Dr J. Nath Varma (Private Medical Practitioners Association) avance : « L’OMS avalisera le Covaxin dans un avenir pas trop lointain »

« Nos préférences personnelles pour un pays ou un autre ne devraient pas faire obstacle à une décision impartiale ! »

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Nombre de Mauriciens ont affiché une certaine appréhension quand le Comité national sur la COVID a annoncé, il y a quelques jours, que la campagne de vaccination se poursuivait, certes, mais avec un nouveau produit, le Covaxin, à la place du vaccin AstraZeneca. Le Dr J. Nath Varma, membre du comité scientifique de la PMPA (Private Medical Practitioners Association) monte au créneau pour « démystifier des préjugés et effacer les doutes qui perdurent dans l’esprit de nos compatriotes. » Dans l’entretien qui suit, le médecin donne des informations spécifiques sur le Covaxin dans le but de « rassurer les Mauriciens et aider à poursuivre la campagne de vaccination, qui est urgente et importante, dans notre situation actuelle. »

Nombre de Mauriciens se posent beaucoup de questions ces jours-ci, et de manière justifiée, sur le nouveau vaccin, le Covaxin. Quelle est votre observation ?
Toute discussion sur les risques de la vaccination doit être équilibrée par une appréciation des avantages bien établis des vaccins dans la prévention des maladies, des incapacités et des décès dus aux maladies infectieuses. Les vaccins sont rigoureusement testés et contrôlés et font partie des produits médicaux les plus sûrs en usage. Les effets indésirables graves sont rares et les décès dus aux vaccins sont extrêmement rares. Tout comme les autres médicaments, les vaccins sont développés, testés et réglementés de manière rigoureuse. En fait, ils sont encore plus testés que les médicaments non vaccinaux en raison du nombre plus élevé de sujets humains participant aux essais cliniques de vaccins !

Qu’en est-il du Covaxin, spécifiquement ?

Le sujet qui nous concerne, le Covaxin, est produit par Bharat Biotech et développé en collaboration avec l’Indian Council for Medical Research (ICMR) – National Institute of Virology (NIV), de renommée mondiale. Bharat Biotech produit au moins 18 autres vaccins que nous donnons probablement à nos enfants depuis des décennies, sans aucune objection. Covaxin utilise un système conventionnel bien établi et éprouvé de vaccins inactivés (similaire aux vaccins contre la grippe saisonnière, la polio, la coqueluche, la rage et l’encéphalite japonaise). Cette technologie a un historique sûr de plus de 300 millions de doses à ce jour. Les vaccins chinois utilisent la même technologie de base. Les essais de phase 3 pour évaluer l’efficacité, la sécurité et l’immunogénicité ont montré que le Covaxin avait une efficacité d’environ 81%. Au total, 25 800 bénévoles ont été impliqués. Parmi ceux-ci, plus de 2 400 volontaires avaient plus de 60 ans et plus de 4 500 souffraient de maladies associées.

Il y a une certaine appréhension quant au Covaxin et à d’autres vaccins qui ne proviennent pas d’Europe ou des pays occidentaux. Est-ce justifié ?
Il ne fait aucun doute que la médecine moderne est originaire de l’Ouest. Mais les temps ont changé. Il existe maintenant de nombreux autres ‘‘superpowers’’ ailleurs. Pouvons-nous sous-estimer la Chine ou l’Inde? L’Inde est la ‘‘powerhouse’’ des vaccins, produisant plus de 60% des vaccins mondialement. En ces temps modernes, nous ne pouvons pas mépriser la Chine, l’Inde ou la Fédération de Russie. Elles sont très avancées dans les domaines scientifiques. Les Seychelles ont utilisé exclusivement les vaccins chinois. Le Népal envisage d’utiliser le Covaxin et les vaccins chinois. De nombreux pays ont commandé les vaccins chinois. Le vaccin russe Spoutnik a été largement utilisé dans plus d’une douzaine d’autres pays.
Le Covaxin a été autorisé pour une utilisation d’urgence en Inde depuis le début de cette année, en raison de la grave situation liée à la COVID là-bas. Elle a récemment achevé ses essais de phase 3 et les données ont été récemment soumises à l’OMS. Les résultats de la phase 1 et phase 2 ont déjà été publiés dans le Lancet. Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a lui-même été vacciné avec le Covaxin le 1er mars. Comme d’autres parlementaires et hauts fonctionnaires. Évidemment, en étant sûr que le Covaxin est fiable! Personne ne sacrifierait la santé personnelle pour la vanité nationale !

