ASSEMBLÉE NATIONALE | Fait du jour de la séance d’hier – Angus Road Saga : le GM impose la relâche avec la suspension d’Arvin Boolell

  • Le leader de l’opposition, Arvin Boolell, étant suspendu pour les deux prochaines séances et avec l’adoption d’un ESE de Rs 17 milliards en suspens, il faudra repasser en 2021 pour la PNQ
  • Le ministre Jagutpal soumis à un feu roulant d’interpellations sur l’infanticide de l’hôpital de Rose-Belle, le PCR test en trois jours et la composition du Medical Council
  • À Patrick Assirvaden, le ministre Joe Lesjongard confirme que l’appel d’offres du projet Collendavelloo de Combined Cycle Gas Turbine a été abandonné mais avec des dépenses de Rs 200 M déjà encourues
  • Le ministre Ramano confirme de nouvelles fraudes de voyages fictifs pour le « Carting Away » de déchets de Mare-Chicose en 2020 en dépit de la double enquête de l’ICAC et de la police de 2019

L’une des conséquences directes de la nouvelle tranche des travaux de l’Assemblée nationale, le Sanction Time, aura pour effet que ce sera relâche pour les prochains épisodes de l’Angus Road Saga avec pour vedette le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Tout au moins pour la fin de cette année. En effet, avec le leader de l’opposition, Arvin Boolell, suspendu pour les deux prochaines séances parlementaires et un Estimate of Supplementary Expenditure de Rs 17 milliards pour 2020/21 en suspens et à être adopté avant les vacances de fin d’année, il existe très peu de chances de voir l’item de la Private Notice Question (PNQ) être inclus sur l’Order Paper des séances restantes jusqu’à la fin de cette année. À moins d’un changement de sentiment dans les rangs de la majorité gouvernementale d’ici là…

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En tout avec le Sanction Time et trois suspensions, soit celles d’Arvin Boolell, de Patrice Armance pour l’opposition, et de Vikash Nuckcheddy pour la majorité, la tranche du Question Time subséquente s’est déroulée dans une ambiance menée à la baguette par le Speaker, Sooroojdev Phokeer. Sur la forme, l’autre fait à retenir est que pour le Prime Minister’s Question Time, seules deux interpellations sur les 16 adressées au Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, ont été répondues. Depuis la reprise du 3 novembre, la moyenne était de quatre pour descendre à deux avec une réponse laborieuse sur le tournage d’un documentaire, intitulé « Inside the World’s Toughest Prisons », pour le compte de Netflix.

Avec la nouvelle configuration au sein de l’hémicycle et l’expulsion d’Arvin Boolell, faute de Substantive Leader of the Opposition, les travaux parlementaires seront privés de PNQ et surtout des dessous des acquisitions immobilières de Pravind Jugnauth, à Angus Road, avec pour vendeur la société Bel-Air Sugar Estate. Il reste trois séances de mardi, les 1er, 8 et 15 décembre, à moins que le Leader of the House et le Speaker ne décident de jouer au Père Noël en offrant une quatrième séance le mardi 22 au leader de l’opposition avant les vacances de fin d’année. Difficile à croire au Père Noël politique dans la conjoncture avec le cadeau empoisonné de cette fin d’année déposé devant la porte de Pravind Jugnauth.

Techniquement, pour les trois prochains mardis, aucune chance de PNQ, avec les deux suspensions suite à la motion de Pravind Jugnauth, secondée par le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, arborant sa cravate mauve, et l’adoption du budget supplémentaire avec non seulement l’élimination de la PNQ mais aussi du Question Time. Toutefois, dans les rangs du parti Travailliste, l’on avance que ce n’est que partie remise car l’Angus Road Saga sera le thème principal du parti à Saint-Pierre vendredi sans oublier les retombées de l’opération « Orange prese met sek » des élections villageoises.

