« Dominer » !

C’est un mot très populaire dans notre jargon local. Très prisé, surtout en ces jours de post-confinement pour cause de pandémie, couplé aux épisodes désastreux du MV Wakashio et du tug Sir Gaëtan : « Gouvernman dominer ! » Un refrain entonné non plus seulement désormais par les syndicalistes, qui en ont fait une hymne au fil du temps, mais qui est repris en chœur autant par bon nombre de citoyens, tant dans les marches de contestations que dans d’autres rassemblements populaires.

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Et pour cause ! Les exemples de « dominer » affluent, actuellement… au point où, il faut l’avouer, qu’on ne sait par où commencer ! Est-ce le fait d’avoir passé, à la vitesse grand V et ce, en l’absence de l’opposition parlementaire, des lois relatives à la COVID-19, qui, entre autres, permettent aux patrons sans scrupules de virer leur personnel en invoquant la raison X et protéger leurs poches ? Est-ce d’avoir octroyé des contrats plus que juteux – pharaoniques conviendrait mieux –, à des sociétés initialement pas impliquées dans le commerce des médicaments, et que cela soit répercuté sur nos portes-feuilles, avec le scandale Pack & Blister, entre autres ? D’avoir nommé une arriviste de la maison orange au poste de directeur d’un établissement comme le MSB, au détriment d’une femme ayant les compétences du métier et ayant fait carrière dans ce domaine ?

D’avoir bulldozé et rasé les cases des squatters de Pointe-aux-Sables, Riambel et Malherbes en plein hiver, avec le froid extrême et les pluies incessantes, obligeant enfants et bébés à dormir à la belle étoile ? De n’avoir pas su gérer ni l’entrée inexpliquée jusqu’ici du MV Wakashio dans nos eaux territoriales ni son échouement, ce qui a résulté en une marée noire sans précédent et souillé pour des années, notre littoral du sud-est ? D’avoir, dans le même souffle, mis sur la paille des familles entières de cette région du pays ?

D’avoir une nouvelle fois fait preuve de mauvaise gestion avec le tug Sir Gaëtan, ce qui a fait trois morts et un disparu sur un équipage de huit personnes ? Que Rachna Seenauth, une citoyenne lambda, ait passé une nuit en détention aux Casernes centrales, pour avoir « share » une caricature du Premier ministre, tandis que Dhiren Moher – loin d’être un citoyen anonyme, car il a occupé et occupe toujours des postes importants sur l’échiquier social –, et un des administrateurs d’un groupe WhatsApp avec des « posts » à relent communal, s’en soit sorti moyennant une caution de… Rs 2 000 ?! Que des autorités aient, à J moins 48 heures, refusé à Live & Direk Entertainment et Natir Samarel le droit d’organiser le concert Reggae Sunsplash dans le « baz mistik Samarel », sous prétexte que « nepli gayn drwa organiz konser dan vilaz », une décision qui émane de qui et quand, on ne le sait…

Tous ces griefs, sans oublier que des milliers de Mauriciens n’ayant jamais voté en faveur du projet de Metro Express, sont contraints de voir leur voisinage et leur habitat carrément être détruit, dénaturé, massacré, sont obligés de la fermer ! Et dans la même veine, de quelle caisse provient l’enveloppe faramineuse remise à l’équipe de foot british Liverpool contre quelques malheureuses minutes de pub ? Serait-ce une fois de plus, ponction de la caisse des contribuables qui n’ont jamais été consultés ?

Trop de « dominer » finit par exaspérer, enrager et pousser à bout le Mauricien. Mais ce type d’agissement fait que, des quelque 100 000 citoyens qui sont descendus dans les rues, ces dernières semaines, le nombre ira, certainement, augmentant. Et ce n’est pas ce « huh » limite méprisant qu’a l’habitude de décocher Pravind Jugnauth dans ses conférences de presse en évoquant le mécontentement populaire qui aura la peau de la colère de la rue. Des mesures correctives sont attendues du gouvernement. Ce début d’octobre est doublement craint : à la fois, à cause de la réouverture progressive de nos frontières, avec le spectre de la COVID-19 toujours au-dessus de nos têtes, et le fait que notre pays soit désormais « blacklisted » sur l’échiquier financier mondial. Aret fer dominer, koumans pran kont !

HUSNA RAMJANALLY

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