(ENJEU) PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES : Post-COVID-19 : laborieux déverrouillage en perspective !

Prévoir un coup de vent à la Bourse et dans le monde des affaires avec la directive formelle de la Banque de Maurice aux banques pour un gel sans appel des dividendes
Business Mauritius : « Our understanding is that the first quarter of 2021 would continue to present accrued challenges, due to the situation in our key markets »
La Banque centrale : « Cautious spending patterns and economic uncertainty continue to impact household consumption and private investment »

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L’étape du 1er octobre, avec la phase II de la re-opening of borders strategy du gouvernement s’apparente à un laborieux déverrouillage de l’économie dans le sillage de la pandémie de COVID-19. À cette dernière est venue se greffer le naufrage du MV Wakashio au large de Pointe d’Esny il y a deux mois, aggravant du même les risques de l’opération de « visibilité dan marenwar ». Le test demeure l’évolution de la situation sur le front de l’emploi ou, si vous voulez, le tableau du chômage, à partir du début de l’année prochaine. Ce sentiment se dégage de manière quasi unanime et surtout dans les rangs du secteur privé, notamment les membres de Business Mauritius subissant de plein fouet les contrecoups de « these unprecedented and challenging times » — expression utilisée au cours de la semaine par le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam. Toutefois, en fin de semaine, les directives formelles de la Banque de Maurice aux banques commerciales au sujet d’un gel sans appel des dividendes aux actionnaires pour cette année devrait générer des conséquences sur la Bourse de Maurice avec des rippling effects dans le monde des affaires et surtout la communauté des petits porteurs, qui avaient vu en ces blue chips des banques une valeur refuge dans cette conjoncture marquée par l’incertitude sur tous les fronts en l’absence d’un vaccin éprouvé contre le virus de COVID-19.

