Crever l’abcès et panser les plaies

Les signes sont bel et bien là. Le début de dérapage évité de justesse ce mercredi 20, tant à Camp-Levieux qu’à Pointe-aux-Sables, n’est qu’un “teaser”. « Pikchar abhee bakhee hai, mere dost. » Ce qui signifie, en grandes lignes, que le film n’est pas encore terminé. Il est même d’ailleurs loin de l’être, car on en est en plein dedans, tiens !

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Que le peuple descende dans les rues, que des émeutes finissent par éclater, que des familles entières aillent se coucher le ventre vide, que des enfants se rendent à l’école avec de maigres biscottes comme seule nourriture, que des mères et des pères de famille n’arrivent plus à rembourser leurs dettes, et encore moins fer komision pour nourrir les leurs, malgré qu’ils cumulent deux boulots… de tout cela, le gouvernement ne semble aucunement s’en soucier. Pourtant, à son retour au pays, le Premier ministre ne manquera pas de se fendre, devant caméras et micros, qu’il a sincèrement à cœur le bien-être des Mauriciens. Que son gouvernement et lui se soucient prioritairement de… nous. Qu’ils triment tous, matin et soir, pour être au service de la nation.

Alors, comment expliquer que la cascade d’augmentations ne soit pas sertie de mesures sociales ? Un registre social existe, où sont identifiés les foyers les plus affectés par la précarité. Liste de données qui, nous espérons, est régulièrement mise à jour, surtout ces dernières années !

Cela fait bien plusieurs mois que les observateurs sociaux, les syndicats et la société civile, autant que l’opposition parlementaire et extraparlementaire, et les médias, tirent la sonnette d’alarme. La crise sanitaire, forte de ses deux confinements, le conflit russo-ukrainien, le tout ajouté aux perturbations répercutées sur le plan mondial, qui affectent grandement les prix des aliments et des médicaments, et d’une foule de produits et commodités, tout cela a grandement chamboulé le cours de la vie partout autour du globe. Mais ce n’est pas pour autant que les gouvernements étranglent leur peuple !

Des pays, dirigés par des politiques soucieux de la qualité de vie de leurs populations, mettent en place des projets et des plans afin qu’aucun enfant n’aille ni dormir ni à l’école l’estomac vide. Des mesures, comme l’allocation de Vouchers, des Food Stamps, par exemple, sont monnaie courante, même dans des pays dits puissants et riches. Est-ce sorcier pour le présent gouvernement qui dirige l’île Maurice d’élaborer des réponses, même temporaires, similaires ?

Depuis 2020, plusieurs entités sociales soutiennent des projets de culture, de transformation et d’empaquetage de produits alimentaires qui assureraient, à la fois, emploi et autosuffisance alimentaire. Mais pas un seul projet n’a été concrétisé, ni n’a reçu l’aval de l’État.

Peut-on attendre de ceux qui siègent au Parlement quelque acte de solidarité et de générosité ? Comme de faire don d’une partie des allocations et Benefits, ou pourquoi pas offrir un pourcentage des salaires ? Dans nombre d’entreprises locales, des coupures salariales ont été effectuées, sur une base volontaire pour la plupart, dans un élan de solidarité commun afin d’assurer les salaires de collègues et amis, et éviter ainsi des licenciements, dans bien des cas. Même des cadres en haut de la hiérarchie n’ont pas hésité à mettre la main à la poche. À situation d’urgence, des mesures d’urgence, en effet.

Ceux qui sont au bas de l’échelle sont toujours les premiers à trinquer quand des situations telles que le monde entier vit en ce moment arrivent. Est-ce bien le moment, dans le pays, d’organiser des assises sur la recherche et l’innovation ? Créer une industrie pharmaceutique ou investir dans la construction d’un hôpital ayurvédique sont-ils plus importants que nourrir des familles mauriciennes et trouver des plans d’aide afin de ne pas continuer à appauvrir davantage le peuple ? A-t-on encore le sens des priorités à l’Hôtel du Gouvernement ? Qu’attend-on pour se réveiller et quitter son petit nuage rose ?… Oups, orange !

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