(Tirs croisés) Crise et tension sociales : La parole des religieux peut-elle être salvatrice ?

Quand les valeurs morales s’effritent dans une société, à commencer par ceux qui en sont à la tête, quand un pays passe par des moments de crise de confiance et de tension sociale, quand des meurtres immondes sont commis par des adultes comme s’il s’agissait d’un jeu banal, quand des détournements et autres vols sont commis sans scrupule aucun, les religions peuvent-elles apporter un souffle salvateur ?

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Dans un pays où la laïcité a une coloration particulière, plusieurs religions étant fortement pratiquées sont-elles capables d’amener la population à se ressaisir sur les comportements à adopter ? Pour l’“acharya” Bramdeo Mookoonlall, le religieux ne devrait pas se cantonner au domaine du privé. « Si on s’attache aux valeurs de la vie prônée par les religions, nous serions plus humains avec plus de valeurs. »

Il est d’avis que les religions peuvent permettre de bâtir des ponts et aider à mieux connaître l’autre. « La connaissance de l’autre permet de développer l’entente parce que si je ne connais pas ce que l’autre fait, je serais méfiant. Si on veut consolider le tissu social autour des valeurs, je crois que la religion a un rôle très important à jouer. »

Bashir Nuckchady, secrétaire général du Conseil des Religions (CdR), estime quant à lui qu’on ne peut régler les problèmes sociaux sans les hommes religieux. Ces derniers ont, en effet, une certaine influence sur leurs dévots, ce qui fait que les messages passent mieux. Il ajoute que lorsque sur le plan de la diplomatie, on ne parvient pas à résoudre les conflits, c’est par le truchement des religieux qu’on peut espérer une sortie de crise. Le père Philippe Goupille, président du CdR, considère que « les religions ont un rôle important à jouer dans notre société mauricienne pour rappeler l’importance des valeurs morales ». Il dira que la prise de parole par des religieux « contribue au progrès moral et spirituel de l’homme et de la femme ». Au nom du CdR, il exhorte ses collègues prêtres et confrères pasteurs, pandits, imams et autres responsables de culte à ne pas se laisser entraîner et tomber dans le communalisme ou à véhiculer des slogans négatifs sur les autres communautés. « Évitez à tout prix d’encourager le repli identitaire, l’antagonisme, toute parole ou attitude qui pourrait nous dresser les uns contre les autres. »

BRAMDEO MOOKOONLALL (ACHARYA) : « La connaissance de l’autre permet de développer l’entente »

Le Conseil des Religions vient de lancer “Religions in Mauritius”, un film documentaire pour raffermir les liens entre les divers groupes ethniques. Cette initiative vient-il à propos selon vous, dans le contexte que l’on connaît, où le peuple a le sentiment que les valeurs éthiques sont bafouées, que la richesse du pays profite à des “happy few” en pleine crise économique. Quel rôle les religions peuvent-elles jouer face à une société clivée ?
Je crois que le lancement du film tombe à pic. La question est de savoir quel regard on porte sur la religion. Se contente-t-on seulement des rituels ou va-t-on au-delà pour s’attarder sur la spiritualité innée au rituel pour ensuite la vivre au quotidien ? Sous cette dernière perspective, les religieux, dirigeants et autorités se comportent en tant que modèles, en pratiquant ce qu’ils prêchent. Les valeurs émergent à la surface et il n’y a no skeleton in the cupboard. Par contre, du moment où une personnalité publique dit qu’elle a une vie privée, c’est là que le bât blesse car elle a un espace pour faire toutes sortes de bêtises. Elle a une façade pour le public. Or, les valeurs doivent rejaillir tant au niveau de la vie publique qu’au niveau de la vie privée. L’homme public qui établit une distinction entre sa vie publique et privée laisse sceptique. Dans le Sanatan Dharma, on dit qu’il faut une harmonie totale entre nos pensées, nos actions et nos paroles, qu’elles soient écrites ou parlées. Ensuite, une harmonie totale entre ce que je fais et ce que j’encourage à faire. D’après la loi du karma, ce que je pense, dis et écris compte. Il y a aussi ce que je fais au niveau personnel, mon style de vie qui encourage les autres à en faire de même. Si je dois dire oui mais que je garde le silence parce que cela ne plairait pas à d’autres, cela revient à donner mon assentiment. C’est pourquoi on a besoin d’un retour aux valeurs universelles humaines. Au fond de toutes les religions, les valeurs universelles se rejoignent, à quelques détails près. Dharma renvoie à « une vie juste », à tout un code d’éthique dans sa vie personnelle et dans la société. Il y a aussi ce qu’on appelle le Yama Niyama : “self discipline” et “social discipline”. Par exemple, il faut qu’on soit adepte de la vérité, de la non-violence, la non-accumulation des choses en dehors de ce dont on a besoin. Dans le concept du dharma et du Yama Niyama, quand vous parlez de richesse, cela revient à faire violence envers les autres parce que vous privez les autres du minimum vital… Au lieu de calculer seulement notre GDP, il faut qu’on apprenne à calculer le Gross Happiness Index pour connaître le niveau de bien-être de la population.

