CLASSIQUE ET JAZZ: Quelques moments de grâce sans la Traviata

Les différents lauréats de la bourse Brad Cohen sont revenus de leur séjour à l’étranger, ravis d’avoir pu assister très souvent à un grand choix de concerts classiques. 2011 confirme qu’à Maurice cet exercice est impossible !
2009 et 2010 avaient fait naître l’espoir de voir une grande saison lyrique mauricienne. 2011 a déçu cet espoir avec l’annulation de la Traviata prévue en octobre. Les mordus d’opéra et de lyrique ont dû se rabattre sur quelques concerts amateurs, du chant choral et de modestes récitals au cours de ce qu’il est finalement convenu d’appeler « la petite saison lyrique ». Pas assez de financement pour une formule encore trop coûteuse, notamment en raison de la rare disponibilité de l’orchestre du Cap, est un des arguments qui ont conduit Opera Mauritius à reporter l’événement à 2012.
L’organisateur Paul Olsen est en revanche particulièrement confiant pour la prochaine édition, fixée du 14 au 23 septembre qui sera, nous dit-il, beaucoup moins coûteuse pour diverses raisons sur lesquelles nous reviendrons.
Un des points mis en exergue par l’annulation de la Traviata était notamment le manque de sponsoring qui s’explique par une réorientation des affectations budgétaires liées au Corporate Social Responsibility. « Le CSR est venu tuer le principe du sponsorship culturel », clame haut et fort Paul Olsen, fondateur d’Opera Mauritius et président de la Fondation Spectacles et Culture. S’il convient de trouver facilement des financements pour de la formation musicale dans les quartiers défavorisés, c’est tout le contraire pour la production de spectacles et le soutien aux artistes. Bien que ça ne soit pas clairement affiché dans les règlements du CSR, la tendance de cette forme de sponsoring dirigé est de financer exclusivement les projets visant à soulager la misère.
Lors des dernières réunions du conseil d’administration de la Fondation Spectacles et Culture, des membres ont évoqué le souhait de fermer l’organisation créée initialement par Guy Lagesse, qui propose un soutien aux artistes et à la production de spectacle en fédérant les dons des entreprises mécènes. Les membres de la fondation constatent que l’item art et culture est devenu « superflu tant pour les entreprises que les autorités ». Président depuis 15 jours, Paul Olsen soutient que la fondation doit continuer ses activités mais en repensant son mode de fonctionnement, notamment sa façon de chercher des financements.
Nous avons tout de même connu quelques moments de grâce musicale cette année avec La nuit des virtuoses, venue en avril à Maurice après une première réunionnaise, le concert d’adieu que le prêtre pianiste Arnaud Blunat a consacré en juin à Franz Liszt à l’occasion du bicentenaire de sa naissance. Quelques mois après, le showroom Audi accueillait le virtuose Adam Gyorgy qui partage non seulement la nationalité de Liszt mais également son talent et son charisme ! Rares sont les auditeurs qui ne sont pas sortis conquis par ce récital.
Pour le conservatoire, 2011 a été l’année de West Side Story qui a été appréciée pour la partie musicale, mais nettement moins sur le plan chorégraphique. Inégal et caricatural sont sans doute les qualificatifs appropriés pour le spectacle familial Hansel et Gretel présenté fin juillet par l’académie d’Opera Mauritius au théâtre Serge Constantin. Ce sera l’unique création de l’année d’Opera Mauritius. Le vrai grand moment du jazz 2011 était le concert que l’harmoniciste Olivier Ker Ourio a donné début octobre avec ses musiciens et le batteur mauricien Jalill Auckbaraulleee à l’Institut français de Maurice, à la suite de la sortie de son album Magic tree.

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