Santé publique – Négligence médicale : Meurtre présumé à l’accouchement !

– L’autopsie sur le bébé, pratiquée par les médecins légistes, soit les Dr Gungadin et Chamane, attribue le décès à une asphyxie à la naissance

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– Traumatisée, la jeune mère est hantée jour et nuit par le bruit de « so likou inn fer pak », qu’elle a entendu alors qu’elle était en salle de maternité au SSRNH

– Vicky Ram, le père, encore sous le choc de ce drame : « Monn pas devan mo zanfan mo pa ti kone parski li ti dan enn plastik lor latab… »

Les détails de ce qui s’est passé à la maternité du Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital (SSRNH), dans la nuit de lundi à mardi, attendent encore d’être précisés pour être consignés dans le dossier à charge contre le ministère de la Santé sous Kailesh Jagutpal. Toutefois, Vicky Ram, le père du bébé, mort-né dans des conditions extrêmement dramatiques à l’hôpital, est catégorique : « Se enn krim ki zot inn fer. » Outre le sac plastique dans lequel le corps sans tête du bébé avait été présenté à son père, ce qui est encore plus révoltant est la boîte en carton, dans lequel il a été placé par la police pour le transfert à l’hôpital Jeetoo en vue de l’autopsie. « Koup mwa, pena disan. Mo pe get mo zanfan dan enn bwat, enn bwat gato, pe saryer pe vinn lopital. Kouma dir ou pe sarye ti lisien dan bwat ou pe amenn lopital », déplore de manière amère ce père blessé par une absence totale de compassion de la part de la Santé de Kailesh Jagutpal.

Face à cette dure épreuve, alors que cette naissance aurait dû être porteuse de bonheur au sein de la famille, ce père, tout accablé, n’a pas encore digéré le traitement qu’a subi le mort-né, placé dans un sac en plastique sur une table ; au point où il ne cesse de répéter en boucle : « Monn pas devan mo zanfan mo pa ti kone parski li ti dan enn plastik lor latab… » En tout cas, ce meurtre à l’accouchement du lundi 12 avril, vers 23h, devra hanter et interpeller plus d’un au ministère de la Santé, du plus haut échelon politique à l’équipe médicale et para-médicale de service au SSRNH. À ce stade, les procédures ne sont qu’au stade préliminaire, même si le Medical Council a déjà été saisi du dossier et que les conseils légaux de la famille, menés par Mes Valayden et Goodary, ne comptent nullement lâcher prise face à ce cas caractérisé de négligence médicale.

C’était un adieu des plus déchirants, hier après-midi, au cimetière Bois-Marchand, avec la présence de proches de la petite Prishtee Ram venus, peu nombreux, protocole sanitaire oblige, en ce temps de confinement, rendre un premier et dernier hommage à l’innocence sans défense meurtrie. Un décès que la famille, traumatisée, refuse d’accepter. Si pour les autorités de la Santé, l’enfant serait mort-né, la famille crie à la négligence médicale. Surtout que ce bruit « so likou inn fer pak » hante toujours la mère, encore hospitalisée et encore sous le choc de ce qu’elle a vécu à l’hôpital.

Ainsi, au lieu de tenir son enfant dans ses bras, c’est un cercueil tout de blanc, synonyme d’innocence, que Vicky Ram tenait hier après-midi. Elle aurait dû s’appeler Pristhee. Et son arrivée était prévue au mois de juin. Mais lundi, vers 23h, elle a annoncé son arrivée, prématurée. Sa maman, Sweta a commencé à avoir de fortes contractions vers 23h. Accompagnée de son époux, elle s’est rendue à l’hôpital du Nord. « Sa arive ! Dokter dan prive inn dir nou ek linn explik nou ki, mem si li ne lor 7 mwa, ena tou swin pou kapav grandi bebe-la », confie le jeune père, qui n’accepte pas encore les circonstances dans lesquelles s’est déroulé ce drame.

En sanglots, il revient sur cette nuit qui marquera à jamais son couple. « Mo madam pa ti ena bel konplikasion. Depi li zanfan, li diabetik, me li swiv tretma pou sa. Ek dokter ti fini prevnir nou ki pou bizin fer sezarienn », dit-il. Ainsi, lorsque le couple Ram, habitant Mon-Goût, Pamplemousses, arrive à l’hôpital lundi soir, immédiatement Sweta, la maman, est placée en salle de travail. « Zot inn gete ek zot inn dir lakousman deswit, parski kol dilate », poursuit Vicky Ram.

