CONFÉRENCE RÉGIONALE : Le non-respect de la dignité humaine mis en exergue

Une quinzaine de délégués des organisations du Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens océan Indien sont réunis depuis mercredi au Thabor pour discuter sur le thème « Les conditions de vie et de travail des migrants dans les îles de l’océan Indien ». Rencontre que les organisateurs qualifient de très positive et qui donne l’occasion aux représentants de toutes ces îles de lancer un pressant appel pour le respect de la dignité humaine de ces migrants.
Ce séminaire régional à Maurice fait partie d’un plan d’action international élaboré par le Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens (MMTC) en 2009 autour de la question des migrants et sur le thème « Les travailleurs migrants et la mondialisation – ouvrons l’avenir pour un monde plus solidaire ». Les dirigeants du MMTC ont recommandé la tenue des séminaires régionaux dans les différents continents en 2011 pour approfondir la question des migrations et leurs conséquences à la fois dans chaque pays et dans l’ensemble de la région. « Le but des séminaires est d’obtenir au travers du vécu et des actions des mouvements, une vision globale des situations des migrants à travers le monde », expliquent les responsables de la Ligue Ouvrière d’Action Chrétienne à Maurice.
Les travaux du séminaire prendront fin demain après-midi. Jean-Claude Tolbize, coordonateur pour les îles de l’océan Indien, exprime déjà son entière satisfaction des échanges qui ont eu lieu pendant ces trois derniers jours. « Nous avons entrepris un travail énorme et nous avons pris du temps pour écouter avec attention et sans être bousculé par le temps ce que les délégués de chaque pays avaient à dire. Quand nous avons abordé la situation à Maurice nous avons trouvé que le sort subi par les migrants est une atteinte à la dignité humaine. Les conditions d’hébergement ne cadrent pas avec les droits humains », dit-t-il au Mauricien.
S’agissant de la situation à Maurice, selon l’analyse des membres de la LOAC, à partir d’un constat sur le terrain, le nombre de migrants grossit d’année en année et les travailleurs viennent principalement de Chine, de l’Inde, de Bangladesh, de Madagascar, de Rodrigues et de l’Afrique. On les rencontre dans les secteurs de la construction dans les usines de textiles, les boulangeries, les petites entreprises de meubles et certains petits hôtels affectés à la buanderie. Certains sont des employés de maisons. Selon les témoignages recueillis par les membres de la LOAC, un travailleur migrant travaillerait 72 heures par semaine. Mais le plus attristant et révoltant serait les « conditions inhumaines » dans lesquelles ils vivent. « Notre regard sur les migrants est un regard humain et solidaire car ces hommes et ces femmes ont quitté leurs familles dans l’espoir d’un avenir meilleur car leur situation de vie dans leur pays est très difficile. Leurs situations de vie et de travail à Maurice sont parfois inhumaines, ils sont exploités et nous constatons qu’il y a aussi la prostitution », soutient Désiré Pondard, responsable national de la LOAC dans son rapport présenté lors de ce séminaire régional.
Selon le coordonateur pour les îles de l’océan Indien, les délégués mauriciens se sont attardés surtout sur le sort des migrants venant Rodriguais. Il y aurait un « exode massif » des habitants de l’île vers Maurice. Jean-Claude Tolbize estime à près de 20 000 Rodriguais qui ont quitté leur maison pour venir chercher du travail à Maurice. « Dan Rodrigues zot ena zot lacaz me se manze ki zot pe bizin e se pourkwa ki zot vinn Moris », poursuit-il.
Les organisateurs du séminaire régional affirment que chaque délégation soumettra un rapport des travaux aux autorités de leur pays respectif. À Maurice, une copie sera envoyée au diocèse de Port-Louis, au gouvernement et à l’Assemblée régionale de Rodrigues.
Les participants réclament des politiques un développement économique local qui soit plus équitable et plus juste ; le droit des migrants à la santé, à l’éducation, à la protection sociale, au logement, à la citoyenneté, au travail avec un statut identique à celui des travailleurs du pays d’accueil ; la défense des droits des travailleurs et en particulier un travail décent qui respecte la dignité des femmes et des hommes et leur permet de vivre décemment.
Les organisations du MMTC continueront à mener des actions pour aider les travailleurs migrants.
 

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