Changement Climatique : La grande hypocrisie des géants pétroliers

Dr DIPLAL MAROAM

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Il n’est un secret pour personne que les phénomènes météorologiques ces jours-ci, tant au niveau national que global, deviennent de plus en plus fréquents et intenses avec des conséquences parfois inimaginables sur des populations entières. Au banc des accusés, le changement climatique dû à l’accumulation dans l’atmosphère des gaz à effet de serre, principalement, le dioxyde de carbone (CO2), libéré lors de la combustion des énergies fossiles, à savoir, le gaz naturel, le pétrole et le charbon.

Ainsi, dans le combat contre le changement climatique, il n’y a qu’une seule et unique solution efficace – la diminution des émissions du CO2 par une baisse drastique de l’exploitation des combustibles fossiles. C’est pourquoi tout engagement dépourvu d’ancrage clair en termes de réduction des émissions du dioxyde de carbone équivaudrait à jeter de la poudre aux yeux. Idem en ce qu’il s’agit des promesses de « neutralité carbone ». Planter des arbres, stopper la déforestation, par exemple, comme cela se fait actuellement en Amazonie et ailleurs, après le récent changement de régime au Brésil, constituent toujours des activités écologiques saines et crédibles mais l’on ne peut ainsi compenser pendant longtemps l’utilisation continue des énergies fossiles.

Personne ne peut plaider aujourd’hui l’ignorance devant le tribunal de l’opinion internationale par rapport au caractère nocif pour le climat et la planète de la combustion, à la surface, des hydrocarbures, extraits des entrailles de la Terre où se produisait la décomposition des vastes forêts qui couvraient le globe jusqu’à l’ère primaire et qui avaient été enfouies dans le sous-sol ou submergées lors de la période carbonifère, il y a environ 300 millions d’années, période durant laquelle l’ancienne énergie provenant de la photosynthèse du soleil avait été transformée en énergie stockée dans le pétrole. Quel que soit le type d’hydrocarbure, la combustion en présence de l’oxygène, génère 3 produits – le dioxyde de carbone, l’eau et la chaleur. En tant qu’un des principaux gaz à effet de serre, le CO2 contribue à réguler la température de la planète en piégeant les rayons infrarouges dégagés par le soleil mais réémis par la terre avec une longueur d’onde relativement plus grande.

En effet, sans les gaz à effet de serre, la température moyenne de la planète serait de -18ºC ; elle est aujourd’hui de +15ºC. Cependant, avec l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère due aux activités humaines insouciantes, le réchauffement devient de plus en plus aigu et persistant, provoquant, du coup, un sérieux bouleversement de l’équilibre écologique global. Les géants pétroliers ne peuvent continuer à jouer à l’autruche et pousser sous le tapis le danger que représentent leurs activités nuisibles et polluantes. Comme le dit si bien le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres lors du Forum de Davos le 19 janvier dernier : « Certains producteurs d’énergies fossiles étaient parfaitement conscients, dans les années 70, que leur produit phare allait faire brûler la planète mais ils ont fait peu de cas de leur propre science ». « Les responsables doivent être poursuivis », a-t-il martelé faisant manifestement référence aux cigarettiers et aux 246 milliards de dollars que ces derniers avaient accepté de payer en 1998 à 46 États aux États-Unis sur une période de 25 ans afin de couvrir les coûts engagés pour soigner d’anciens fumeurs.

Or, comble de l’ironie, les producteurs des combustibles fossiles et ceux qui les soutiennent continuent de se battre pour tenter d’étendre leurs activités économiques et professionnelles afin d’accroître leurs profits. Ainsi, ils combattent bec et ongles toute législation en faveur du climat tant au niveau local, régional que global et utilisent leurs puissantes influences dans le giron politique pour faire bouger les pions et parvenir à leurs fins. C’est, en effet, la collusion entre géants pétroliers et la classe dirigeante qui anéantit la confiance des ONG et des populations dans les États pour parvenir à un accord dans l’intérêt général des habitants de la planète.

Et ces jours-ci, des engagements climatiques obscurs visant un objectif de « zéro émission » de carbone sont devenus très tendances. Et cette tentative de « greenwashing » induit en erreur les consommateurs, investisseurs, régulateurs et des populations dans leur ensemble. Il est temps de lutter contre cette grande hypocrisie de la part des industriels et géants pétroliers. Car au nom de la croissance et des profits, tout ne peut être permis à leurs actionnaires et propriétaires. D’ailleurs, le 19 janvier dernier, l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM) a confirmé que les 8 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. Ce qui devrait inciter les multinationales à renoncer d’ouvrir, une fois et pour toutes, de nouveaux sites d’exploitation car, comme le souligne la jeune activiste écologiste suédoise, Greta Thunberg, « la place du pétrole est sous la terre et il doit y rester ».

                                                                                                                                             

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