aussi bien que le leader de la Plateforme Militante, Steven Obeegadoo, et le ministre du Transport et des Affaires étrangères, Alan Ganoo, sont donnés comme des bankers pour se voir conférer la plus haute décoration de la République, soit le Grand Commander of the Star and Key of the Indian Ocean (GCSK) le 12 mars. Une manière pour Pravind Jugnauth de les récompenser pour leur soutien des plus inconditionnels au sein du gouvernement.
Mais surtout se rassurer quant à la présence et la participation de ces composantes de l’Alliance Morisien sur le terrain lors des prochaines élections municipales. Très peu d’indications ont filtré par rapport au timing de la tenue de ces élections municipales. Mais à partir de la mi-mai, soit après le mois du Ramadan et de la fête Eid-ul-Fitr, célébrée le vendredi 14 mai, dépendant de la visibilité de la lune, les états-majors politiques devront être sur leurs gardes à toute éventualité.

Pour les besoins de la campagne municipale, Pravind Jugnauth devra compter sur la contribution de Steven Obeegadoo dans les limites de Curepipe, de Kavy Ramano et d’Alan Ganoo avec Tania Diolle en extension à Quatre-Bornes et également un forcing du même Ganoo en complément à la présence du Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo à Beau-Bassin/Rose-Hill et de l’équipe ministérielle du MSM, comprenant le tandem Lesjongard-Husnoo à Port-Louis.

Mais la recomposition ne sera pas seulement à l’ordre du jour du côté du gouvernement. Avec un éventuel Shadow Prime Ministership de Navin Ramgoolam remis en question publiquement au sein de ce qui était l’entente de l’opposition du PTr-MMM-PMSD-RP, les postes de leader de l’opposition et de Whip, occupés respectivement par Arvin Boolell et Shakeel Mohamed, sont en sursis. Et cela en dépit des garanties des leaders du MMM et du PMSD, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval, de ne pas brusquer les choses pour l’instant.
« Trahison
politique »
Mais dans les rangs du Parti travailliste, devant ce qui est présenté comme une « trahison politique », l’on indique que « l’état-major et les partisans du Labour sont sur le point de switch off l’entente de l’opposition, si ce n’est pas déjà le cas. Lelektorat travayis inn blese ar seki zot inn fer ». La réunion du Bureau politique et celle du comité exécutif, convoquées pour mardi, s’annoncent cruciales à plus d’un titre pour passer en revue la situation au sein de l’opposition post-25 février et décider de la marche à suivre.

Mais déjà, les die-hard rouges sont convaincus que le parti n’aura d’autre choix que de faire cavalier seul pour les prochaines élections municipales. Ainsi, ce ne sera nullement une surprise lors des délibérations du Bureau politique de mardi que Patrick Assirvaden, président du parti, soit appelé à proposer la mise sur pied d’un comité d’organisation en vue de dresser la liste des candidats et le programme des activités du parti au niveau des cinq villes. « Ce sera une démarche des plus logiques pour le parti quand on sait que les leaders des autres partis de l’entente de l’opposition ont déjà annoncé qu’ils allaient briguer le suffrage dans les villes sans le Parti travailliste », fait-on comprendre.

En ce qui concerne les postes de leader de l’opposition et de Whip à l’Assemblée nationale, une aile au sein du Parti travailliste aurait déjà written off « le semblant de générosité ki nou pa pou briske les soz ». « Nous savons pertinemment bien que s’il n’y avait pas l’intervention du PMSD, surtout de Xavier-Luc Duval, la décision aura déjà été prise au sujet du poste de leader de l’opposition. Ti finn deza ena traktasyon pou ranplas Boolell. Nou o kouran de tousala. Depuis, que n’a-t-on pas entendu au sujet de Shakeel Mohamed en tant que Whip de l’opposition ? » ajoutent des sources autorisées au Labour.

Dans la conjoncture politique, le rapport des forces au sein de l’opposition, soit 12 parlementaires pour le Labour, neuf pour le MMM, cinq pour le PMSD et un avec l’arrivée de Nando Bodha, techniquement un 12 contre 15, fait que le Labour ne peut prétendre à ces deux postes constitutionnels à l’Assemblée nationale. « Au Parti travailliste, nous ne sommes pas attachés à des postes ou à des fonctions, surtout quand nous sentons que nous avons été victimes d’une trahison. À trois ans et demi des élections, nous ne voyons nullement l’urgence de discuter du Prime Ministership. Toute cette précipitation de leur part découle d’un seul élément en dépit de la solidarité affichée et de l’engagement pris lors de la marche du 13 février. C’est l’effet Bodha qui a tout changé », ajoute-t-on en guise d’explication à ce stade.

Difficile à dire à ce stade si l’état-major du Parti travailliste prendra les devants pour demander à Arvin Boolell de se retirer volontairement en tant que leader de l’opposition et Shakeel Mohamed du poste de Whip, vu « les ressorts cassés » entre partenaires du bloc de l’opposition. Ou encore si cette formation politique, qui a fêté son 85e anniversaire le 23 février, attendra de se faire administrer un camouflet politique avec une révocation formelle.

Le choix du prochain leader de l’opposition devant se faire alors, pour la première fois dans les annales parlementaires, quatre anciens leaders de l’opposition, Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval, Nando Bodha et Arvin Boolell, se côtoieront dans les travées de la minorité d’un hémicycle en état de recomposition…

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