CONSTAT – PRB – de l’incohérence à l’injustice

Dr DIPLAL MAROAM

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Dans la conjoncture actuelle, alors que le pays se remet lentement des plaies de la Covid-19, le combat contre l’inégalité et le déséquilibre social revient au centre de l’actualité, propulsé par la publication du 9e rapport du PRB. Malgré toute la bonne volonté affichée jusqu’ici par le gouvernement en vue d’amortir les conséquences de la pandémie sur la vie quotidienne des citoyens – paiement du GWAS, SEAS, introduction des subsides sur des produits de consommation courante, etc –, il n’est un secret pour personne que, ces derniers temps, la fracture sociale s’est amplifiée et la précarité aggravée. Certes, l’ouverture des frontières le 1er octobre dernier a pour but justement de remettre sur les rails le train du développement économique – le tourisme représentant directement et indirectement quelque 25% de notre PIB – mais ce n’est certainement pas demain la veille qu’il atteindra sa vitesse de croisière. Hormis les contraintes sanitaires qui constituent un facteur dissuasif, les effets désastreux de fermeture des frontières du jour au lendemain continuent toujours à hanter les esprits des voyageurs et même les prévisions les plus optimistes indiquent une période de pas moins de trois ans avant que le secteur puisse se remettre debout. Et là aussi à condition que d’autres crises, pas nécessairement sanitaires mais également économiques, sécuritaires ou écologiques ne viennent, entre-temps, jouer au trouble-fête.

Pour remettre l’ascenseur social en marche, il n’y a pas 36 solutions. Le rôle de l’État est primordial et, dans ce contexte, le dernier rapport du PRB aurait dû servir d’instrument de base pour tenter de réduire, autant que faire se peut, l’écart entre les deux extrémités de l’échelle sociale. Mais ce n’était que peine perdue, qu’une opportunité loupée. Le ratio salarial de 1:6,2 mentionné dans le rapport n’est que de la poudre aux yeux. Personne n’est dupe. Car entre un salaire mensuel de Rs 10,250 pour le petit fonctionnaire (General Worker) et de Rs 213,250 pour le chef de la Fonction publique, le ratio réel est on ne peut plus parlant. Certes, le rapport ne concerne qu’environ 20% de la masse salariale du pays mais si nos dirigeants ont réellement pour objectif d’assainir les conditions socio-économiques et, en même temps, les relations industrielles dans le secteur professionnel, ils se doivent de prendre les décisions qui s’imposent afin que les conditions d’emploi et la politique salariale dans le privé soient également régies par un mécanisme structuré, fiable et régulier comme tel est le cas dans le public. Beaucoup d’ailleurs n’ont même pas souvenir de la dernière réunion du NRB concernant le privé.

Or, un gouvernement digne et responsable ne peut permettre l’existence d’un monde du travail  à deux vitesses incarné par deux classes de travailleurs, l’une privilégiée avec sécurité d’emploi, révision salariale régulière, promotions tant verticales qu’horizontales, contribution au fonds de pension, conditions faramineuses concernant, entre autres, fringe benefits incluant passage benefits, voitures hors taxes, etc – à propos, davantage de fonctionnaires, selon le rapport du PRB, se retrouvent désormais dans la catégorie éligible à une voiture – et l’autre, représentant pourtant la grande majorité des travailleurs du pays, avec des conditions précaires, parfois même sans lendemain garanti, ce alors que c’est, directement ou indirectement, à partir de l’argent des contribuables dans leur ensemble que sont financées les recommandations du PRB en faveur des fonctionnaires. En outre, nul besoin de souligner que la poussée inflationniste qu’engendreront les Rs 6,5 milliards déversées en une année dans le circuit monétaire à partir de novembre prochain touchera davantage ceux se trouvant dans la précarité mais pourtant nullement concernés par le PRB. Or, laisser les codes d’éthique ou l’exigence de la conscience rétablir l’équilibre dans le secteur professionnel constituerait un refus pur et simple de la part de l’autorité centrale d’attraper le taureau par les cornes.

Ainsi, il est temps de rectifier cette flagrante incohérence pour ne pas dire injustice profonde car les inégalités engendrent instabilité et freinent toujours la croissance. Et notre croissance étant grandement tributaire de la consommation, il est impératif de rétablir le pouvoir d’achat de ceux au bas de l’échelle afin que tous les travailleurs de ce pays se retrouvent sur un pied d’égalité. C’est effectivement la croissance des inégalités qui constitue la menace la plus sérieuse à la démocratie.

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