Ainsi, pour le Question Time, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, a eu du pain sur la planche avec notamment les dessous de l’infanticide de Muhammad Ayaan Ramdoo, dont la dépouille avait été subtilement dérobée de la morgue de l’hôpital Nehru pour tenter d’éviter qu’un meurtre ne soit découvert ou encore la nomination de son agent politique à Rivière-des-Anguilles/Souillac (No 13), le dénommé Arno Santi Calou, aussi connu sous le nom de Ton Rolo, en tant que membre du Medical Council.

Au sujet du meurtre du bébé Ayaan, âgé de deux ans, battu à mort par son beau-père, le ministre Jagutpal a révélé que déjà le 23 septembre dernier, la petite victime avait été transportée à l’hôpital Nehru avec une « history of trauma on the shoulder ». L’examen médical n’avait pas décelé de fracture mais l’enfant fut référé pour des traitements subséquents, notamment le 24 septembre. « But he did not turn up », ajoute le ministre.

Le 12 novembre dernier vers 20 h 15, le petit Ayaan fut emmené aux urgences de l’hôpital Nehru avec les parents faisant état d’un problème de « choking up during nap ». Mais le médecin de service à l’hôpital devait constater le décès de l’enfant avec les procédures enclenchées en vue d’une autopsie par le Police Medical Office. Le ministre de la Santé, qui fait état des différentes étapes du protocole en vigueur dans ce genre de cas, s’est appesanti que du côté de l’hôpital, les procédures ont été suivies à la lettre.

Anquetil : Comment expliquer que la dépouille de l’enfant devant subir une autopsie a pu être subtilisée de connivence avec la police?

Jagutpal : Une enquête policière a été initiée dans cette affaire. It is difficult for me to give any further reply.

Ramyead : Comment se fait-il qu’un médecin pratiquant dans le privé a pu avoir accès à la dépouille du bébé ?

Jagutpal : Details cannot be revealed. Tout le volet de transfert de la dépouille aux fins d’autopsie est assuré par la police. La Charge Nurse a informé l’officier de police affecté au Police Post. L’enquête est toujours en cours. Si un médecin du privé a eu accès à la dépouille, le cas sera référé au Medical Council car c’est contraire aux dispositions du Code d’éthique.

Aumeer : Il est un fait que très souvent, des parents de personnes décédées sont invités par des médecins à aller chercher des certificats de médecins dans le privé pour éviter des examens post-mortem.

Jagutpal : Nous allons faire le nécessaire.

Juman : Il y a un cas où un bébé décédé est amené à l’hôpital. Comment se fait-il que l’on a pu prendre le corps du bébé si facilement. This is a clear case of a system failure... Que compte-t-il faire pour éviter toute répétition?

Jagutpal : I object to the opinion expressed by the Honourable Member… Il y a une enquête en cours.

Par la suite, le ministre de la Santé a été confronté par le député travailliste, Eshan Juman, sur le cas d’une passagère arrivant à Maurice tout en étant testée positive à la COVID-19 mais qui par la suite a pu quitter la quarantaine après trois jours. Le ministre a donné des détails à l’effet que le cas était atypique avec des « unusual results » et que la décision est prise par le médecin traitant. Il a ajouté que cela s’est passé « on the third day after two tests ».

Juman : Si nous comprenons bien, un patient testé positif à la COVID-19 a pu quitter la quarantaine trois jours après ?

Jagutpal : Yes. Tel est le cas. Le patient était positif lors du premier test et négatif lors des deux tests subséquents.

Juman : Why a special treatment ? C’est contraire au protocole établi. Seulement après le troisième jour. En principe, le deuxième test intervient après sept jours. Or, tel n’est pas le cas.

Jagutpal : Les tests ont été effectués par les médecins. There is no special treatment…

Juman : What about the protocol?

Jagutpal : Ce patient était atypique.

Speaker : Next question…
Juman : Poor goalkeeping…

Et en dernier lieu, le ministre Jagutpal a été soumis à un feu roulant de questions au sujet de la nomination d’un de ses agents au sein du Medical Council. Il a justifié la présence de Rolo sur cette instance spécialisée de la médecine en tant que représentant du public. Cette nomination est effective depuis le 13 juillet dernier et le principal concerné bénéficie d’une allocation de Rs 890 par séance en sus d’une Commuted Allowance de Rs 230. Il détient un Certificate in Mechanical Engineering de MITD.