Le focus sur la réouverture des frontières sous des conditions jugées des plus astreignantes par les Big Boys de l’hôtellerie pourrait être relégué au second plan. Et pour cause ! En fin de la semaine écoulée, une directive émanant de la Banque de Maurice imposant aux banques commerciales l’interdiction de déclarer et de procéder à la distribution de dividendes aux actionnaires à Maurice aussi bien qu’à l’étranger. Cette décision a été formulée subséquemment à la publication d’une Guideline on Payment of Dividend par la Banque centrale. Pourtant, les banques sont perçues comme étant l’une des rares activités économiques susceptibles de générer des profits vu l’écroulement du tourisme et du textile, sans compter les déboires de l’industrie cannière.
Dans un premier temps, la dernière Guideline en date sur le site web donnait l’impression d’être une élaboration de nouveaux critères et conditions régissant la déclaration et la distribution des dividendes à partir des profits accumulés par les banques commerciales. Dorénavant, toute distribution de dividendes aux actionnaires des banques doit obtenir le feu vert de la Banque centrale. Mais très vite, en fin de semaine, les banques et autres autres deposit-taking institutions opérant sous une licence de la Banque de Maurice ont été informées du gel des dividendes pour cette année dans le cadre d’une stratégie de consolidation du système financier face aux effets de la crise économique qui perdure.
« Valeur du jour, cette prudential measure a été entérinée, même si les banques commerciales continuent à faire preuve de résilience. But we never know how all this will unfold in the coming months », fait-on comprendre dans les milieux officiels de la Bank of Mauritius Tower, mettant l’accent sur le principal objectif du nouveau regulatory framework à l’effet que « no deposit taking institution shall declare, credit or pay, or transfer abroad, any dividend or make any other transfer from profits until the conditions set out are met, to the the satisfaction of the Bank of Mauritius. »
En tout cas, à partir de cette année, tout dividende des banques est sujet au feu vert du régulateur au terme des clauses 27 (1) et 100 de la Banking Act et de la section 50 de la Bank of Mauritius Act. Toutefois, les remtombées de cette nouvelle disposition sur le marché boursier de la Stock Exchange of Mauritius sont à suivre avec la reprise des opérations dès demain. La réaction des détenteurs de titres bancaires et l’évolution des cours au tableau officiel, notamment des actions de la Mauritius Commercial Bank, devront retenir l’attention du plus petit aux corporate shareholders.
Toute réaction boursière négative pourrait peser lourd et refroidir les tendances, d’autant qu’au niveau de la Banque de Maurice, l’évolution à la Bourse était présentée comme un des signes positifs de ces dernières semaines. « Equity indices such as SEMDEX and SEM-10 have partly recouped their losses since the resumption of trading operations at the Stock Exchange of Mauritius », soutient le gouverneur de la Banque de Maurice après les délibérations de la réunion du Monetary Policy Committee de mercredi dernier.
D’autre part, lors de l’assemblée générale de Business Mauritius tenue vendredi, le Chief Executive Officer et le Chairman de cette instance suprême du secteur privé, Kevin Ramkaloan et Vidia Mooneegan, n’ont pas caché les risques qui pèsent sur l’économie au cours des mois à venir et surtout à partir du premier trimestre de l’année prochaine avec la fin du moratoire imposé au chapitre des licenciements.
Ainsi, le CEO de Business Mauritius, qui reconnaît que « our economy, which has been at a stanstill during the lockdown from March to end of May, is seeing signs of modest recovery in some sectors », tire la sonnette d’alarme sur le fait que le plus difficile est encore à venir. « Our understanding is that the first quarter of 2021 would continue to present accrued challenges due to the situation in our key markets and, to some extent also, on the timing of the full reopening of borders which matter for various economic activities such as tourism, business travel, professional and technical activities and the real estate sector, to name a few », note-t-il.
“Disastrous
circumstances”
Pour sa part, le Chairman de Business Mauritius rappelle que, « in the last six months, our economic sectors and companies have been impacted in very different ways. The more or less 25% of our economic operators who are involved directly or indirectly with tourism are facing disastrous circumstances. For the other 75%, some companies are achieving good results, and others are teetering on the verge of bankruptcy. Most of us are somewhere in between. »
Au sein du secteur privé, l’on ne se préoccupe pas seulement du ralentissement sur le plan économique, mais aussi du désastre écologique causé par le naufrage du MV Wakashio le samedi 25 juillet dernier et surtout de l’inclusion formelle de Maurice sur la Back List de l’Union européenne en matière de lutte contre le blanchiment de fonds et le financement du terrorisme, une réalité devenant incontournable à partir de jeudi prochain et jusqu’à février de l’année prochaine pour les plus optimistes à l’Hôtel du gouvernement.
Face à ces « numerous waves of unprecedented disruption », Business Mauritius préconise une thérapie allant dans le sens d’un renforcement du dialogue et de la concertation avec les stakeholders, stratégie qui a rapporté des dividendes avec « the sanitary response to the COVID-19 global pandemic which has been exemplary ». De ce fait, Kevin Ramkaloan fait ressortir que « the importance of sustained public/private dialogue and business community coordination is amplified in times of crisis. Business Mauritius will continue engaging with the authorities on matters of relevance to the business community in the spirit of national collaboration and sustainable, inclusive growth ».
Le CEO de Business Mauritius ajoutera lors de son intervention à l’assemblée générale que pour 2020-21, l’accent sera mis sur des initiatives visant à favoriser ce renforcement du dialogue avec les autorités, une meilleure coordination au sein de la communauté des affaires, l’établissement d’une stratégie économique commune, le lancement d’un Code of Practice pour les entreprises locales et la digitalisation des services de l’association, entre autres. Il ajoutera dans le rapport annuel que « the real game changer during these times is to understand the importance of establishing a regular, structured, inclusive and constructive dialogue with the authorities and other economic and social stakeholders ».
Business Mauritius a également fait part des appréhensions avec des changements intervenus dans le cadre légal du travail, notamment l’introduction du Portable Retirement Gratuity Fund, de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) en remplacement du National Pensions Fund (NPF) à partir du 1er septembre et la mise à exécution de la Workers Rights Act. Le rapport annuel de Business Mauritius indique qu’une étude confirme qu’avec l’adoption de la Workers’ Rights Act , « businesses are incurring huge financial and non-financial impacts that are directly affecting their operations and output especially relating to provisions on contribution to PRGF/past services, end of year bonus, overtime and vacation leave ».
Inquiétudes
En ce qui concerne le projet de Portable Retirement Gratuity Fund, le secteur privé se félicite du fait que suite à des discussions avec l’État, l’entrée en opération du PRGF a été repoussée à 2022. Cette dérogation a été rendue possible sous The COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Act. « The most substantial amendments are, notably, postponing the enforcement of the provisions relating to the Portable Retirement Gratuity Fund. In order to mitigate the impact of PRGF on SME’s, regulations have been made for a partial contribution to be made to the Fund for the seed capital from the Workfare Programme », indique le rapport annuel.
Par contre, en ce qui concerne la Contribution Sociale Généralisée, Business Mauritius a eu moins de chance, car les contributions variant de 1,5% à 3% pour les salariés et de 3% à 6% pour les employeurs et de l’ordre de 9% pour le gouvernement sont entrées en vigueur depuis le 1er septembre avec les premiers versements à la Mauritius Revenue Authority (MRA) devant intervenir le 30 novembre. À l’assemblée générale de vendredi, Kevin Ramkaloan a présenté les inquiétudes de la communauté des affaires par rapport à l’imposition de la CSG en remplacement du NPF.
Toujours en ce qui concerne l’urgence du dialogue entre stakeholders, Business Mauritius s’appesantit sur le fait que « fiscal and labour policies, as well as international compliance and governance structures, are part of these conversations. Post-lockdown, this dialogue has also led to policies to support distressed businesses ». Commentant les autres instruments disponibles pour encadrer les entreprises « in a bewildering situation of near-zero revenue for several months », le secteur privé recommande une accélération des procédures de déboursement que ce soit au niveau de la Banque de Maurice, de la Mauritius Investment Corporation, de la Banque de Développement, de la State Investment Corporation et d’ISP Ltd.
L’urgence en ce dernier trimestre de l’année en cours est de mettre à la disposition des petites et moyennes entreprises et des mid-sized enterprises des ressources financières nécessaires « so that businesses can sustain their strategies for the prevailing contraction and forge new business models ». Car avec l’échéance du 31 décembre prochain, la configuration du tableau du chômage pourrait s’assombrir. À ce stade, la Banque de Maurice concède que « the labour market has seen an increase in unemployment but not to the extent initially anticipated. Fiscal support has mitigated the anticpated deterioration in the area of unemployment ».
Et, en contrepartie, « cautious spending patterns and economic uncertainty continue to impact both household consumption expenditure and private investment ». Sans compter la « lacklustre performance » des exportations. Mais plus grave encore en termes de performance sont les prévisions de la Banque centrale au sujet d’un manque à gagner de Rs 58 milliards sous forme de recettes en devises étrangères avec l’arrêt des activités dans le tourisme et le ralentissement des exportations de biens et services.
Autant de facteurs faisant craindre une entame de la prochaine année dans des conditions encore plus éprouvantes…

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