Notation de Moody’s — Opération « Lakaz Mama » contre la douche froide du « downgrade »

– La Banque de Maurice, la MBA et Mauritius Finance s’agrippent au maintien de l’Investment Grade de Maurice face à l’érosion de l’Economic and Fiscal Strength avec la COVID-19

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À peine les premiers détails du communiqué officiel de Moody’s Investors Service portant sur le “downgrade” de Maurice et les prévisions de Negative Outlook connus, une offensive frisant une opération « Lakaz Mama » a été enclenchée. Dans l’ordre, Mauritius Finance, la Mauritius Bankers’ Association et la Banque de Maurice sont venues de l’avant avec des commentaires avec un dénominateur commun, le maintien de l’Investment Grade de Maurice. Systématiquement, ces organisations au-dessus de tout soupçon font systématique abstraction des avertissements de Moody’s, notamment que « Mauritius faces prospects for a slower economic growth recovery, with the tourism industry likely to suffer durable effects » ou encore « the severity of the contraction and the government’s fiscal policy response contribute to a significant rise in government debt and weakening in Mauritius’ fiscal strength ».

Ainsi, le président de Mauritius Finance, par la voix de son président, Mahesh Doogakant, s’évertue à relativiser les conclusions de l’exercice annuel de notation de Moody’s Investors Service. Il avance que ce “downgrading” ne concerne pas que Maurice et s’explique surtout par le contexte pandémique. « L’analyse de Moody’s s’est effectuée dans un contexte exceptionnel. Il est vrai que la nouvelle est difficile à prendre, mais nous en retenons le positif. L’Investment Grade est resté inchangé et nous sommes le seul pays de l’Afrique subsaharienne à avoir ce statut », dit-il.

Abordant les prévisions de la croissance économique, Mauritius Finance ne semble toutefois pas sur la même longueur d’onde que l’agence de notation. « Moody’s prévoit un retour à la normale dans deux ans, mais nous, nous pensons que cela peut aller plus vite », estime-t-il. Pour Samade Jummun, Chief Executive Officer (CEO) de Mauritius Finance, « malgré la note de Moody’s, le pays bénéficie d’un environnement macroéconomique et politique favorable à la croissance économique et attirant pour les investisseurs ».

Samade Jummun dit rester confiant dans la reprise, « notamment vu les efforts entrepris pour vacciner 60% de la population rapidement ». Et d’ajouter : « Ce développement nous aidera à rouvrir nos frontières et, ainsi, à faire repartir le secteur touristique, ce qui permettra une reprise économique plus solide. » Il dira que depuis mars 2020, 30 autres pays ont régressé dans la notation de Moody’s sous l’effet de la pandémie, dont l’Inde, le Rwanda, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Kenya.

Interrogé au passage sur le maintien de la juridiction mauricienne sur la Grey List du Financial Action Task Force (FATF), Mahesh Doorgakant estime que « Maurice a fait des progrès », lesquels sont d’ailleurs « reconnus » par la FATF. « Nous avançons dans la bonne direction et nous espérons que d’ici la prochaine évaluation de juin, nous aurons encore progressé pour être en mesure de sortir de la liste en octobre », dit-il.

Même son de cloche concernant la notation de Moody’s du côté de la Mauritius Bankers Association (MBA), qui affirme dans un communiqué que le statut d’Investment Grade de Maurice a été maintenu. « Maurice conserve son statut d’unique centre financier international dans la région subsaharienne avec une notation Investment Grade. Les banques commerciales opérant à Maurice demeurent stables, liquides, et bien capitalisées », se félicite l’association des banquiers, d’habitude assez timide dans ses prises de position.

La MBA souligne que Maurice a été « considérablement affectée » par la pandémie et que, par conséquent, « les agences de notation ont revu à la baisse leurs notes et perspectives pour plusieurs pays, avec un recul de plusieurs crans dans certains cas ». Et d’ajouter : « Ces révisions sont généralement basées sur des facteurs tels que les contraintes fiscales, l’augmentation de la dette publique et la visibilité sur le plan économique. »

BANQUE DE MAURICE :

« Le secteur bancaire

demeure “highly resilient” »

La Banque de Maurice réagit à la notation de Moody’s en s’appuyant sur le statut Investment Grade. La Banque de Maurice (BoM), dirigée par Harvesh Seegolam, explique ainsi : « The authorities responded proactively by providing assistance to the key stakeholders severely impacted by the pandemic. Policies and actions taken have helped preserve economic and social stability whilst preventing spillovers. »

Le communiqué de la banque centrale ajoute : « Challenges to the balance of payment have been dampened by FDI inflows whilst financial markets have been supported through sustained interventions by the Bank of Mauritius. » La BoM justifie aussi ses choix concernant la politique monétaire, en estimant que « the Bank has adopted an accommodative stance as central banks globally have », et se réjouit que « Moody’s has stressed on the fact that Mauritius has a “strong institutional framework which has supported historically high and stablegrowth rates” and that “past economic growth has supported an increase in income per capita, signaling a higher capacity to absorb shocks” ».

Le communiqué de la banque centrale souligne par ailleurs que le secteur bancaire « has remained highly resilient » et que « capital and liquidity buffers of banks still remain above minimum regulatory requirements », ajoutant : « Inflation has been contained and is expected to remain low. » La banque se dit « confiante » à propos des perspectives économiques et s’engage à maintenir la stabilité du système financier mauricien.

Mais toujours est-il que Moody’s Investors Service note tout simplement que : « The negative outlook also captures the risks related to some of the pandemic-related policy measures, and in particular the large financing of the 2021 budget by the central bank, which raises risks to monetary policy effectiveness. There is a risk that the large expansion of the monetary base increases inflationary pressures that prove hard to contain, leading to a rise in domestic. »

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