La religion est considérée comme étant une référence éthique et ce crédit dont elle bénéficie lui donne la capacité de juger les mœurs de la société et de se prononcer sur les comportements à adopter. La prise de parole en public par les religions pour rappeler la société à l’ordre d’un point de vue moral est-elle légitime dans une société laïque ?
Qu’est-ce qu’une société laïque ? Cela implique que la religion n’a pas un rôle prépondérant dans les affaires de l’Etat mais cela ne veut pas dire que la société doit être dominée par l’instinct. On a tendance à dire que l’Etat est laïc et on met de côté tout ce qui est associé à la religion. C’est pourquoi l’instinct domine. En revanche, si on s’attache toujours aux valeurs de la vie qui sont davantage prônées par les religions, on verra que, dans le fond, le rituel demeure privé mais dans la forme, cela devient public car cela permet à mon voisin de connaître ce que je fais. Dans la prière, la première chose que l’on fait, c’est de prendre un bain pour être physiquement propre. Mais, a-t-on nettoyé son esprit et son cœur ? Le mot religion est issu du latin religare qui signifie unir. Malheureusement, on s’en est servi pour ériger des murs plus grands que la grande muraille de Chine. Pour moi, la religion, dans le fond, demeure privée mais dans la forme, a sa place au niveau public.

Les religions ne devraient donc pas se cantonner au domaine du privé ?
Non. Mais il ne faut pas qu’elles prennent une position prépondérante. Cela relève du public parce que cela remet en perspective la spiritualité présente au-delà du rituel. Si nous pratiquions tous une part de spiritualité, nous serions plus humains avec plus de valeurs.

En temps de tensions et de conflits latents, comment les religions peuvent-elles contribuer à apaiser les esprits ?
Le film Religions in Mauritius encourage à mieux connaître la religion de l’autre. La connaissance de l’autre permet de développer l’entente parce que si je ne connais pas ce que l’autre fait, je serai méfiant. L’ignorance accroît la frayeur au niveau des intentions de l’autre. Si on veut consolider le tissu social autour des valeurs, je crois que la religion a un rôle très important à jouer. La dégradation sociale, par exemple, ne s’est pas faite du jour au lendemain. Les gens ne réalisent pas que ce qu’on a aujourd’hui découle de ce qu’on a bâti petit à petit. Si on veut une société meilleure, on doit recommencer à enseigner les valeurs dès la tendre enfance. Par exemple, aujourd’hui, on ne voit pas les Fables de la Fontaine dans le cursus. Les parents et les profs doivent cesser de se renvoyer la balle. On doit se donner le “Quality Time” au niveau de la famille pour le dialogue familial. Souvent, il y a des gens qui ne se comprennent pas eux-mêmes et qui ne s’entendent pas au sein de la famille mais qui font comme s’ils savaient tout sur les plateformes. C’est dangereux. Comme l’a très bien dit le cardinal dans sa lettre pastorale, il y a des limites à tout. Vous avez le droit de contester mais demander le départ d’un gouvernement fragilisera de plus en plus le tissu social. Il y a une façon de faire. On doit respecter les valeurs humaines et encourager les gens à vivre les valeurs.

