2022 : reprise laborieuse

2022 a été une année de transition et de reprise laborieuses après 2020 et 2021, deux autres années difficiles aussi bien sur le plan économique que social. Elles ont été marquées par des confinements et la fermeture de frontières, et toutes les conséquences et sacrifices associés à la pandémie de Covid-19.
L’année 2022 a démarré trois mois après l’ouverture de frontières alors qu’un certain nombre de restrictions subsistaient encore. Avec l’industrie touristique comme principal moteur, les activités économiques ont retrouvé assez rapidement leur vitesse de croisière. En cette fin d’année, les établissements hôteliers affichent complet et le nombre d’arrivées touristiques a presque atteint le million avec des retombées positives en termes de rentrées de devises et toute une série d’activités économiques.
Les recettes touristiques pour la période de janvier à octobre sont estimées à Rs 48,2 milliards. D’autres secteurs dont celui des services financiers ont également retrouvé leur performance pré-Covid. Les autorités gouvernementales se flattent aujourd’hui d’avoir atteint une croissance économique de l’ordre de 7,8% avec un PIB de l’ordre de Rs 550 milliards. Même si les analystes économiques considèrent que les chiffres avancés par le ministère des Finances sont gonflés dans le but de dorer l’image gouvernementale, il faut reconnaître que le niveau du Produit intérieur brut en valeurs réelles, même s’il n’a pas dépassé 95% du niveau de 2019, constitue une performance honorable. Il faudra attendre l’année prochaine pour atteindre le niveau pré-Covid grâce une prévision de croissance de 5%.
Si les statistiques peuvent donner l’impression que la situation va dans le bon sens, sur le plan social la vie a été extrêmement difficile pour une bonne partie de la population, surtout ceux de la classe moyenne et ceux se trouvant au bas de l’échelle. Ils ont été frappés de plein fouet par l’inflation largement attribuée à la situation internationale mais aussi due à la dépréciation de la roupie. Ainsi l’inflation qui était de 7,4% en janvier dernier est passée à 12,1% en novembre et pourrait empirer dans les semaines à venir.
Compte tenu du fait que l’inflation est considérée comme une taxe pour les pauvres, il est indéniable qu’une large partie de la population a eu beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Le maintien des prix du carburant sur le marché local, malgré la baisse de prix des produits pétroliers à l’international, n’a pas facilité les choses. Sans compter que la hausse du repo rate qui est passé à 4,50% a entraîné également une hausse du prime lending rate qui est passé entre 4% et 6,85% à une moyenne entre 6,15% et 9% en novembre. Ce qui représente une hausse conséquente des intérêts sur les prêts bancaires contractés par les familles. L’annonce de la hausse des tarifs d’électricité à partir de février prochain est loin d’être réjouissant.
Un des thèmes transversaux évoqués dans un grand nombre de messages de fin d’année, cette année, est le recul de la démocratie. L’exemple le plus frappant utilisé pour illustrer cette dégradation est le Parlement. Across the board, il existe un sentiment que la démocratie parlementaire n’est plus ce qu’elle était auparavant. Le Speaker sera-t-il en mesure de redonner au Parlement ses lettres de noblesse ? La situation à l’Assemblée nationale, supposée être le temple de la démocratie, devrait occuper une place importante dans les débats politiques en 2023 et pourrait être un enjeu en vue des élections générales qui s’annoncent.
Malgré le contexte difficile, le leader de l’opposition et son équipe parlementaire ont réussi un travail qui relève de l’exploit. Ils ont réussi, envers et contre tout, à mettre en lumière les problèmes qui rongent le pays dont la mauvaise gouvernance, la corruption, l’incompétence, les cover up, les abus de pouvoir, l’opacité, les attaques contre la liberté d’expression et le droit à l’information. La question qui se pose en cette fin d’année est combien de temps encore les partis de l’opposition avanceront-ils en rangs dispersés.
Dans une interview accordée au Mauricien cette semaine, Arvin Boolell souligne l’urgence d’un accord entre les partis de l’opposition autour d’un programme électoral commun. Son appel sera-t-il entendu ? Bonne année à tous !

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