En salle de maternité, on demande alors à Sweta « de pousser ». C’est ainsi qu’au lieu d’accoucher par césarienne, le personnel de l’hôpital aurait tenté de faire naître le bébé par voie basse et des complications sont alors survenues. Pourtant, la dilatation du col de son épouse était seulement à quatre centimètres, affirme Vicky, qui dit avoir entendu les échanges entre les membres du personnel à la maternité. « Ki finn arive ? Kifer zot inn dir akous normal alor ki tou dimounn kone ki bann madam diabetik bizin fer sezaryenn ? Sa mem mo pe rod konpran », dit le père. L’accouchement a duré plus longtemps encore. Car celui-ci par voie basse étant difficile, il a fallu attendre l’arrivée du médecin pour pratiquer une césarienne afin de retirer la tête du bébé.

Le père raconte que lorsqu’il a insisté pour voir son bébé, dans un premier temps, cette demande lui a été refusée. Puis ils ont consenti. Il est passé devant son enfant sans savoir, car ce dernier avait été placé dans un sac en plastique. « Monn pas devan mo zanfan mo pa ti kone. Li ti dan enn plastik lor latab », lâche-t-il avec colère. Ce n’est que lorsqu’il a demandé à l’infirmier de lui montrer son enfant qu’il a compris que « sete sa plastik lor latab-la ». « Mo zanfan ti dan enn sak plastik an debout. Lekor enn kote, latet enn kote », pleure-t-il.

Si l’autopsie pratiquée, dans la soirée de mercredi, à l’hôpital Jeetoo par les Drs Gungadin et Chamane du Police Medical Department, a attribué le décès du bébé à une asphyxie à la naissance, la famille Ram ne compte pas en rester là, car des preuves irréfutables de négligence médicale sont là. En tout cas pour la famille. « Mo madam pa ti sipoze akous par vwa bas. Enn krim zot inn fer », s’insurge Vicky Ram.

C’est traumatisée sur son lit d’hôpital que Sweta réclame la justice. Dans un enregistrement vidéo posté sur Facebook, elle est revenue sur son accouchement avec moult détails, expliquant comment, lorsqu’alors qu’elle poussait de toutes ses forces, « zot ti pe rise rise (le corps de l’enfant, ndlr) ». « Ler ki zot pe ris so lekor ki so likou inn kase. Monn tande kouma mo zanfan so likou inn kase », relate la jeune femme. Un son « pak », qui la hante jour et nuit. Anéantie, elle murmure « zis lazistis mo bizin aster ».

Dans leur version, des employés de la maternité de SSRNH avancent que le bébé aurait été étouffé par son propre cordon ombilical. Ce que contestent les parents, qui ont retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry et de Me 
Anoup Goodary. Ils ont aussi porté plainte, par le biais de Vicky Ram, à la police de Piton et de Pamplemousses contre le personnel médical. Pour le couple, la thèse de l’étouffement ne tient pas froidement la route, car au lieu d’être mauve ou noire, le bébé était « blan net ».

Le couple Ram envisage d’entrer une action en justice

En attendant que Sweta se rétablisse pour donner sa version des faits à la police, les avocats de la famille Ram, épaulés également des Mes Rouben Mooroongapillay et Rama Valayden, entre autres, se concertent pour entamer des actions légales, même si, à ce stade, l’option d’une Judicial Inquiry est privilégiée pour faire la lumière sur les circonstances entourant le décès de leur bébé.

Un des hommes de loi trouve que « la police n’a pas vraiment les compétences » pour faire une enquête sur un cas médical. « Elle est formée pour résoudre des cas criminels. Alors qu’avec une Judicial Inquiry, c’est la cour qui décidera s’il y a matière à poursuite et contre qui. » Au niveau de l’hôpital, on laisse comprendre qu’une enquête interne sera initiée.
D’autre part, du côté de la police, l’enquête devrait démarrer incessamment sous les consignes de la Criminal Investigation Division (CID) du nord ou même du CCID. L’une des premières tâches des enquêteurs sera d’obtenir la liste des Midwives et du gynécologue, impliqués dans ce cas dès l’arrivée de la mère à l’hôpital lundi soir.

La police a aussi prévu de chercher le dossier médical de Sweta Seeneevassen Ram, née Koonkoon, pour obtenir les détails sur sa grossesse ces sept derniers mois. Selon nos renseignements, elle était suivie par un médecin de l’Hôpital du Nord. La police attend toujours le feu vert du personnel de la Santé pour interroger la maman du bébé mort-né. Sa version est jugée cruciale, car elle dit avoir entendu les différentes conversations pendant son accouchement.

Elle a d’ailleurs confié à son époux qu’un membre du personnel aurait dit « rise rise ». Et ce serait là, selon elle, que le corps et la tête de son bébé se seraient détachés.

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