Reopening of Borders Strategy : Difficile contre-la-montre des hôteliers

Des consultations internes, notamment à la MCCI, laissent présager des réserves au sujet de la réouverture réclamée par les acteurs de l’hôtellerie

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Survey de la Chambre de Commerce et d’Industrie avec pour principal choix la réouverture en septembre ou en janvier 2021

Des lobbyistes tentent d’imposer leur agenda à Lakwizinn du PMO en amont des discussions « décisives » du National High Level Committee demain

La Reopening of Borders Strategy devant être adoptée par le gouvernement donne lieu à des échanges, pour ne pas dire des affrontements, entre différents intérêts sur le plan économique. Certes, du côté de l’industrie hôtelière, l’exigence de la réouverture des frontières dans les meilleurs délais demeure la priorité et les opérateurs sont engagés dans une difficile course contre la montre. Toutefois, le menu proposé par ce secteur se heurte à des objections de la part d’autres filières économiques remettant en question « la précipitation » affichée. Les discussions se succèdent en interne au niveau de différentes plateformes au sein du secteur privé depuis le début de la semaine en amont de la réunion du National High Level Committee annoncée pour demain. D’ailleurs, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI) mène un Survey auprès de ses membres pour confirmer la tendance auprès des opérateurs de l’économie. Des cinq questions proposées, l’on constate que les principaux intéressés sont appelés à se prononcer entre septembre prochain et janvier 2021 pour la réouverture des frontières.

Dans des milieux avisés du secteur privé, l’on affirme que dans la conjoncture la décision du gouvernement relève d’une « Balancing Act », notamment avec le spectre de la pandémie demeurant une menace pour tous les pays qui se sont hâtés à rouvrir des frontières. D’ailleurs, les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie sont aussi appelés à se prononcer sur le questionnement suivant : « Can the Mauritian economy register a second wave followed by a second lockdown ? »

Plusieurs opérateurs économiques sont d’avis que le gouvernement devrait accepter un « trade-off », d’un côté compte tenu des pressions exercées par les hôteliers et d’autre part, au vu de la position adoptée par ceux qui surfent sur le dynamisme de la reprise post-confinement avec des mesures pour neutraliser toute propagation de la COVID-19.

Ainsi, les consultations de ces derniers jours, notamment parmi les diverses parties prenantes économiques, dont Business Mauritius, la Mauritius Chamber of Commerce and Industry et la Mauritius Export Association, révèlent des désaccords sur le « Timing » de la réouverture avec le spectre de la deuxième vague, surtout au regard de ce qui se produit dans des pays à travers le monde.

Ainsi, de nombreux acteurs économiques se prononcent contre « la précipitation » des hôteliers pour que le gouvernement établisse un calendrier afin qu’ils puissent entamer les réservations des touristes pour la période de fin d’année. Les contestataires, ceux qui appréhendent une réouverture précipitée, mettent en avant qu’un éventuel « Re-Lockdown » serait intenable pour l’économie dans son ensemble.

L’enjeu de la Reopening of Borders Strategy se précise dans la mesure où la réunion de cette semaine du National High Level Committee, présidé par le Premier ministre, s’annonce décisive. Face aux risques que l’échéance de cette réouverture soit reportée au début de l’année prochaine, dans certains milieux, on avance que des lobbyistes seraient à l’œuvre au sein de Lakwizinn du Prime Minister’s Office pour tenter d’imposer l’agenda de certains capitaines de l’industrie.

Certains de ces acteurs économiques mettent en exergue l’appui du tourisme au PIB contre les coûts qu’engendrera un nouveau confinement national, et des manques à gagner de Rs 40 milliards par mois, rajoutés au paiement des Assistance Schemes chiffrés à Rs 5 milliards. Des opérateurs de plusieurs milieux, notamment la construction, la manufacture ou encore la restauration, ne cachent pas leurs appréhensions quant aux risques qu’encourt le pays avec une réouverture des frontières « précipitée ». Ils craignent que la réouverture trop rapide vienne freiner le « feel good factor .

Les consultations entre divers Stakeholders ont aussi débouché sur le manque d’un plan directeur en cas d’une deuxième vague du Coronavirus dans le pays et si cela engendre un nouveau Lockdown total du pays. L’on propose ainsi une réouverture partielle et ciblée parmi ceux qu’on laissera fouler le sol mauricien avec des touristes High Net Worth ou encore des hommes d’affaires souhaitant travailler à Maurice. D’autant plus qu’on ne veut pas non plus que les autres secteurs porteurs de l’économie paient le prix d’une décision hâtive.

L’on met aussi de l’avant qu’une baisse de mouvements au niveau du Shopping Mall de Bagatelle a été notée, du moins pendant quelques jours, après la confirmation que l’hôtel Voilà est utilisé à des fins de quarantaine. Une situation qui confirmerait une certaine frayeur chez les Mauriciens.

Au niveau de l’hôtellerie, l’on clame que si le gouvernement ne précise pas ses intentions au plus vite, l’on risque de frôler une crise sociale. Les Seychelles et les Maldives, qui ont déjà rouvert leurs frontières, se sont déjà positionnées sur le marché du tourisme et sont déjà en avance en termes de réservations. Les différents acteurs de ce secteur acceptent qu’il va falloir mettre en place un système pointu de contrôle à l’arrivée, notamment au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, et à plusieurs niveaux, de l’embarcation jusqu’à l’hôtel ainsi que durant le séjour des touristes.

« Si nou pa ouver nou tase », concédait d’ailleurs un opérateur en début de semaine. Mais entre le lobbying du côté du PMO et du ministère des Finances, la posture des autorités sanitaires est jugée cruciale. Les techniciens du ministère de la Santé ne voudraient pas eux aussi prendre des risques, laisse-t-on entendre dans les milieux avisés.

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