Comme un chant d’espérance

GILLIAN GENEVIEVE

C’est le temps de l’incertitude, c’est le temps de l’angoisse, du repli sur soi comme du désir de l’autre ; c’est le temps de la contemplation, de l’aspiration au mouvement ; c’est le temps du repos, de l’ennui, du sommeil trop long, mais aussi du dialogue incessant avec soi dans une remontée de la mémoire, dans une confrontation radicale avec le présent, dans le temps de la rêverie qui émane de l’espérance.

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Oui, c’est le temps du trop-plein comme du vide ; c’est le temps de la méditation et du constat ; c’est le temps de la remise en question, du doute, des réponses à trouver. Mais, c’est aussi le temps de l’admiration : pour ces êtres qui soignent, pour ces êtres qui protègent, pour ces êtres qui décident, pour ces êtres qui cherchent ; pour ces hommes et ces femmes, souvent volontaires, qui se mettent entre le virus et nous par le biais des soins, des patrouilles, de la stratégie politique et de la science.

Je n’imaginais pas ce moment comme salutaire ; il est atroce de le dire, mais il l’est. Après des années, je me retrouve et je retrouve mes mots.

Mais, il s’agit de ne pas oublier le tragique. Alors il faut le dire, l’écrire, le nommer. Pour mieux le confronter, le vaincre.

Non pas pour affirmer la préséance de la condition humaine sur les forces de la nature, mais au nom de la survie. De l’espèce, de sa mémoire, de son destin.

À sa juste place. Ni plus bas. Ni plus haut.

Alors, j’écris ces mots comme un chant d’espérance. Malgré la peur. La laideur. La mort.

Je dirai malgré tout que cette vie est belle.

Au-delà des nuages et de leurs arabesques, au-delà du chant incessant des oiseaux, au-delà de ce silence qui nous fait redécouvrir la musique de l’essentiel, il y a aussi le spectacle fabuleux de l’homme qui se remet debout pour affronter le danger, l’homme qui s’oublie et qui, paradoxalement, par le biais de la distanciation sociale, se relie avec force et désespoir à l’autre.

On découvre, dans la solitude et le confinement, les traits de la destinée humaine : on est des êtres de bien, de lien et d’amour.

26.03.2020

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