Manifestation Solider : démonstration en faveur des droits des travailleurs et des citoyens

La Manifestasion Solider, réunissant plusieurs organisations de la société civile, se félicite de la participation à la mobilisation populaire dans les rues de la capitale, samedi. « Ce n’est que le début, et la population est décidée à se faire entendre alors que sous prétexte de COVID-19, le gouvernement a par tous les moyens bous labous lepep », soutiennent les principaux organisateurs de la marche, la première de l’ère post-COVID et depuis les dernières élections générales.  À cette occasion, les militants ont adressé une lettre au Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour une série de revendications. Celles-ci vont du rétablissement des droits des travailleurs à un dialogue social, dans l’éventualité d’une deuxième vague de la Covid-19, en passant par « plus de transparence dans l’utilisation des fonds publics ».

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Ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement à Port-Louis samedi pour marcher pour la liberté. Cette manifestation, rappelons-le, a été organisée dans le sillage du vote de la Covid-19 Act et de la Quarantine Act pendant le confinement. Les syndicalistes étaient tout de suite montés au créneau pour dénoncer le fait qu’on touchait aux droits des travailleurs sans leur donner la possibilité de s’exprimer, car étant sous couvre-feu sanitaire. Parmi eux, des employés d’hôtel, des plaisanciers, des ICT Support Officers, des fonctionnaires et des petits planteurs, entre autres. Mais aussi des militants des droits humains, de la protection de l’environnement, des droits des consommateurs, des syndicalistes, parmi tant d’autres.

Dans la lettre adressée au Premier ministre, les protestataires dénoncent les atteintes aux droits des citoyens et le fait que « le gouvernement et une poignée de gros milliardaires ont pris le pays et le peuple en otage ». Le Kolektif Konversasyon Solider demande ainsi au Premier ministre de rétablir les droits enlevés aux travailleurs sous la Covid-19 Act et de garantir l’emploi, le salaire et la retraite. Il est aussi demandé de ne pas changer le système de pension « pour le moment » et d’honorer la promesse électorale pour la pension à Rs 13 500. De même, il est souhaité que le gouvernement introduise un contrôle sur le prix des commodités essentielles. Une allocation spéciale équivalant à un mois de salaire est aussi réclamée pour tous ayant travaillé pendant le confinement.

Parmi les revendications, on relève également « plus de transparence » dans l’utilisation de l’argent public, particulièrement dans les entreprises du privé, où le collectif suggère qu’un représentant de l’État et un représentant des travailleurs siègent au conseil d’administration. L’arrêt des projets jugés néfastes à l’environnement est aussi réclamé, tout comme le gel des dividendes, dans le secteur privé.

Il est également demandé au Premier ministre de renforcer le secteur public afin de « protéger la vie ». Pour cela, le collectif souhaite que les postes vacants soient remplis, que « l’État providence soit consolidé » et que le gouvernement investisse dans les services de santé et de la qualité de la vie. À ce sujet, pour mieux préparer le pays à faire face à une nouvelle pandémie, il est réclamé que la Quarantine Act soit à nouveau amendée afin « d’éliminer l’ingérence du Premier ministre et du commissaire de police dans les décisions sanitaires et de santé publique ». Une commission nationale, regroupant le gouvernement, l’opposition ainsi que les forces citoyennes est aussi souhaitée.

Par ailleurs, le collectif suggère de « placer la vie au centre des décisions ». Pour cela, les droits de la nature, de la biodiversité et des terres agricoles doivent être inscrits comme des « commons » dans la Constitution. À ce sujet, il est réclamé de suspendre la construction de nouveaux hôtels et de développer une nouvelle forme de tourisme, où les valeurs écologiques et la participation des villages côtiers seront considérées. Il est aussi souhaité que l’océan soit utilisé pour sauvegarder la souveraineté alimentaire.

Finalement, il est suggéré que des Assises citoyennes nationales soient organisées dans chaque circonscription « afin de tirer les leçons de la crise et de promouvoir une autre vision de la société » mauricienne.

Ambiance sur le trajet

Si le mouvement de foule a été lent et timide au point de rassemblement sur le parvis de la Cathédrale à la mi-journée, à 13h, la foule, masquée, avait grossi et était devenue plus compacte. Symboliquement, la marche organisée par le Kolektif Konversasyon Solider a démarré en face de la Cour commerciale, où est située la statue d’Anjalay Coopen, symbole de la lutte contre les oppressions, et notamment de la lutte des travailleurs pour leurs droits. Droits aujourd’hui « bafoués », ont scandé les manifestants, qui ont choisi de marcher à leur aise dans les rues de la capitale en ce samedi après-midi, « parski se pa tou lezour ki nou gagn sa sans-la ». Ainsi, la marche, qui a démarré à 13h, a duré jusqu’à 15h30, avec des manifestants comprenant des jeunes et moins jeunes, employés de différents secteurs économiques, dont des skippers, des employés du secteur sucrier, des usines de thon, de petits ateliers manufacturiers… et des personnes devenues depuis peu sans-emploi ou de simples citoyens solidaires revendiquant leurs droits à une vie meilleure.

Dans la foule qui, pour l’occasion, au-delà des masques obligatoires, arborait des bandeaux rouge, jaune et vert, ainsi que le drapeau de Maurice, se trouvait aussi des syndicalistes, des ONG, le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, ainsi que quelques-uns de ses fidèles. Les autres partis politiques ont, eux, décliné l’invitation, préférant organiser leur propre manifestation autrement prochainement. Mais la manifestation a attiré foule.

Au thème principal de cette marche (“Nou valeur, c’est la vie, la solidarite ek la liberte”) se sont ajouté les fidèles « are nou non » ou « travay se nou drwa ». Au passage du cortège, devant le bureau du Premier ministre, pendant plusieurs minutes, les manifestants ont scandé « lev pake ale », réclamant ainsi la démission du gouvernement. Tout au long de cette marche, il a aussi été question de « bizin election correction ».

La marche s’est déroulée dans la discipline totale, une trentaine de policiers veillant au grain. Avant le début de la marche, Clency Bibi, président de la General Workers Federation (GWF), et Narendranath Gopee, son homologue de la Federation of Civil Service and Other Union (FCSOU), aux côtés du père Labour, avaient mis en terre deux plantes, « symboles de notre engagement à la solidarité pour tous ». Solidarité avec les travailleurs, solidarité avec les familles, solidarité avec les victimes de pertes d’emploi, de viols, ou qui ont perdu leur toit… Solidarité « ar nou liberte ».

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