Adoption du HIV and Aids (Amendment) Bill : L’auto-dépistage du VIH introduit de même que des Paraphernalia Kits

Ajournement des travaux parlementaires à mardi prochain avec très probablement l'adoption d'un ESE de Rs 5,4 milliards, dont excluant le Question Time

Le HIV and AIDS (Amendment) Bill a été présenté, mardi, au Parlement par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Le but de ce projet de loi, qui a été adopté en début de soirée, est d’introduire l’auto-dépistage du VIH et des Paraphernalia Kits dans le programme d’échange de seringues. Les travaux de l’Assemblée nationale ont été ajournés à mardi prochain avec trus probablement l’adoption des Estimates of Supplementary Expenditure (ESE) de Rs 5,4 milliards, dont Rs 5 milliards au titre du Covid-19 Projects Development Fund pour le financement du programme de logement du gouvernement. De ce fait, tout semble indfiquer que cette séance pourrait se dérouler sans la tranche du Question Time.

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Présentant ce projet de loi, le ministre de la Santé a souligné que l’auto-dépistage permettra à un grand nombre de connaître leur statut sérologique.

« Pour la première fois, une personne aura l’occasion de collecter son propre échantillon de sang à travers un dépistage rapide et interprétera par la suite le résultat d’après les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé », fait-il comprendre. En identifiant le VIH à un stade précoce, cela permettra de réduire le taux de mortalité, a-t-il dit.

Au cas où le statut de séropositivité de la personne serait confirmé, elle sera encouragée à dévoiler son statut à son partenaire ou à ses partenaires, a dit le ministre. Il a été prouvé que lorsqu’une personne découvre son statut VIH, « cela l’incite à prendre des mesures appropriées pour ne pas contaminer d’autres gens ». Le ministère va s’assurer que le Self-Testing Kit est pré-qualifié par l’OMS.

Le Self-Testing Kit sera mis en vente dans les pharmacies privées de l’île. L’amendement, apporté à la HIV and Aids Act de 2006, stipule que si une personne est testée positive au VIH à travers l’auto-dépistage, il lui sera nécessaire de confirmer les résultats auprès du Central Health Laboratory du ministère de la Santé. Un toll free service (800 0500) est disponible pour des conseils sur la marche à suivre. Au fait, l’auto-dépistage du VIH est pratiqué dans plus de 50 pays car c’est un Additional Screening Device. Le ministre rappelle que les avantages de l’auto-dépistage sur les plans individuel, national et communautaire sont manifestes.

Parlant de l’introduction des Paraphernalia Kits dans le cadre du programme d’échange de seringues, Kailesh Jagutpal a indiqué qu’ils permettront d’empêcher le VIH ainsi que d’autres infections du sang tels que l’hépatite C et B de se répandre. « Avec l’introduction du programme d’échange de seringues, une baisse de 21% du nombre de cas de VIH a été notée chez les gens qui utilisent des seringues pour se droguer. Cependant, la prévalence de l’hépatite C chez les gens qui se droguent avec l’aide de seringues tourne autour 98,8% », déclare-t-il. Avec la distribution gratuite des Paraphernalia Kits à la population, le gouvernement veut réduire la prévalence de l’hépatite C et d’autres infections sanguines.

« À travers ce projet de loi, le ministère de la Santé veut tout simplement élargir la définition du HIV test en incluant le HIV Self-Test. Il permet aussi aux institutions de santé privées et aux pharmacies privées d’accorder des facilités pour le HIV self-test. La personne qui est testée positive au VIH à travers l’auto-dépistage aura aussi la possibilité de confirmer ces résultats chez des institutions de santé publique. Avant d’aller de l’avant avec ce projet de loi, des consultations ont été engagées auprès des organisations non-gouvernementales et d’autres organisations. Il y a eu un consensus autour de l’introduction de l’auto-dépistage », affirme le ministre Jagutpal.
Pour le député de la majorité, Anjiv Ramdhany, avec ce texte de loi, le gouvernement a entamé une nouvelle étape afin de s’adapter à la tendance internationale.

Sandra Mayotte s’est appesantie sur le choc créé par la découverte du premier cas de HIV en 1987, et l’incompréhension qui avait suivi et engendré une stigmatisation et de la discrimination à l’encontre des personnes infectées.

Elle a par ailleurs salué la création du National AIDS Committee à l’initiative de sir Anerood Jugnauth et de Paul Bérenger, mobilisant toutes les parties prenantes, en particulier les ONG. Elle avance que grâce à ce comité, « il a été possible de lutter contre la discrimination, dont ceux infectés par le VIH, que ce soit sur le lieu de travail ou lors du recrutement pour un emploi ».
Sandra Mayotte a cependant déploré que le gouvernement travailliste ait « négligé » ce comité national, qui a été relancé à l’arrivée de Pravind Jugnauth à la tête du gouvernement. Elle a rappelé que le VIH prend au moins quatre ans pour se développer et que sa découverte précoce, grâce à l’autotest, facilite l’efficacité des traitements rétroviraux.

