Budget 2023-24 – Debrief samedi – Padayachy : « Pas de dépréciation, l’inflation est importée » 

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a, lors d’une session de Debriefing avec la presse, organisée dans les nouveaux locaux de l’Economic Development Board, à Ébène, samedi , défendu avec force le fait que l’inflation n’est pas causée cette année par la dépréciation de la roupie, tout en affirmant qu’il n’y a pas eu de dépréciation de la roupie. Il s’est appesanti sur le fait que l’inflation est importée. Ce qui a amené le gouvernement à introduire des mesures sociales d’accompagnement afin d’assurer la protection des plus vulnérables, tout en assurant la bonne marche de l’économie.

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« Cette année, l’inflation n’est pas causée par le taux de change de la roupie. Au contraire, nous observons une appréciation du taux de change. L’inflation a été la plus élevée sur le plan international l’année dernière. Or, lorsque nous  importons un produit dont le prix est affecté par l’inflation, il ne sera pas moins cher à Maurice. Il y a eu une dépréciation à Maurice en 2020 et 2021 surtout. Elle a continué un peu en 2022 en raison d’un phénomène de rattrapage. Il faut reconnaître que nous n’avons pas atteint une pleine capacité au niveau du secteur touristique. Cependant, les agents économiques estiment que nous avons suffisamment de réserves et de devises. De plus, la Banque Centrale ne tolérera pas une politique spéculative concernant les devises », déclare-t-il.

« Il n’y a pas de dépréciation, mais le mouvement normal concernant une monnaie. L’inflation finale est une inflation importée. Si le prix d’un produit a doublé lors qu’il rentre à Maurice, cette augmentation se répercute sur le prix à Maurice », rajoute-t-il.

« C’est un processus normal de l’économie. Le taux d’inflation élevé est exceptionnel sur le plan mondial. Beaucoup de mesures sont introduites pour contrer cette tendance, y compris la hausse conséquente des taux d’intérêt. Cela n’est pas suffisant. Il y aura un temps d’adaptation d’au moins un an », soutient-il.

Le ministre Padayachy explique qu’en 2023 et au début 2024, le taux d’inflation sera « un peu élevé » et dépassera 5%, comme le prévoit la Banque mondiale. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et ne rien faire pour la population. C’est la raison pour laquelle nous avons introduit une série de politiques économiques pour accompagner différentes couches sociales. En même temps, il a fallu trouver différents moyens pour améliorer le potentiel économique. C’est la croissance qui est importante. Notre objectif est d’apporter plus de croissance économique », poursuit-il.

Au chapitre de la croissance,  Renganaden Padayachy souligne que l’économie a en outre rebondi très vite. « Nous avons réalisé un taux de croissance économique de 8,7% l’année dernière. Aujourd’hui, le pays dispose de réserves de l’ordre de USD 7,2 milliards. » Ainsi, selon lui, lorsqu’on redonne confiance à la population, cela améliore le potentiel économique.

« Nous avons préservé les secteurs touchés par le Covid. Nous avons préservé l’emploi et il n’y a pas eu de dévaluation, comme cela a été le cas dans le passé. Ce qui nous permet de continuer d’accélérer en 2023-24. Nous visons une croissance de 8%. Nous préconisons une amélioration de notre compétitivité fiscale. Nous travaillons à la mise en place de plusieurs nouveaux secteurs, en particulier ceux concernant la production de l’énergie renouvelable et de l’économie grise. Nous plaçons beaucoup d’espoir dans le Pharmatech et Meditech,  tout en assurant la préservation des anciens piliers à travers l’amélioration de leur potentiel », fait-il comprendre.

« Notre exportation s’est améliorée par Rs 100 milliards, malgré le fait que nous avons un million de touristes. Imaginons ce que sera le chiffre de l’export lorsqu’on atteindra 1,4 million de touristes », continue-t-il. Tout en se disant confiant que cela créera une dynamique économique qui profitera à tous les autres secteurs économiques et débouchera sur une croissance de 8% cette année.

« Avec un taux de déficit budgétaire à 3,9%, le pays se retrouvera avec une dette publique inférieure à celle fixée par le FMI, soit à 79%. Le FMI nous autorise à aller jusqu’à 90%. Nous comptons aller plus loin, avec pour objectif à moyen terme 60%. Ce qui nous permettra de préparer l’avenir et nous accorder une marge de manœuvre pour passer toutes périodes difficiles qui pourraient se présenter. Ainsi, avec un taux d’endettement de 60%, alors que nous pouvons emprunter jusqu’à 90%, nous disposerons d’un fonds de résilience de 30% du PIB », explique le ministre.

Plusieurs autres sujets ont été abordés lors de cette rencontre. Il a ainsi été question de la réforme des impôts sur le revenu et de l’abolition de la Solidarity Tax. Il estime que le poids de la fiscalité sera ramené à 20%, c’est-à-dire « à un niveau raisonnable pour attirer les investisseurs étrangers ».

Il a aussi parlé des mesures sociales, dont la garantie pour tout travailleur d’avoir des revenus de Rs 15 000 au minimum, « grâce aux allocations gouvernementales qui s’ajouteront aux salaires des employés concernés ».

Il a en outre évoqué l’aide accordée aux familles dans l’espoir que le taux de fertilité dans le pays puisse rebondir. Il s’est aussi attardé sur l’aide de Rs 20 000 accordée aux jeunes atteignant 18 ans. Ce qui a amené la presse à préciser que c’est l’âge où les jeunes obtiennent le droit de vote.

En conclusion, le ministre des Finances affirme que  « nous avons préparé un budget pour construire la résilience économique, sociale et environnementale, soit trois piliers de notre vie et sans lesquels personne ne pourrait vivre correctement. C’est à partir de là que nous développons notre budget, sans laisser personne sur la touche. »

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