N’est-ce pas paradoxal qu’un pays aussi religieux compte autant de cas de corruption et de faits divers les uns plus impensables que les autres ? Comment en est-on arrivé là ?
C’est la dichotomie qu’on établit entre la vie privée et la vie publique. Deuxièmement, la religion s’est limitée aux rituels. On ferme les yeux quant à la part de spiritualité dans les rituels. Si on essayait de connaître un peu mieux le fond de ce que l’on fait, cela changerait la manière dont on se comporte. La famille changerait et serait un modèle pour la société. Le changement doit commencer par soi.

BASHIR NUCKCHADY (SECRÉTAIRE DU CONSEIL DES RELIGIONS) : « On ne peut régler les problèmes sociaux sans les religieux »

Le Conseil des Religions vient de lancer “Religions in Mauritius”, un film documentaire pour raffermir les liens entre les divers groupes ethniques. Cette initiative vient-elle à propos selon vous, dans le contexte que l’on connaît, où le peuple a le sentiment que les valeurs éthiques sont bafouées, que la richesse du pays profite à des “happy few” en pleine crise économique. Quel rôle les religions peuvent-elles jouer face à une société clivée ?
Je pense que dans le contexte actuel le film a le potentiel d’être très bénéfique à la population. Notre système d’éducation ne favorise pas l’apprentissage des valeurs. Il est davantage centré sur la ruée vers les certificats. De l’autre côté, les Mauriciens ne vivent plus dans des familles élargies avec les grands-parents. Ceux-ci inculquaient autrefois des valeurs culturelles et morales aux enfants. Aujourd’hui, les petits grandissent devant la télé. Les parents travaillant et n’ayant que peu de temps, les enfants sont livrés à eux-mêmes. Ces enfants peuvent plus tard devenir des professionnels mais dépourvus de ces valeurs.

Avons-nous déjà dans notre société une génération d’adultes pareils ?
Certes. Prenons l’exemple du fils qui a tué sa mère, de cet homme qui a tué son ami avant de l’enterrer. Ce sont les produits de ce manque de valeurs, de certains dysfonctionnements dans les cellules familiales qui donnent aujourd’hui ces résultats.

Que peuvent donc les religions face à ce problème de valeurs qui font cruellement défaut ?
Autrefois, face à des problèmes sociaux, c’étaient les décideurs politiques qui pouvaient trouver des solutions. Mais, aujourd’hui, sur le plan international, les Nations unies sollicitent le soutien des chefs religieux et des organisations religieuses pour accomplir les Objectifs de développement durable. Même le World Economic Forum recherche les chefs religieux pour réfléchir sur des questions telles que la dignité humaine, les droits humains, etc. Dans les pays de la SADC, la SAfAids cherche des religieux pour aborder les problèmes de grossesse précoce et d’avortement. Je pense qu’on ne peut régler les problèmes sociaux sans les hommes religieux. Ces derniers ont, en effet, une certaine influence sur leurs dévots, ce qui fait que les messages passent mieux. Les hommes religieux sont en quelque sorte la personnification des valeurs morales.

La religion est considérée comme étant une référence éthique et ce crédit dont elle bénéficie lui donne la capacité de juger les mœurs de la société et de se prononcer sur les comportements à adopter. La prise de parole en public par les religions pour rappeler la société à l’ordre d’un point de vue moral est-elle légitime dans une société laïque ?
D’un point de vue légal, on dit qu’une société laïque ne reconnaît pas les religions. Mais, cela n’empêche pas aux religions de véhiculer des messages à valeur morale. Elles peuvent promouvoir des expériences spirituelles dans un esprit de fraternité et de paix. L’an dernier, le pape François a abordé plusieurs problèmes dans le monde comme le changement climatique, la pauvreté et les immigrants tout en soulignant qu’avec l’amour, la compassion et la tolérance, on peut régler ces problèmes. Ces valeurs pourraient être appliquées même dans les États laïcs.