Franco Quirin a soutenu que le HIV continue de tuer, à Maurice et dans le monde. Il estime que l’autotest « n’est pas un traitement miracle », mais doit être accompagné d’un ensemble de mesures de prévention pour la prise en charge de la personne concernée, et qui tiendrait également en compte les effets psychologiques de la découverte de la maladie.
Il souligne aussi l’importance de développer un protocole afin que l’exercice d’autotest soit plus efficace. Il s’est par la suite interrogé sur la situation des travailleurs étrangers atteints du VIH.

Subashnee Lutchmun Roy a aussi dénoncé la stigmatisation et la discrimination. Kavy Doolub a insisté sur l’importance de rester mobilisé dans la lutte contre la maladie. En matière de prévention, il rappelle l’importance de l’utilisation de préservatifs lors des rapports.
Enfin, le député de l’OPR, Buisson Leopold a souligné que le VIH-Sida est « un défi au système de santé et ne doit pas être pris à la légère ».

Farhad Aumeer : « Un test complémentaire est obligatoire par précaution »

Farhad Aumeer, député du parti Travailliste, a attiré l’attention sur le fait qu’un test de dépistage rapide, facilement accessible, n’est pas quelque chose de nouveau. Cependant, le dépistage rapide a ses limites en termes de False Positive et de False Negative.

« Tout le monde a été témoin du nombre de tests rapides, envahissant le marché pendant la pandémie de Covid-19. Il faut plutôt se focaliser sur les gens qui sont plus à risque d’être testés positifs au VIH. Un test complémentaire obligatoire est nécessaire pour confirmer le résultat. La raison pour laquelle bon nombre de gens refusent d’avoir recours à un test officiel, c’est la stigmatisation et la discrimination associée au statut de séropositivité. La stigmatisation peut transformer une maladie en une “death sentence” », souligne Farhad Aumeer.

Cela ne s’applique pas seulement au VIH mais également à d’autres maladies telles que le cancer du sein, le cancer génital, etc.

« Malheureusement, la stigmatisation peut contribuer à augmenter le nombre de cas d’infection au VIH », prévient-il. Il ajoute que le projet de loi prévoit qu’une personne qui est testée positive doit se rendre dans une institution de santé pour confirmer son statut. « Il serait approprié qu’un endroit soit dédié à l’abri des regards indiscrets pour confirmer le statut d’une personne, cela afin d’éviter la stigmatisation. Il faut commencer à se poser la question de savoir si le HIV self-test sera utilisé par des gens qui ont peur, des gens à risque, qui refusent de se faire tester ou des travailleuses du sexe, des drogués ou la communauté homosexuelle », suggère le député de l’opposition.

Il dit quand même accueillir ce projet de loi, car il permettra aux gens d’avoir accès au dépistage rapidement. « Cependant, il faut s’assurer que no “cheap test” arrive sur le marché pour le dépistage. Il ne faut pas que l’auto-dépistage vienne se substituer à l’analyse de sang », a-t-il ajouté.

Kalpana Koonjoo-Shah : « La stigmatisation n’est plus comme auparavant »

La ministre de l’Égalité des Genres, Kalpana Koonjoo-Shah, a dit apprécier que le Dr Farhad Aumeer soit en faveur de l’introduction de ce projet de loi. Elle a fait remarquer que la société mauricienne ne stigmatise plus comme auparavant les gens qui sont affectés par le VIH.

« Cela est dû à la campagne de sensibilisation autour du VIH. » Il demeure un fait cependant que les femmes qui vivent avec le VIH sont stigmatisées et vivent dans l’exclusion, a-t-elle fait valoir.

« Cela ne doit pas être le cas. Je profite de cette occasion pour lancer un appel afin qu’on cesse de stigmatiser les femmes de notre république même si le VIH se transmet à travers des rapports sexuels ou lorsqu’une femme est enceinte. Il a été prouvé que les femmes qui sont positives au VIH sont exposées à la violence domestique », a déclaré la ministre. C’est pourquoi il faut encourager la population à utiliser l’auto-dépistage « as a gateway towards treatment ».

Selon la ministre, il ne faut pas seulement aider les femmes à vivre avec le VIH, mais il faut les intégrer dans la société. « Il est écœurant de constater que bon nombre d’enfants sont abandonnés par leurs mères pour diverses raisons. Ce genre de situation transcende toutes les barrières politiques. Cette situation ne doit pas être utilisée pour des gains politiques. Je note cependant que certains membres de l’Assemblée nationale utilisent les enfants nés des mères qui ont eu des problèmes à des fins politiques. Je sais que j’ai raison », a-t-elle fait ressortir.

Le projet de loi, a poursuivi Kalpana Koonjoo-Shah, vient encore une fois placer l’humain au centre de la politique de développement du gouvernement. « Ce projet de loi invite aussi la population à prendre en main son état de santé. Ce projet de loi indique aussi que nous avons affaire à un Premier ministre qui travaille dur et “ki pa koz koze” », a souligné la ministre.

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