Croire en un Silver Lining au Temple of democracy

Bientôt et très bientôt encore, la First Session de la Seventh National Assembly, issue du scrutin du 7 novembre 2019, fera partie de l’Histoire de la démocratie à Maurice. Depuis la première séance consacrée à la prestation de serment des Honourable Members en date du 21 novembre 2019 et ce, jusqu’à vendredi dernier, pas moins de 255 séances se sont déroulées au sein du Temple of Democracy.

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Une expression devenue si chère au Speaker, Sooroojdev Phokeer, que l’on aura tendance à occulter le fait que la personnalité politique, qui a remis en perspective cette expression, n’est autre que Narendra Modi en mai 2014 quand il a pénétré dans le Lok Sabha après son élection en tant que leader du BJP.

Et l’Histoire de la démocratie en Inde retiendra cette déclaration de Narendra Modi, à l’effet que “a new hope has arisen in the common man. This is the biggest significance of this election results. At the end of the day for whom is the government? It is for the poor.” Mais au cours de ces dix dernières années, le même Narendra Modi a connu un règne sans partage à la tête de ce qui est présenté comme la plus grande démocratie au monde.

Mais le 4 juin 2024, alors qu’il avait entrevu un nouveau retour au pouvoir, Narendra Modi a fait face à une autre réalité. L’électorat indien a décidé de lui retirer l’aura de la majorité absolue. Donc, il n’a eu d’autre choix que de descendre de son piédestal pour composer avec les autres. Cela, c’est au Nord du bassin de l’océan Indien.

Plus au Sud de ce même océan, probablement de manière plus modeste, le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa s’est résolu à s’engager dans des consultations pour former un gouvernement d’unité nationale. Son parti, l’African National Congress, ne bénéficie pas d’une majorité absolue.

Perdue au milieu de l’océan Indien, la république de Maurice s’apprête à se rendre aux urnes pour élire les membres de la nouvelle Assemblée nationale. Mais avant, pendant 43 heures, et sur deux semaines au moins, les Honourable Members seront engagés dans des débats consacrés à l’adoption du budget 2024/25.

Peut-on encore oser croire en un Silver Lining se dessinant au sein de l’hémicycle et redorant le blason de la démocratie, avec la voix de la minorité, protégée, voire valorisée ou encore privilégiée, face à des pratiques en démocratie, frisant ce même pouvoir absolu ? D’autres évoqueront des méthodes autocratiques.

En tout cas, les prochains débats sur le budget, dont l’adoption ne devra souffrir d’aucun déficit arithmétique parlementaire, se présentent comme un héritage des vertus de la politique à la jeunesse, loin du cercle vicieux des insultes et des invectives. Une dimension testamentaire que cette First Session of the Seventh Assembly ne présente autre chose qu’un chapelet d’expulsions et de suspensions, principalement des parlementaires de l’opposition, “for having disregarded the authority of the Chair and gross disorderly conduct”. Après ces débats sur le budget, il sera trop tard de croire que ceux qui sont concernés peuvent faire encore amende honorable. Oui, ils sont tous des Honourable Members.

Oui. Ne dit-on pas, pour reprendre cette répartie de Pierre Dudan, artiste complet, qu’ “il n’est jamais trop tard pour apprendre. Ne serait-ce que l’humilité.” Envers et contre tout, ceux fréquentant le Temple of Democracy ont la faculté de se ressaisir pour le bien de tous. Surtout en démocratie.

Mais dans la conjoncture politique, avec l’enjeu des prochaines élections générales se précisant, les plus cyniques diront que c’est peine perdue. Ils s’appuieront sur le fait qu’Arvin Boolell, qui fait son Comeback en tant que leader de l’opposition au Parlement, devra attendre jusqu’à mercredi prochain pour pouvoir venir de l’avant une Private Notice Question.

Pourtant, les séances parlementaires De Die in Diem, consacrées au budget, constituent une occasion pour des PNQs en début de chaque séance. Pour ce mardi 11 juin, date autant symbolique à Maurice en matière de démocratie parlementaire, le Business of the Day comprend l’adoption d’un budget supplémentaire avalisé par le cabinet depuis le 17 mai dernier.

Mais pire encore est le fait que ce mardi, pas de Question Time au nom de l’application des Standing Orders. Mais très probablement le mardi 18 aussi les Honourable Members seront encore privés de leurs privilèges avec ces procédures d’adoption du budget 2024/25.

Et comment ne pas se rappeler ce que l’ancien Premier ministre, Atal Bihari Vajpayee, avait déclaré au sujet de la plus grande démocratie, à savoir : “Governments come and go, political parties emerge and fade away. However, the essence of India and its democratic governance must remain constant. With this vision, the People’s Sovereignty Foundation was established.”?

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