En temps de tensions et de conflits latents, comment les religions peuvent-elles contribuer à apaiser les esprits ?
Les religieux ont l’avantage d’être acceptés comme des personnes représentant des valeurs morales, surtout à Maurice. Dans toutes les religions, on parle de justice sociale, de paix. Donc, quand au niveau de la diplomatie, on ne parvient pas à résoudre les conflits, c’est au niveau des religieux qu’on peut espérer une sortie de crise. Ces religieux ont une crédibilité et représentent des institutions qui ont la confiance des citoyens. Les religieux peuvent gérer les conflits en encourageant à la justice, la compassion et la paix mais aussi en se prononçant sur le comportement de la société.

N’est-ce pas paradoxal qu’un pays aussi religieux compte autant de cas de corruption et de faits divers les uns plus impensables que les autres ? Comment en est-on arrivé là ?
Il y a un dysfonctionnement au sein même de la cellule familiale. La transmission des valeurs morales ne se fait plus. Dans l’islam, il y a le concept de halal (ce qui est permis) et haram (ce qui n’est pas permis). Mais si on n’a pas appris à l’enfant ce qui est permis et ce qui ne l’est pas… Nous vivons dans un monde matérialiste où les valeurs morales et spirituelles n’existent plus. Pour avoir des jouissances éphémères, les gens sont prêts à tout. Il faut remettre en question la manière dont on évalue une personne. On n’évalue pas quelqu’un d’après ses valeurs morales mais davantage d’après ses biens matériels.
Les gens veulent aujourd’hui réussir vite et tôt. Ils n’ont plus de patience. Ils sont comme des robots qui sont là à travailler, manger, jouir au max… Dans le passé, les gens semaient des graines, attendaient qu’elles germent et que les plantes portent leurs fruits après des mois, des années. Aujourd’hui, tout est rapide. En un clic, on a ce que l’on veut.

Comment peut se faire ce retour aux valeurs ?
Il faut retourner à la base. Autrefois, pour les musulmans et les hindous, les enfants allaient aux madrasas et aux baitkas. Mais les parents, aujourd’hui, n’ont plus le temps de les envoyer dans ces écoles. Ces institutions transmettaient des valeurs. L’éducation aujourd’hui est dépourvue de valeurs. La COVID-19 a été un “wake up call”, nous montrant l’importance du partage, de la considération pour les autres.

En conclusion…
Les religions n’impliquent pas qu’une relation entre l’individu et Dieu mais il y a aussi la relation avec la société. Il faut une interaction avec la société. Et pour le Conseil des Religions, le dialogue interreligieux est important car à Maurice il y a plusieurs religions. Il faut reconnaître que Maurice est ainsi et qu’on est condamné à vivre ensemble.

PHILIPPE GOUPILLE (PRÉSIDENT DU CONSEIL DES RELIGIONS) : « Évitez les replis identitaires qui pourraient fracturer la paix sociale »

Le Conseil des Religions vient de lancer “Religions in Mauritius”, un film documentaire pour raffermir les liens entre les divers groupes ethniques. Cette initiative vient-elle à propos selon vous, dans le contexte que l’on connaît, où le peuple a le sentiment que les valeurs éthiques sont bafouées, que la richesse du pays profite à des “happy few” en pleine crise économique. Quel rôle les religions peuvent-elles jouer face à une société clivée ?
Je pense que les religions ont un rôle important à jouer dans notre société mauricienne pour rappeler l’importance des valeurs morales. Nous trouvons dans tous nos textes sacrés des références explicites aux valeurs morales qu’il nous faut pratiquer comme une dimension incontournable de notre vie quotidienne. Autrement, les rituels et les prières que nous accomplissons sont vidés de leur destination fondamentale qui est de nous rapprocher de Dieu et de demander sa bénédiction.

La religion est considérée comme étant une référence éthique et ce crédit dont elle bénéficie lui donne la capacité de juger les mœurs de la société et de se prononcer sur les comportements à adopter. La prise de parole en public par les religions pour rappeler la société à l’ordre d’un point de vue moral est-elle légitime dans une société laïque ?
Dans notre société mauricienne où une grande majorité de fidèles et de dévots pratiquent leur religion, les paroles et les exhortations des responsables de temple, de mosquée, d’église atteignent régulièrement beaucoup de citoyens et ont pour but de leur rappeler leurs devoirs moraux. À mon avis, ces prises de parole, si elles sont en conformité avec les lois civiles, sont légitimes dans une société laïque. Ainsi, les hommes religieux participent dans leurs limites propres au progrès moral et spirituel de l’homme, de la femme. Cette dimension morale et spirituelle est partie intégrante de notre personne. Mais, comme je le dis souvent, nous ne sommes pas les seuls à nous préoccuper du bien-être spirituel et moral d’une société. Nous avons eu dans l’histoire humaine des « sages », des philosophes qui ne pratiquaient pas une religion mais qui montraient clairement quelle direction morale une société se devait de prendre.

