Appel à la sobriété

Alors que la COP26 vient à peine de se terminer, la question demeure de plus en plus cruciale quant à savoir si les engagements pris pendant ces deux petites dernières semaines par les signataires de l’Accord de Paris seront tenus. D’autant que pendant cette conférence sur les changements climatiques de nouveaux chiffres seront venus enflammer les débats, à savoir que 2020, et ce, malgré un ralentissement des activités humaines dû à un certain virus, aura été contre toute attente, mais somme toute pour des raisons logiques, plus polluante encore, puisque nous aurons établi un nouveau triste record l’an dernier en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Autant dire que les « efforts » consentis jusqu’ici en cette matière auront été largement insuffisants, et que l’espoir de maintenir le réchauffement sous la barre des +1,5 °C dans le laps de temps promis s’éloigne davantage.
Le plus navrant, dans tout cela, c’est que nous avons largement les moyens d’enrayer l’emballement. Les moyens financiers, d’abord. Car en termes de sous, nous n’en manquons assurément pas lorsque surgit une crise imprévue. La Covid nous aura en effet prouvé à quel point le monde peut être prompt à réagir, que ce soit par le biais d’investissements massifs (élaboration de vaccins, aides sociales, soutien des entreprises, etc.) ou, plus généralement, en nous adaptant à la crise. Mais aussi les moyens intellectuels, en repensant notre mode de fonctionnement, et donc de consommation.
Avant d’aller plus loin, rappelons que c’est bien au niveau de notre modèle économique que se trouve le nœud gordien. La problématique climatique (mais pas qu’elle : perte de la biodiversité, érosion sociale, accès inéquitable aux besoins de base…) est en effet intrinsèquement liée à notre mode de consommation. Et pour cause puisque, pour l’essentiel, nous travaillons pour produire, pour finir par acheter le produit de notre labeur, générant au passage d’immenses profits pour la machine industrielle et alimentant de facto un système économique de plus en plus vorace. Mais aussi et surtout, les produits des « autres », éparpillés à travers le monde et qui, donc, doivent être acheminés aux quatre coins de la planète, engendrant un coût carbone colossal. Question : combien de notre production mondiale s’avère réellement nécessaire à notre existence ?
Aujourd’hui plus que jamais, et pour peu que l’on veuille réellement adopter une attitude responsable face à un ennemi autrement plus coriace que la Covid, il devient impérieux de revoir nos priorités. Ce qui passe par une révision de notre système économique et de notre économie de marché. En d’autres mots : produire plus, non ; produire mieux, oui ! Encore faut-il pour cela être conscient de ce que cela implique, à commencer par une sobriété consumériste. Mais que veut dire consommer de manière responsable ? Résumé en deux mots, c’est éliminer le superflu pour ne conserver que l’essentiel. Ce qui est évidemment loin d’être une mince affaire, notamment du fait que toute notre machine économique (et par ricochet politique) est justement axée sur la notion de profits.
Cet appel à la sobriété est non seulement important, mais il n’est en soi pas nouveau. Nous pourrions ainsi rappeler le concept de «  simplicité volontaire  » initié dans les années 1930 ou celui, bien plus en accord avec nos réalités contemporaines, du «  Halte à la croissance », lancé par le Club de Rome en 1972. Reste qu’il existe, aujourd’hui, plusieurs avenues menant à cette sobriété, à l’instar de la décroissance qui, si elle ne tuera pas « le ver qui se trouve dans le fruit », pourrait tout au moins un temps permettre d’en tempérer la voracité.
Sachant que l’idée d’une telle réforme systémique a très peu de chance d’émerger au niveau des instances politiques, il nous revient donc à nous, citoyens, de la mettre en marche, et ce, en adoptant quelques gestes simples. En achetant des produits locaux, en consommant davantage de légumes que de viande, en délaissant au maximum les produits importés, en favorisant l’entraide communautaire, etc… Mais aussi, bien sûr, en développant l’indispensable sobriété énergétique. Bref, en revenant aux fondamentaux. Car il est de notre devoir de mettre tout en œuvre pour maintenir vivante la promesse de lendemains meilleurs, quitte à échouer !

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