Bonheur, Prospérité!

INSELDAME

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Comme on a tout le mois de janvier pour se souhaiter une bonne année 2023, allons-y : santé, bonheur et prospérité! C’est la semaine de la grande rentrée. Le tourbillon des préparatifs pour reprendre le travail et l’école avec leurs rythmes soutenus de réveil à l’aube, de surveiller la rare fourniture d’eau et les annonces de pluies torrentielles, les embouteillages, budget des courses, cuisiner, etc. Et là, telle une petite formule de politesse, machinale, se souhaiter “santé, bonheur et prospérité » déborde déjà des emails professionnels, textos et messages.

Arrêtons-nous un moment sur ces vœux de la nouvelle année. Des trois, celui qui nous met une boule au ventre et suscite sincèrement un souhait qui se réalise, comme une prière secrète, c’est bien la prospérité. Prospérer, qui dans son sens d’origine veut dire être bien, se sentir en sécurité, être à l’aise. Que l’on prospère financièrement, physiquement, dans nos relations, émotionnellement ou spirituellement, nous éprouvons la paix et la confiance nécessaire pour nous faire naviguer dans nos circonstances.

Autres les prédictions de début d’année des astrologues et les analyses sombres des experts de l’économie et de la politique, les Mauriciens espèrent, rêvent, s’imaginent et se projettent. Tandis qu’on évoque encore plus d’instabilité internationale, la flambée des prix, l’achèvement (et non plus juste l’affaiblissement) du pouvoir d’achat, possiblement une nouvelle pandémie (histoire de mater les trop confiants), un observateur sudafricain m’a récemment fait remarquer que le mauricien est un peuple qui parle sans cesse d’avenir. Il constate son présent et planifie son futur et ce, peu importe les méthodes et la fondation de ses valeurs. Des fois il faut même al fer gete pour savoir ce qui se passera.

Que ce soit en se fiant à un poste dans la Fonction publique ou en se reposant sur une promesse de faveur pour un contrat alloué, graal de la stabilité et de l’enrichissement, grâce à l’affichage de ses couleurs politiques et de son travail de terrain, le mauricien (du moins certains mauriciens?) planifie son avenir. Il façonne l’avenir sur tous les fronts, il contribue aux cycles d’épargne ou sit entre collègues et voisins car c’est une façon d’économiser pour une construction, un mariage, les frais d’examens des enfants ou les études. L’avenir est crédible, assuré et certain lorsque l’on est capable de se faire de l’argent, (voire de l’argent facile?). L’argent devient crédible quand il permet de réaliser ses projets et quand on parvient à mesurer des quantités satisfaisantes pour la valeur d’un montant, le fameux value for money. On entend déjà les gens dire qu’ils ne font plus de lèches vitrines ou de balades dans les centres commerciaux de peur que les enfants ne réclament une friandise et que les parents s’essoufflent face aux prix des manuels scolaires et des uniformes. Le mois le plus long de l’année, janvier et ses ‘cinquante-deux jours ouvrables’. 

Revenons à la crédibilité de l’avenir ou plutôt prophétie du futur? C’est ce que beaucoup, avec l’accélération des événements absurdes mais bien réels depuis 2020, revoient les écrits apocalyptiques (dans le sens de révélation) pour confirmer que nous sommes bien à l’ère des temps incertains. Nous trimons pour peu de choses et devenons presque insensibles face au déferlement de cas douteux et peu scrupuleux à tous les niveaux. Quand on pense avoir lu le fait divers le plus sordide ou assister à la parodie de démocratie la plus évidente, et bien il y a pire.  Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien. (2 Tim. 3). 

Des révélations, il y en a eu en 2022, en passant par des scandales de corruptions alléguées, aux crimes horribles et aux arnaques les plus osées. Dans tout cela, le mauricien est devenu cynique, blasé, et s’est surtout rendu compte qu’il ne changera pas le monde, qu’il peut soutenir un gréviste de la faim ou un activiste politique de tout son coeur cela ne le rendra pas plus prospère dans son environnement et ses besoins immédiats. Le mauricien a trop à perdre pour tout casser et pousser un coup de gueule, il sait qu’il ne changera pas un système mais atténuera peut-être juste ses symptômes.