En temps de tensions et de conflits latents, comment les religions peuvent-elles contribuer à apaiser les esprits ?
Je pense qu’ici à Maurice on pourrait encourager des gestes simples d’accueil et de partage comme nous le voyons, par exemple, pendant le pèlerinage au Père-Laval ou au lac sacré de Grand-Bassin. Je suis touché de voir des Mauriciens dresser une échoppe pour offrir des rafraîchissements aux pèlerins qui marchent même s’ils ne sont pas de la même religion.
Les chefs religieux pourraient aussi rappeler aux fidèles qu’ils doivent se mettre à l’écoute de la misère et de la pauvreté de certains concitoyens. Nous entendons, en cette période post-confinement, des hommes et des femmes qui crient leur angoisse, parfois leur désespoir. Nos religions nous enjoignent d’écouter battre leur cœur, même si parfois nous n’avons pas les moyens pratiques de leur apporter des solutions rapides.
C’est l’occasion aussi pour moi de faire un appel de la part du Conseil des Religions à nos collègues prêtres, pasteurs, pandits, imams, responsables de cultes : « Ne vous laissez pas entraîner et tomber dans le communalisme et ne véhiculez pas des slogans négatifs sur les autres communautés. Évitez à tout prix d’encourager le repli identitaire, l’antagonisme, toute parole ou attitude qui pourrait nous dresser les uns contre les autres. »

N’est-ce pas paradoxal qu’un pays aussi religieux compte autant de cas de corruption et de faits divers les uns plus impensables que les autres ? Comment en est-on arrivé là ?
Lutter contre la corruption, la violence et d’autres formes du mal est une mission qui interpelle tous les religieux. Il est possible que par une sorte de pudeur nous n’arrivions pas à être aussi prophétiques dans notre dénonciation du mal comme l’exige notre foi religieuse. D’où la nécessité pour les différentes religions de faire ensemble un examen de conscience et d’accepter de nous engager dans une vraie révision de vie. Il me paraît urgent de ne pas séparer la religion de la vie morale dans le quotidien. C’est sans doute parce que nous sommes en décalage entre ce que nous prêchons et ce que nous vivons que beaucoup de jeunes ne s’intéressent plus à la religion traditionnelle.

Les religions ne devraient donc pas se cantonner au domaine du privé ?
L’humain est un être complexe composé de plusieurs dimensions, physique, intellectuelle, spirituelle. Ces trois dimensions s’expriment dans la vie individuelle de chacun, sa vie familiale, sa vie de citoyen. Réserver la dimension spirituelle au privé me paraît accepter comme une amputation de l’être humain.

Le mot de la fin…
Le Conseil des Religions fait tout son possible pour favoriser le dialogue et la connaissance mutuelle entre les religions. Mais nous sommes loin du compte ! Il faut le reconnaître humblement. C’est l’objectif du film Religions in Mauritius que nous venons de lancer. Nous avons conscience que nous n’arrivons pas suffisamment à mobiliser les citoyens et à toucher le tissu social dans toutes ses dimensions. Au moyen de ce film, nous voulons faciliter les rencontres dans les villages, les quartiers, les écoles, les centres communautaires. Mais nous avons besoin de volontaires qui acceptent de se mettre au service de ce projet. C’est capital ! Car le danger vient toujours de la peur de l’autre, de la peur de celui que je ne connais pas. D’où l’importance d’exorciser la peur par la rencontre des citoyens et le dialogue au niveau de nos convictions religieuses. Dans les moments de crise comme celle que nous traversons aujourd’hui, c’est un engagement prioritaire pour éviter les replis identitaires qui pourraient fracturer la paix sociale et causer encore plus de dommages que la COVID ou que le naufrage du Wakashio.

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