Comment réussir une manifestation nationale…

– Réconcilier : BLD (B… li deor) et BZTD (B… Zot Tou Deor)

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Les Mauriciens ayant manifesté en soutien aux protestations réclamant le départ de Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) comme Premier ministre (PM) après le scandale du fiasco de la gestion de la crise Wakashio se rangent dans deux catégories :

ceux qui veulent le départ de PKJ à tout prix même si cela implique le retour de Navinchandra Ramgoolam (NR),

et ceux qui veulent le départ de PKJ et refusent le retour de NR.

Cette division – qui existe depuis le 29 août 2020 dans le mouvement citoyen –, s’est accentuée au lendemain du 13 février 2021 quand les leaders des PTR, MMM, PMSD, Reform Party ont simplement ignoré l’accord visant à obtenir le soutien de la plateforme citoyenne menée et voulue par Bruneau Laurette. Cet accord prévoyait qu’un comité mixte – regroupant des citoyens et des parlementaires – siège pour produire un rapport sur les changements constitutionnels souhaités et nécessaires pour que notre démocratie respire et vive à nouveau.

Mais le 15 février 2021, les partis de l’opposition parlementaire se disputaient la position de « Leader de l’opposition » ! Et ce, alors que la manifestation du 13 février 2021 avait été un succès grâce au soutien de

milliers de Mauriciens qui se sont mobilisés pour réclamer le départ du gouvernement MSM/ML. Bruneau Laurette, Aman Ramchurn, moi-même et d’autres avions rencontré le Dr Arvin Boolell – qui était encore le « Leader de l’opposition » – pour le convaincre de ne pas ignorer l’accord que nous avions et qui engageait l’opposition parlementaire à travailler avec la plateforme citoyenne regroupant citoyens, ONG et partis politiques extra-parlementaires en vue de définir les contours d’une réforme en profondeur de notre système politique.

Depuis quelque temps déjà les plus avertis sentent se réduire le champ des libertés fondamentales à l’île Maurice. Qui a oublié les promesses de « Freedom of information Act », les modifications apportées à l’ICTA par les deux précédents régimes, et plus

récemment encore l’intervention sur le câble « SAFE » autorisée par le PM? C’est la cause de la méfiance des BZTD – qui constatent de surcroît que les partis institutionnels sont aux abois. Les BZTD sont aussi conscients que si l’on souhaite sauver notre république et notre démocratie de la faillite politique, diplomatique, économique et sociale il faut que les partis institutionnels laissent la place à des idées nouvelles portées par de nouvelles têtes.

La question est de savoir comment notre pays traversera-t-il cet évènement politique où pour la deuxième fois de son histoire une élite de la classe moyenne propose une réforme en profondeur de notre système étatique. Sera-t-elle ignorée par la classe dirigeante une fois de plus?

En 1920, le mouvement rétrocessioniste

réclamait que l’île Maurice soit restituée à la France car la culture dominante à l’époque était française. Culture dont les porte-étendards, l’oligarchie sucrière, siégeaient en majorité au conseil du gouvernement, et ils n’ont jamais soutenu ce mouvement. Il faut dire qu’à cette période le prix du sucre était meilleur au sein de l’Empire britannique et assurait de plus gratifiants bénéfices.

Nous sommes parvenus à ce moment de vérité qui nous place dans le microscope de notre histoire qui, plus tard, jugera du bien-fondé des choix faits et de leurs conséquences. Les rétrocessionistes sont aujourd’hui incarnés par ceux qui pensent qu’il est temps d’en finir avec les divisions pour se rassembler derrière notre identité nationale, TOUS MAURICIENS. Le

mauricianisme étant cet ensemble universel qui regroupe les BLD et les BZTD, mais aussi tous les autres. L’oligarchie sucrière – qui détenait alors également le pouvoir politique – a maintenant été remplacée par le MMM, PTR, PMSD, RM, MSM, ML pour ne citer que ceux qui sont présents au parlement et qui incarnent le système. Vont-ils, eux aussi, tourner le dos aux mouvements politiques et citoyens ?

Le LPM s’est construit sur des revendications fortes avec des engagements précis comme la limitation du nombre de mandats, le référendum d’initiative citoyenne ou encore l’abolition des pensions à vie dont la seule contrepartie est d’avoir siégé comme député pendant deux mandats. Des mesures fortes qui donnent le ton de l’orientation politique revendiquée par les

milliers de Mauriciens qui sont descendus dans la rue. Les manifestants demandaient que l’État assure une répartition plus équitable de ses finances. Que les recommandations du rapport de l’Audit, par exemple, soient prises en compte ! Pour atteindre un tel objectif, il faut un meilleur contrôle des dépenses. Le scandale « Molnupiravir » est là pour nous rappeler que notre voix n’est pas entendue. Les « Boards of Directors » se taillent toujours la part du lion malgré leur échec comme tel est le cas à Air Mauritius ou aux Casinos de Maurice ou à la STC, voire à Landscope, entre autres.

Mais il semble que les partis de l’opposition ne sont pas prêts pour ce genre de réforme économique et politique.

C’est précisément là que se cristallise le fossé entre ceux qui veulent BLD et ceux

qui souhaitent BZTD. Pour réussir une marche citoyenne qui aura pour conséquence le départ de PKJ, il faut que les partis institutionnels s’engagent, dans leur discours, leurs comportements et décisions, dans la direction d’une réforme en profondeur de notre système politique. Il faut qu’ils accordent plus de sérieux aux questions portées par les citoyens qui descendent dans la rue, parmi lesquels 37% d’indécis qui veulent choisir le changement de système mais qui ne le feront pas si les partis qui le réclament ne sont pas capables de proposer de nouvelles têtes avec de nouvelles idées qui s’y trouvent.

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