Quels sont vos conseils à ceux qui hésitent et qui sont confus face à un amas d’informations, et souvent aussi de mauvaises informations ?
L’OMS finira par donner son approbation à tous les vaccins cités et à de nombreux autres vaccins d’autres pays et fabricants dans un avenir pas trop lointain. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas oublier que les trois vaccins actuellement approuvés par l’OMS ont reçu une « autorisation d’utilisation d’urgence ». Les situations spéciales exigent des décisions spéciales !
Certaines personnes, probablement de bonne foi, commentent le vaccin Covaxin sur les plateformes des médias sociaux. Nous ne pouvons douter de leur sincérité et de leur patriotisme. Cependant, sans une formation en médecine et en sciences, il est pratiquement impossible d’évaluer des situations médicales ou d’interpréter la littérature médicale. Et Internet n’est pas utile avec autant de ‘‘fake messages’’ qui abondent.
L’OMS décide à partir des données des phases 1, 2, 3 fournies par les fabricants. Dans le cas du Covaxin, les données de phases 1, 2 et 3 ont été fournies et sont disponibles. Je pense que nous avons ici l’expertise nécessaire pour examiner ces chiffres et parvenir à une décision indépendante. Il n’est pas nécessaire de spéculer davantage. Il faut faire de même en toute impartialité pour les vaccins chinois et le Spoutnik russe, et tout autre candidat. Nos préférences personnelles pour un pays ou un autre ou des considérations politiques ou autres ne devraient pas faire obstacle à une décision impartiale.

Quelles sont les avancées en ce qui concerne la Covaxin, à l’heure actuelle, à l’échelle mondiale ?
Les résultats ont montré une efficacité d’environ 81% dans la prévention de la COVID-19 chez les personnes sans infection antérieure, après la seconde dose. L’analyse indique également que les anticorps induits par le Covaxin peuvent neutraliser les souches variantes britanniques et d’autres souches hétérologues. Initialement, le Covaxin était censé être presque exclusivement réservé à la population indienne. La société a maintenant conclu un accord avec le développeur de médicaments américain Ocugen Inc pour la commercialisation du Covaxin aux États-Unis. Elle est en train de déposer des documents réglementaires pour approbation dans plus de 40 pays. Le Brésil a déjà commandé 20 millions de doses. La France a contacté l’entreprise via son ambassadeur en Inde pour obtenir des millions de doses du vaccin. Outre Maurice, les pays suivants recevront le Covaxin: Mongolie, Myanmar, Sri Lanka, Philippines, Bahreïn, Oman et les Maldives. La société porte ses capacités à 40 millions de doses et une troisième installation entre en production.

Quel est le but d’un vaccin ?
L’objectif de tout vaccin n’est pas d’offrir une protection totale à 100%. Il vise à donner une protection suffisante pour empêcher la personne de tomber gravement malade. Dans le cas de la COVID, un bon vaccin est celui qui prévient les symptômes graves et l’hospitalisation. Tout au plus, la personne peut ressentir une infection courante de rhume/grippe. Ce serait tout à fait raisonnable. En tenant compte de cela, tous les vaccins actuels de quelque source et pays que ce soit peuvent donner ces résultats.

Les vaccins peuvent-ils être comparés ? Est-ce que l’un est meilleur que l’autre ?
Chaque vaccin contre la COVID-19 n’est pas exactement le même qu’un autre. Aucune comparaison ne serait donc possible. Par exemple, le vaccin Astra Zeneca est un vaccin à vecteur viral : il utilise un adénovirus affaibli pour transporter le matériel génétique de la ‘spike protein’ du virus qui provoquera une réaction immunitaire. Le Covaxin contient un SARS-Cov-2 inactivé qui ne peut pas se répliquer. Il contient toutes les protéines d’origine qui provoqueront notre immunité. Les deux vaccins ci-dessus utilisent deux mécanismes différents pour arriver au même résultat: provoquer l’immunité de notre corps contre le virus de la COVID 19. D’autres vaccins peuvent utiliser des systèmes légèrement différents pour provoquer l’immunité.

Quelle est la signification de l’expression « taux d’efficacité » (efficacy rate) quand on en vient à évoquer un vaccin ?
Le taux d’efficacité est le pourcentage de réduction d’une maladie dans un groupe participant à un essai clinique. Il est différent de l' »efficiency rate’’. Ce dernier ne sera connu que lorsque le vaccin aura été utilisé pendant une longue période. Ainsi, le taux d’efficacité largement diffusé ne peut pas être utilisé pour comparer différents vaccins. Parce que tous ces différents essais ont été réalisés dans des conditions complètement différentes.
Au cours des essais cliniques, un groupe de personnes reçoit le vaccin tandis qu’un autre groupe similaire reçoit un placebo, une substance inactive. Ils sont ensuite envoyés dans la communauté pour vivre une vie normale. Après un certain temps, le nombre total de personnes infectées dans les deux groupes est déterminé. Si le vaccin est efficace, le nombre de personnes infectées sera beaucoup moins élevé dans le groupe vaccin que dans le groupe placebo. Cela détermine l’efficacité du vaccin.

Le mot de la fin…
On est amené à se souvenir du célèbre proverbe : « Tous les chemins mènent à Rome! » Cette philosophie est tout à fait pertinente pour tous les vaccins actuels ! Quelle que soit la voie, tous les vaccins mènent à l’immunité.

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