Juman : Le ministre peut-il confirmer que le mandat du Medical Council porte sur l’enregistrement des médecins et également des Alleged Cases of Medical Negligence, entre autres ?

Jagutpal : Tel est le cas.

Juman : Qu’en est-il de son expérience en matière de médecine.

Jagutpal : Cinq des membres du Medical Council ne venant pas de la profession médicale sont nommés par le ministre. Telles sont les dispositions de la Medical Council Act (…) There is need to have lay persons to allow the Medical Council to have non-biased views.

Abbas-Mamode : Il doit avoir faire partie d’ONG. You need to be engaged. Peut-on avoir des détails de ses engagements pour assurer le bien-être du public ?

Jagutpal : I don’t have the information.

Juman : N’a-t-il pas été choisi parce qu’il est l’agent du ministre dans sa circonscription?

Jagutpal : Again, he is giving his personal views. I object. This is not a supplementary question.

Speaker : Next question.

De son côté, le ministre des Utilités publiques, Joe Lesjongard, a confirmé que le plus important projet piloté par son prédécesseur, l’ancien Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, l’appel d’offres Combined Cycle Gas Turbine Project du Central Electricity Board, a été abandonné. Toutefois, en guise de Face-Saving Device, il a tenu à préciser que c’est l’exercice d’appel d’offres qui a été enterré et qu’un comité technique a été institué pour poursuivre l’étude de ce projet en cette ère post-COVID 19 après une analyse de la demande énergétique. Le député travailliste devait rappeler qu’avec l’abandon de cet appel d’offres, le CEB aura déjà dépensé plus de Rs 200 millions pour la mise en place des Underground Cables relatifs.

Le ministre Lesjongard a aussi été acculé sur les dépenses encourues au nom de la filiale de la CEB (Facilities) Ltd, notamment de Rs 120 millions depuis l’incorporation en 2017.  Le député Assirvaden s’insurge contre le fait que ces fonds publics ont été utilisés pour l’acquisition de 11 véhicules en juillet dernier et qui dorment dans local à La Tour-Koenig.

Mais la réponse à une interpellation parlementaire, qui a dû choquer plus d’un au sein de l’hémicycle a été donnée par le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, qui comme le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, préfère le français pour s’exprimer . Au sujet des cas frauduleux avec des voyages fictifs pour le « Carting Away » de déchets de Mare-Chicose Landfill de mars de l’année dernière et dénoncé dans les colonnes de Week-End à la même période, il devait surprendre que pendant le confinement de COVID-19 cette année, d’autres cas de fraude ont été relevés. Pourtant, l’Independent Commission Against Corruption et la police avaient été saisis de ce scandale.

Le ministre Ramano répondait à une interpellation au député Reza Uteem, qui n’a pu cacher son étonnement devant l’absence de décision du ministère de « disbar » ce contracteur, qui avait été épinglé pour voyages fictifs dans un rapport des officiers du ministère. Pire encore, cette entité, dont le nom a été cité, continue à bénéficier de contrats du ministère et se retrouve impliquée dans les mêmes pratiques de fraudes sans aucune sanction…


Ces envolées parlementaires qui collent

« To enn batiara dan Kat Born. Al gete, tou to dimounn pe kit twa. » (Kavy Ramano à Arvin Boolell à la suspension de la séance lors de la PNQ)

« Zis to lombraz pe swiv twa » (Arvin Boolell à Kavy Ramano)

« Twa to swiv lonbraz Navin Ramgoolam » (Bobby Hureeram à Arvin Boolell)

« Avek Bhadain to pou vinn Speaker » (Pravind Jugnauth à Arvin Boolell)

« I shall withdraw it and replace it by silence or culpable silence » (Arvin Boolell répondant au Speaker, qui lui intimait l’ordre de se rétracter avec le mot « Guilt » à l’encontre de Pravind Jugnauth au sujet de l’Angus Road saga)