Nous sommes nombreux à murmurer: “2022 Never again!” Quoi donc, cette année qui vient de s’écouler était-elle à ce point difficile? Nous avons essayé, nous avons en partie réussi et échoué dans nos projets.  Voyez-vous, la difficulté que l’on retient d’une épreuve n’est pas l’effort physique car ce qui reste c’est bien la souffrance morale et la douleur de l’âme. L’année 2022 a-t-elle donc été dévoratrice du bonheur du cœur, de la santé de l’esprit et de la prospérité de l’âme? Et que dire de 2023 qui démarre, si ce n’est qu’elle sera une année qui poussera les limites de l’insupportable et de l’inquiétant. Serions-nous tels des moutons poussés vers l’entrée de l’abattoir 2023 anxieux mais résignés?

Qui aime la connaissance désire être corrigé, qui déteste les réprimandes n’est qu’un sot, (Proverbe 12) alors voici trois leçons pratiques et correctrices de 2022 qui peuvent nous aider à prendre la vague de la prospérité en 2023. « MERCI. POUR QUI. JE SUIS”. Répétez après moi, “Merci pour qui je suis”. Ne vous affolez pas, ce n’est pas un énième mantra de guru de l’épanouissement personnel. C’est tout simplement une introspection et un positionnement, naïfs certes, de ce que 2023 pourrait être dans la plus inconnue des circonstances. Il parait qu’il faut concevoir dans notre esprit ce que nous désirons, puis l’appeler à exister et la chose se manifestera. Merci pour qui je suis donc!

Merci. Cette gratitude qui ne consiste pas seulement à dire merci pour ce que nous avons reçu et pour ce qui nous est arrivé de bien et de bon, mais de passer de victime de nos circonstances à activateur de changement de notre histoire. Dit comme cela, ça paraît puissant et prétentieux. Être reconnaissant pour nos erreurs qui nous ont entrainé vers nos trébuchements; les sales coups, les trahisons et les jalousies qui nous ont fait nous sentir vulnérables; nos faiblesses et nos manques de jugement – c’est ce qui nous permet d’apprendre du passé afin de rectifier les décisions et les choix du futur. Que 2023 soit une année de la disposition du cœur à ne rien prendre pour acquis et des leçons apprises. Que l’humilité de discerner et le courage de surmonter soient renouvelés afin de se libérer de la tristesse et la blessure.

Pour qui? Ou pourquoi? La raison pour laquelle nous nous levons chaque matin est le fondement de notre désir de poursuivre notre route, d’être bien en tant que personne et dans ce que nous faisons. Examiner nos motivations est le début d’une sincérité envers nous-mêmes. Voulons-nous juste faire partie d’une bande de personnes à qui nous voulons ressembler? L’avis des autres et l’image que nous projetons sont-ils les facteurs déterminants de nos projets et de nos plans? Faisons-nous des choix pour plaire ou pour être? Quelle est l’émotion satisfaite lorsque nous avançons ou progressons dans la vie? Est-ce notre fierté ou notre contentement du devoir ou de rendre les autres heureux? Quel est le plus important : la sécurité, la reconnaissance ou l’accomplissement? Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse et elle peut évoluer avec l’âge. Que 2023 soit l’année des véritables motivations, de la foi qui est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas.

Je suis. Qui nous sommes relève d’un exercice infini, toutefois qui nous sommes c’est ce qui détermine notre dimension du bonheur et de la prospérité. Peu importe si nous sommes parents, enfants, employés ou chômeurs, seuls ou mal accompagnés, nous ne pouvons atteindre le bonheur et le bien-être si nous chassons le rêve des autres. Nous n’aurons probablement pas tout ce que nous désirons et nous perdrons peut-être face à certaines de nos épreuves. Nous ne sommes pas tous des héros ou des personnes accomplies à tous les niveaux, mais nous pouvons formuler notre propre recette d’être et être bien. Que 2023 soit l’année de la paix non pas comme celle que le monde donne. Que nous développons la capacité de nous ressourcer et à méditer pour calmer l’anxiété. Il parait que prier est un dialogue avec le Tout Puissant, et non pas un monologue.

La clef de la prospérité serait-elle de mourir à soi-même pour devenir une créature délivrée de ses anciens réflexes, capable de comprendre qu’elle ne contrôle pas les intempéries tout en s’accrochant à la sauvegarde de l’état de l’esprit et de l’âme. Et si l’on arrive en 2023, un geste et une parole à la fois, à préserver la bienveillance, la générosité et l’amour alors que la tempête s’annonce.

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