Dilo lor fey sonz !

Il ne pouvait y avoir meilleure anticipation que cette illustration accompagnant la couverture par Le Mauricien, mercredi dernier, du rapport du Directeur de l’Audit,  Charajivsingh Romooah, sur la gestion des fonds publics pour l’exercice financier se terminant au 30 juin de l’année dernière. Vremem! Dilo lor fey sonz ! comme l’a si bien illustré Deven T.

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Un premier volume de 623 pages, avec un peu plus de 350 consacrées à aligner et illustrer les écarts et dérives en matière de gestion de fonds publics dans chacun des ministères et départements du secteur public et quelque 200 autres pages assurant le post-mortem des dénonciations des précédents rapports de l’Audit ; et surtout le suivi des mesures et recommandations en vue de remédier aux manquements et lacunes.

Le Directeur de l’Audit se fait un point d’honneur de rassurer que son mandat n’est pas seulement d’émettre des critiques à l’encontre des gestionnaires de fonds publics mais aussi de s’assurer que « satisfactory measures have been and are taken to ensure that resources are procured economically and utilised efficiently and effectively ».

Sans diminuer en aucune façon l’excellent travail, décortiquant chaque sou de dépenses publiques, entrepris par le personnel du National Audit Office, année après année, cet exercice s’avère être un Disk Reye. Le Public Accounts Committee, dont l’une des attributions porte sur le Follow-Up du rapport du Directeur des Vérifications aux comptes, réclame des pouvoirs accrus pour faire de la redevabilité un principe sacro-saint en matière de gestion publique.

Le dernier rapport de l’Audit met en exergue cette attitude de Dilo lor fey sonz en général, mais surtout dans un secteur des plus sensibles pour la population. Avec la pandémie de Covid-19 et ses séquelles, la population et surtout les autorités se rendent compte de l’urgence d’un service de santé publique répondant aux exigences de l’heure, et surtout au principe cardinal de Value for Money.

La Special Review du rapport de l’Audit se terminant au 30 juin dernier fait la démonstration sans commune mesure que nous sommes encore loin du compte. Bien loin du compte. La teneur de ces dix pages concerne le scandale de Molnupiravir avec la dose payée à Rs 79.92, soit à un prix huit fois et demie supérieur à celui payé la veille, Rs 9.30, pour le même produit par le même ministère.

Avec le même ministre et la même Senior Chief Executive à la tête. Et cela sans la moindre réaction au sujet de cette Discrepancy. C’était en novembre 2021.

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, avait levé le lièvre avec moult détails et dénonciations par voie de PNQ lors de la séance de l’Assemblée nationale du vendredi 10 décembre 2021. Bientôt, cela fera 400 jours que la Molnupiravir Saga a été dénoncée dans le sillage de son frère aîné, les Pack & Blister Ventilators, les Life Saving Drugs and Devices, face à la pandémie qui faisait rage.

Y a-t-il eu quelqu’un au ministre de la Santé, voire au sein du gouvernement, qui a levé le petit doigt entre-temps pour apporter des mesures correctives face à cette utilisation abusive des fonds publics sur le dos des patients ? Le départ à la retraite de la Senior Chief Executive de ce ministère, devant répondre des décisions entérinées, a été facilité de manière express au plus haut niveau de la hiérarchie du secteur public.

Pourtant, le rapport de l’Audit est venu montrer qu’il n’est pas sorcier d’établir que tout avait été mis en place, et avec préméditation, pour éviter que « these procurements (d’un peu plus de Rs 100 millions) to be made in accordance with law and that the contract prices to be fair and reasonable ».

Peut-être ce serait trop demander au ministère de la Santé de s’autoflageller ? Mais l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) n’a-t-elle pas initié une enquête illico presto en décembre 2021 avec des séances d’audition jusqu’à la veille de Noël de la même année?

Mais à peine la reprise du Nouvel An, tout a semblé se dégonfler comme une baudruche. Plus rien de probant. Motus et bouche cousue.

Peut-être que la Special Review de l’Audit sur la Molnupiravir Saga provoquera un sursaut non seulement du côté de l’ICAC pour exiger des comptes à ceux qui ont fauté pour des raisons ignobles. Force est de constater que l’ICAC dispose des ressources similaires à l’Audit pour détecter des pratiques frauduleuses, aussi subtiles soient-elles.

Mais surtout du côté de la Santé, où une remise en ordre de fond en comble se fait sentir de plus en plus car n’est-il pas vrai que des patients doivent attendre cinq ans pour obtenir un rendez-vous for Eye Surgeries en vue de voir plus clair car la Santé publique est vraiment malade? Et il faut le dire en privé…

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