« I strongly object to the allegation of the leader of the opposition. I’ve not been guilty of culpable silence. This is imputing motive » (Le PM lors de la PNQ)

« There are some who are servile or subservient » (Réplique d’Arvin Boolell à l’intervention du ministre Ganoo sur un Point of Order)

« The allegation does not form part of the question » (Pravind Jugnauth au sujet du transfert de Rs 20 M d’Alan Govinden à Londres)

« It’s alleged. You don’t have any proof. Don’t come under the cloak of parliamentary immunity to accuse the Prime Minister » (Le Speaker)

« There is not even an iota of evidence (against me) » (Le Premier ministre justifiant l’ICAC sur les enquêtes)

« If it pleases errand boy and servile boy, I will withdraw » (Arvin Boolell suite à un Point of Order du ministre Lesjongard)

« There was no need to come out with a communiqué for the general public » (Le ministre des Utilités publiques sur la fuite d’huile lourde du réseau du CEB à Fort-William)

« It’s an interesting proposal. We’ll look into it »  (Le ministre Soodesh Callichurn à Joanna Bérenger sur la formule de congé à la naissance de bébé en vigueur en Finlande)

« This is not a criminal offence. This is contrary to the code of practice » (Le ministre de la Santé sur les certificats de complaisance émis par des médecins)

« They are supposed to follow the guidelines. They did not follow the guidelines » (Le VPM Husnoo sur les placements de Rs 87,75 millions de la municipalité de Curepipe à la BanyanTree Bank)

« It looks like a ponzi to attract people, to attract customers » (Aadil Ameer Meea sur les intérêts de 4,45 % offerts par BanyanTree Bank)

« Why keep on with the same operator? » (Reza Uteem devant la seconde série de fraudes sur les déchets de Mare-Chicose)

DÉPENSES

 

2014-2019 : 93 missions

de l’opposition à Rs 8 M

Les députés de l’opposition ont effectué 93 missions à l’étranger de 2014 à 2019 au coût de Rs 8 millions. C’est ce qu’a répondu le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à une question de la députée du gouvernement, Subhasnee Luchmun-Roy. Ces voyages sont approuvés par le bureau du Speaker, par le ministre des Finances aussi bien que par le Premier ministre. Cette somme représente les frais des billets d’avion alors que dans certains cas les voyages ont été sponsorisés par les pays hôtes. En 2014, alors dans l’opposition MMM, Joe Lesjongard avait effectué trois voyages au coût de Rs 256 560 et Steven Obeegadoo, deux, s’élevant à Rs 162 371.
En 2015, les déplacements d’Aadil Ameer Meea et de Veda Baloomoody sont les plus coûteux, soit Rs 438 063 et Rs 294 573 respectivement. L’année suivante, les sept déplacements de l’ancien député Veda Baloomoody se montent à Rs 669 317 et les quatre missions de Franco Quirin sont chiffrées à Rs 205 780. Ce dernier est celui dont les billets d’avion se situent à Rs 210 625 en 2017 mais ce sont les déplacements de l’ancien PMSD Guito Lepoigneur qui le surclassent, soit Rs 215 500. En 2018, on avait dépassé la barre des Rs 2 millions pour ces déplacements d’un total de 17 députés, avec plusieurs d’entre eux « with no cost to government ».
Les six voyages de Veda Baloomoody ajouté aux cinq de Franco Quirin et les quatre missions d’Osman Mahomed sont ceux qui dominent le coût total des billets d’avion, soit Rs 2 021699.
En 2019 ce sont les déplacements de Franco Quirin chiffrés à plus de Rs 450 000, soit trois et deux de Reza Uteem, Rs 232 875, qui sont les plus coûteux en termes d’Air Tickets. Pravind Jugnauth a aussi déclaré que les per diem ainsi que le budget dédié aux missions à l’étranger ont été revus à la baisse pour mieux gérer les dépenses publiques.

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